Politique, Monde

Cahiers de doléances des Gilets jaunes : Des archives oubliées en attendant des réponses

- Témoignage d'une France en crise, les cahiers de doléances remplis en 2018-2019 dorment toujours aux archives, sans réponse officielle.

Ümit Dönmez  | 11.03.2025 - Mıse À Jour : 11.03.2025
Cahiers de doléances des Gilets jaunes : Des archives oubliées en attendant des réponses

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Les cahiers de doléances ouverts lors de la crise des Gilets jaunes en 2018-2019 restent sans suite, archivés dans différents départements du pays, rapporte ce mardi La Voix du Nord.

Mis à disposition des citoyens dans les mairies afin de recueillir leurs revendications, ces carnets avaient rassemblé des centaines de milliers de contributions. À Lyon, ces « cahiers citoyens » ont été numérisés et peuvent être consultés aux archives du département et de la Métropole, sur présentation d'une carte d'identité. Certains documents restent cependant soumis à une dérogation pour des raisons de protection de la vie privée.

Les doléances reflétaient une France en crise : retraite à 60 ans, référendum d’initiative citoyenne, rétablissement de l'impôt sur la fortune, suppression du Sénat, baisse de l'immigration, amélioration du pouvoir d'achat ou encore accès à un logement décent. D'autres témoignages faisaient état de préoccupations plus quotidiennes : un habitant de Vaulx-en-Velin (Rhône) dénonçait ainsi la prolifération d’excréments de chiens sur les trottoirs, rendant la circulation des poussettes difficile.

Régine Guillet, qui avait rédigé une doléance en février 2019 avec son mari à l'attention du Président français Emmanuel Macron, espérait être entendue. Le couple plaidait notamment pour une meilleure prise en compte des petites retraites et une redistribution des aides sociales. « J’aurais aimé qu’on m’entende », confie-t-elle aujourd'hui, regrettant que le gouvernement ait eu « d’autres chats à fouetter ».

Certains citoyens avaient pris soin de laisser leurs coordonnées dans l’espoir d’une réponse personnalisée. « PS : réponse personnalisée souhaitée », écrivait ainsi Didier, un habitant de Marennes, qui n’a jamais reçu de retour, selon la Voix du Nord.

À ce jour, ces cahiers de doléances dorment dans les archives, sans qu’aucune annonce officielle ne vienne répondre aux préoccupations qu’ils renferment. Une mémoire oubliée d’une colère toujours présente.


- Mouvement des Gilets jaunes : déclenchement, blessures, mesures gouvernementales et déclin

Pour rappel, le mouvement des Gilets jaunes a débuté en novembre 2018, initialement en réaction à l'annonce par le gouvernement d'Édouard Philippe de l'augmentation de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), intégrant une composante carbone. Cette hausse devait entraîner une augmentation des prix des carburants à la pompe, notamment du gazole, ce qui a suscité une vive opposition, particulièrement de la part des automobilistes ruraux dépendant de leur véhicule pour leurs déplacements quotidiens.

Les manifestations hebdomadaires qui ont suivi ont souvent conduit à des affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre. Plusieurs milliers de personnes ont été blessées lors de ces manifestations, tant du côté des manifestants que des forces de l'ordre. Parmi les manifestants, on dénombre des blessures graves, notamment des éborgnements et des mains arrachées, souvent attribués à l'utilisation de lanceurs de balles de défense (LBD) et de grenades de désencerclement. Par exemple, Jérôme Rodrigues, l'une des figures du mouvement, a perdu l'usage de son œil droit en janvier 2019 à la suite d'un tir de LBD lors d'une manifestation à Paris.

Face à l'ampleur de la contestation, le gouvernement a annoncé des mesures économiques totalisant environ 17 milliards d'euros. En décembre 2018, une loi portant mesures d'urgence économiques et sociales a été adoptée, incluant une prime exceptionnelle de pouvoir d'achat, l'anticipation de l'exonération des heures supplémentaires et le rétablissement du taux réduit de la CSG (Contribution sociale généralisée) pour certains retraités. En avril 2019, des mesures supplémentaires ont été annoncées, telles que la réindexation des pensions de retraite sur l'inflation pour les montants inférieurs à 2 000 euros et une baisse de 5 milliards d'euros de l'impôt sur le revenu, ciblant principalement les classes moyennes.

Le mouvement a progressivement perdu de son ampleur à partir de la mi-2019. Plusieurs facteurs ont contribué à cet essoufflement, notamment la fatigue des manifestants, les divisions internes, la réponse sévère des autorités et les concessions économiques du gouvernement. De plus, l'attention médiatique et publique s'est tournée vers d'autres sujets, contribuant à la diminution de la mobilisation. Néanmoins, les revendications portées par les Gilets jaunes continuent de résonner dans le débat public, témoignant des fractures sociales persistantes en France.


Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.