"Cela me poignarde le cœur", réagit François Bayrou au témoignage de sa fille sur les violences à Bétharram
– Le Premier ministre dit avoir découvert avec stupeur les révélations de sa fille, restée silencieuse pendant près de quarante ans.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Premier ministre français François Bayrou a exprimé sa douleur et sa sidération ce mercredi 23 avril, en réaction aux révélations de sa fille Hélène Perlant, qui affirme avoir été victime de violences lors d’un camp de vacances organisé par la congrégation catholique Notre-Dame de Bétharram. « Cela me poignarde le cœur, même si c’est une affaire très ancienne », a-t-il déclaré à la presse.
« Qu’on ne l’ait pas su et que des dérives de cet ordre aient eu lieu, pour moi c’est presque insupportable », a poursuivi le Premier ministre, visiblement ému. S’il parle d’abord en père bouleversé, il affirme aussi prendre la mesure de cette affaire en tant que responsable public : « C’est aux victimes que je pense. »
Cité par BFMTV, l'entourage de Bayrou indique qu'il n’avait jamais été informé des faits avant leur révélation dans la presse. Il aurait appris la nouvelle en découvrant l’interview accordée la veille par sa fille à Paris Match, dans laquelle elle raconte les violences subies alors qu’elle avait 14 ans.
Dans cet entretien, Hélène Perlant explique être restée dans le silence pendant près de quarante ans. Elle confie ne pas avoir voulu accabler son père, souvent la cible d’attaques politiques : « J’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment », dit-elle. Pour elle, il ne s’agit pas d’un mensonge mais d’un « déni individuel et collectif ».
Son témoignage figure également dans le livre Le Silence de Bétharram, signé Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes, à paraître jeudi.
L’ouvrage rassemble de nombreux récits d’anciens élèves qui disent avoir été victimes de violences, parfois sexuelles, dans cet établissement religieux des Pyrénées-Atlantiques. Selon Esquerre, plus de 200 plaintes ont été déposées, bien que la plupart soient aujourd’hui prescrites.
Le nom de François Bayrou a récemment été évoqué lors des travaux de la commission d’enquête parlementaire sur cette affaire.
Un ancien gendarme a affirmé qu’un magistrat lui aurait parlé d’une possible intervention du maire de Pau dans une enquête judiciaire. Bayrou dément toute implication, assurant ne « jamais être intervenu dans une affaire judiciaire, pas une seule fois » au cours de sa carrière politique.
Il doit être entendu par cette même commission le 14 mai prochain. Selon son entourage, « le plus important, c’est que cette commission s’ouvre pour les victimes, et que la honte change de côté ».