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Chicago : les cas d’hostilité contre les musulmans et les Palestiniens en hausse de 97% depuis le 7 octobre

- "L’emploi, les crimes haineux et les écoles" sont les trois principales catégories des cas d'hostilité contre les musulmans et les Palestiniens, d'après Maggie Slavin, directrice des opérations du Conseil des relations américano-islamiques

Ayşe Betül Akçeşme  | 10.09.2024 - Mıse À Jour : 10.09.2024
Chicago : les cas d’hostilité contre les musulmans et les Palestiniens en hausse de 97% depuis le 7 octobre

Ankara

AA / Chicago / Ayşe Betül Akçesme

Le nombre de cas d’hostilité contre les musulmans et les Palestiniens a augmenté de 97% depuis le 7 octobre 2023, a annoncé Maggie Slavin, directrice des opérations du Conseil des relations américano-islamiques de Chicago (CAIR-Chicago).

Dans un entretien accordé à l’Agence Anadolu, Slavin est revenue sur l’attaque perpétrée contre un café palestinien, dans le quartier Uptown de Chicago, dans la nuit du 1er septembre.

Soulignant que cet incident n'était pas isolé, elle a signalé une hausse de 196 % des crimes de haine contre les musulmans et les Palestiniens depuis le 7 octobre 2023.

Slavin a précisé que l’objectif principal de CAIR est de défendre les droits des musulmans confrontés à la discrimination en raison de leur identité.

Elle a expliqué que le nombre de cas d’hostilité envers les musulmans et les Palestiniens a augmenté de 97 % depuis le 7 octobre, avec des hausses atteignant jusqu’à 200 % dans certains domaines spécifiques.

Elle a identifié trois principaux domaines où les incidents islamophobes visant les musulmans et les Palestiniens américains ont particulièrement augmenté, à savoir, l’emploi, les crimes haineux et les écoles.

“Nous avons surtout observé cela sur les campus en avril et mai 2024, lorsque les étudiants ont organisé des manifestations pour faire entendre leur voix en s’appuyant sur leurs droits constitutionnels. Nous avons constaté que certaines administrations universitaires ont réprimé ces manifestations, allant même jusqu'à arrêter des étudiants dans certains cas. Cette situation était extrêmement préoccupante pour nous”, a-t-elle déclaré.

Slavin a affirmé avoir reçu de nombreux appels d’étudiants concernant des traitements inappropriés de la part des services de sécurité et des départements de police des universités. Elle a également souligné des cas d’interactions inappropriés avec le FBI et d’autres autorités fédérales, comparant cette période à celle qui a suivi les attentats du 11 septembre.

“Nous recevons des appels du type : ‘Le FBI est à ma porte, que dois-je faire ?’. Nous n’avions jamais vu une telle situation auparavant. Bien que je travaille chez CAIR-Chicago depuis seulement un an, nos avocats m’ont indiqué que c’était très rare que les agents du FBI se présentent à la porte de quelqu’un. C’est une situation qui engendre une réelle inquiétude,” a-t-elle expliqué.

Slavin a également noté que le monde du travail n'est pas épargné par ces injustices, dans la mesure où de nombreux employés américano-musulmans subissent des répercussions pour avoir défendu les droits des Palestiniens sur les réseaux sociaux. “Nous avons même observé des licenciements dans certains de ces cas,” a-t-elle dit.

A l’exemple du “Nabala Café”, dont le propriétaire est un palestinien nommé Eyad Zeid, qui a été vandalisé dans la nuit du 1er septembre à Chicago, Slavin a noté une hausse de 196% des crimes de haine contre les musulmans et les Palestiniens depuis le 7 octobre.

Elle s’est ensuite penchée sur l’approche variable des autorités américaines face à ces cas.

“Parfois, le département de police est très coopératif lorsqu’un crime haineux survient ; dans d'autres cas, nous devons suivre l’affaire de très près pour leur faire accepter qu’il s’agit réellement d’un crime haineux,” a-t-elle déclaré, comme dans le cas du “Nabala Café”, où le département de police de Chicago estimait qu’il ne s’agissait pas d’un crime de haine.

À la question de savoir si les musulmans américains peuvent exercer librement leurs droits constitutionnels, Maggie a répondu : “Non, car la censure est très présente dans tous les aspects de la vie de la communauté américano-musulmane.”

Maggie a critiqué le fait que ceux qui défendent les droits des Palestiniens sont souvent qualifiés “d’antisémites” et que ceci est une approche malhonnête qui déforme la réalité.

“Le véritable antisémitisme, c'est-à-dire s’attaquer directement au judaïsme, constitue une menace pour nous et pour toutes les minorités," a déclaré Maggie, ajoutant que le fait de qualifier tout d’antisémitisme, réduit la gravité de ce concept.

Concernant l’impact de ces évènement sur les musulmans et les Palestino-américains de Chicago, Maggie a souligné : “C’est une question importante qui demande une compréhension approfondie de la réalité vécue par les musulmans et les Palestiniens à Chicago.”

Ainsi, elle a rappelé l’assassinat d’un enfant palestinien de 6 ans, Wadi Al-Fayoumi, par son propriétaire dans la banlieue de Plainfield, quelques jours après le 7 octobre.

“Cet événement a choqué tout le monde, et après ce meurtre, les gens sont devenus très tendus,” a-t-elle ajouté.

Maggie a affirmé que malgré les menaces, la communauté de Chicago reste “forte" et “résiliente”, que ce soit au travail ou à l’école. “Nous sommes résilients car nous sommes témoins de la situation à Gaza et en Cisjordanie, et nous voyons la résilience des Palestiniens face au génocide brutal auquel ils sont confrontés. Il serait déshonorant pour nous de ne pas être au moins résilients,” a-t-elle dit.

Enfin, concernant Aysenur Ezgi Eygi, l’activiste américano-turque de 26 ans tuée par balles par les forces israéliennes, vendredi dernier, Maggie a déclaré : “Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un accident, mais d’une attaque délibérée, car ses réseaux sociaux sont remplis d’activisme. Cela montre que même si vous êtes américain, si vous êtes musulman, les forces israéliennes ne se soucient pas de vous et peuvent vous tuer.”

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