AA / Chicago / Ayşe Betül Akçesme

Depuis le début de la semaine, un climat d’inquiétude planait sur certains quartiers de Chicago, notamment après le retour du président des États-Unis, Donald Trump, à la Maison Blanche, pour un nouveau mandat de 4 ans, et partant, l’application de ses politiques migratoires sévères.

C’est particulièrement le cas du quartier “Little Village”, un bastion de la communauté latino de la ville, où les habitants redoutent des raids imminents de la part des agents de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement), l’agence fédérale américaine chargée du contrôle aux frontières.

Ces opérations s’inscrivent dans le cadre de la politique migratoire du 47ᵉ président des États-Unis, Donald Trump, qui avait fait de la lutte contre l’immigration clandestine un pilier de sa campagne présidentielle, promettant « la plus grande opération d’expulsion de l’histoire ».

Lors de son discours d’investiture le 20 janvier, Trump avait clairement exprimé sa volonté de « renvoyer des millions d’étrangers criminels » dans leurs pays d'origine.

Traditionnellement démocrate et connue pour sa politique “sanctuaire” en faveur des migrants, la ville de Chicago se retrouve, aujourd’hui, sous le radar de la nouvelle administration. À Little Village, les rues sont désormais calmes et désertées. Des affiches “don’t open to ICE” (ne pas ouvrir à l’ICE) sont visibles dans les vitrines des commerces.

Selon la presse locale, la menace de déportations massives a provoqué une peur diffuse parmi les 400 000 migrants sans-papiers vivant dans la région. Nombre d’entre eux évitent désormais de se rendre au travail, gardent leurs enfants à la maison et se cachent, attendant l’issue des raids annoncés.

L’inquiétude s’est d’autant plus intensifiée, mardi, lorsque l’administration Trump a donné aux agents le feu vert pour effectuer des arrestations dans les écoles et les églises. Quelques heures seulement après son investiture, lundi dernier, Trump avait signé plusieurs décrets ciblant directement les migrants en situation irrégulière.

Tom Homan, surnommé le "tsar des frontières" et responsable de l’ICE sous l’administration Trump, avait largement préparé le terrain depuis plusieurs semaines.

Lors d’une interview sur Fox News, il avait déclaré : « Mardi, l’ICE va enfin faire son travail. Nous allons arrêter les criminels étrangers. Ce que nous disons à l’ICE, c’est que vous allez appliquer la loi sur l’immigration sans compromis. »

De plus, lors d’une visite à Chicago en décembre dernier, Homan avait déjà donné le ton en affirmant : « Nous allons commencer ici, à Chicago, dans l’Illinois. »

Le Wall Street Journal, dans un article publié le 17 janvier, révélait l’existence d’expulsions d'envergure, surnommées “Operation Safeguard”, prévues à Chicago après l’investiture de Trump.

Selon les informations publiées, ce raid devait débuter le mardi 21 janvier et se poursuivre jusqu’au lundi 27 janvier. Le journal indiquait que l’ICE avait prévu d’envoyer entre 100 et 200 agents pour multiplier les arrestations d’immigrants sans papiers dans la ville.

Cependant, dans une interview accordée au Washington Post le 19 janvier, Homan avait indiqué que l’administration envisageait de reconsidérer certains détails des raids à Chicago, affirmant que des informations avaient été « divulguées aux médias ».

Pour le moment, aucun raid d’envergure n’a été révélé, mais l’inquiétude reste vive, notamment concernant le sort réservé à ces migrants en cas d’arrestation.