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Chronologie : Ascension et déclin de l'ancien président du Pakistan, le général Pervez Musharraf

- Musharraf, 79 ans, qui a gouverné la nation sud-asiatique de 1999 à 2008, est décédé dimanche à Dubaï des suites d'une longue maladie

Ekip  | 05.02.2023 - Mıse À Jour : 05.02.2023
Chronologie : Ascension et déclin de l'ancien président du Pakistan, le général Pervez Musharraf

Pakistan

AA / Karachi, Pakistan / Aamir Latif

L'ancien président du Pakistan, le général Pervez Musharraf, est décédé, dimanche, dans un hôpital des Émirats arabes unis des suites d'une longue maladie. Il était âgé de 79 ans.

Celui qui a gouverné la nation sud-asiatique de 1999 à 2008, était sous traitement dans l'hôpital américain de Dubaï et est décédé dimanche au petit matin.

Il souffrait d'amyloïdose - une maladie rare qui provoque des lésions organiques - et avait peu de chances de s'en remettre.

La chronologie de sa carrière et des événements qui se sont déroulés pendant et après son règne se décline en plusieurs étapes.

6 octobre 1998 : Le général Pervez Musharraf est nommé chef d'état-major des armées à la suite de la démission de son prédécesseur, le général Jahangir Karamat.

3 mai 1999 : Déclenchement de la guerre de Kargil contre l'Inde, son rival traditionnel, qui s'est terminée le 6 juillet 1999.

12 octobre 1999 : Un coup d'État militaire sans effusion de sang permet à Musharraf de renverser le gouvernement de Nawaz Sharif, trois fois Premier ministre.

20 juin 2001 : Musharraf devient président du Pakistan à la suite d'un référendum controversé.

10 octobre 2002 : Il organise des élections générales dans le pays qui portent au pouvoir la Ligue musulmane du Pakistan-Quaid-i-Azam (PML-Q) et ses alliés.

3 novembre 2007 : Le président Pervez Musharraf déclare l'état d'urgence et suspend la Constitution de 1973.

Toutes les chaînes privées cessent d'émettre et seule la chaîne publique PTV diffuse la proclamation de l'ordre d'urgence qui mentionne "l'ascension visible des activités des extrémistes" comme raison de l'imposition de cette mesure d’exception.

28 novembre 2007 : Musharraf se retire de l'armée pour se consacrer à plein temps à la politique et confie le contrôle de l'armée au général Ashfaq Parvez Kayani.

29 novembre 2007 : Le général à la retraite prête serment en tant que président civil.

15 décembre 2007 : Le président Musharraf lève l'état d'urgence, révoque l'ordre constitutionnel provisoire et renoue avec la Constitution telle qu'amendée par des décrets présidentiels visant à valider les mesures prises pendant la période d'urgence de 42 jours.

Les juges de la Cour suprême, des hautes cours et de la Cour fédérale de la Charia prêtent à nouveau serment.

7 juin 2008 : Musharraf déclare qu'il n'a aucune intention de démissionner ou de s'exiler.

18 août 2008 : Après avoir dirigé le pays pendant neuf ans, le président Musharraf démissionne de ses fonctions, évitant ainsi la possibilité d'une procédure de destitution.

22 juillet 2009 : Dans un geste sans précédent, la Cour suprême appelle l'ancien président à justifier ses actions du 3 novembre 2007.

31 juillet 2009 : La Cour suprême déclare que la décision de Musharraf d'imposer l'état d'urgence, le 3 novembre 2007, ainsi que son ordonnance constitutionnelle provisoire étaient illégales et inconstitutionnelles. La Cour lui donne sept jours pour s'expliquer.

Le 6 août 2009 : Musharraf refuse de répondre aux accusations portées contre lui et quitte le Pakistan pour le Royaume-Uni.

8 juin 2010 : Les proches de l'ancien président lancent un parti politique - l'APML - dont Musharraf prend la tête.

22 mars 2013 : Musharraf bénéficie d'une garantie de liberté sous caution de 10 jours dans trois affaires très médiatisées.

24 mars 2013 : L'ancien président en exil rentre au Pakistan pour se présenter aux élections générales.

27 mars 2013 : Lors d'une audience portant sur le strict respect des articles 62 et 63 pendant les élections, l'avocat général AK Dogar fait référence à l'arrêt de la Cour suprême sur les actions de Musharraf le 3 novembre 2007. Lisant des extraits du jugement, il soutient que, en faisant fi de la Constitution, Musharraf a commis le crime de haute trahison.

29 mars 2013 : La Haute Cour du Sindh prolonge la liberté sous caution de Musharraf mais décide qu'il ne peut pas quitter le pays sans autorisation.

5 avril 2013 : La Cour suprême accepte de se saisir d'une requête visant à poursuivre Musharraf en vertu des sections 2 et 3 de la loi de 1973 sur la haute trahison.

7 avril 2013 : Le juge (Chief Justice) Iftikhar Muhammad Chaudhry se retire du collège de trois magistrats formé pour connaître de l'affaire de trahison contre Musharraf.

8 avril 2013 : La Cour suprême convoque l'ancien dirigeant militaire dans l'affaire de trahison qui le vise. La cour ordonne également au ministère de l'Intérieur de faire inscrire son nom sur la liste des personnes interdites de quitter le territoire.

18 avril 2013 : Musharraf s'enfuit des locaux de la Haute Cour d'Islamabad après l'annulation de sa demande de libération sous caution.

19 avril 2013 : Musharraf se présente devant un tribunal d'instance dans l'affaire de détention de magistrats. Sa résidence secondaire dans la banlieue de Chak Shahzad, à Islamabad, est considérée comme lieu de détention.

30 avril 2013 : La Haute Cour de Peshawar interdit à Musharraf de se présenter aux élections de l'Assemblée nationale ou du Sénat.

5 juin 2013 : Le juge de la Haute Cour d'Islamabad Shaukat Aziz Siddiqui se récuse pour ne pas statuer sur la demande de libération sous caution de Musharraf après son arrestation dans l'affaire de la détention des juges, invoquant une "campagne malveillante" contre lui "après que j'ai rejeté la libération sous caution avant l’arrestation du demandeur en avril".

14 juin 2013 : Le ministre de la Justice Zahid Hamid prend ses distances avec l'état d'urgence de 2007. Le ministre affirme qu'il n’était en aucun cas le complice présumé de Musharraf, puisque l'ordre de proclamation de l'état d'urgence venait de l'ancien président. Il nie également avoir eu des contacts avec Musharraf.

24 juin 2013 : Le Premier ministre Nawaz Sharif déclare à l'Assemblée nationale que son gouvernement va demander à la Cour suprême de juger Musharraf en vertu de l'article 6 de la Constitution.

18 nov. 2013 : La Cour suprême présidée par le juge (Chief Justice) Iftikhar Chaudhry accepte de mettre en place un tribunal spécial pour juger l'ancien président pour haute trahison.

19 novembre 2013 : Le gouvernement de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) introduit 5 chefs d'accusation de haute trahison contre Musharraf devant un tribunal spécial. Un collège de trois magistrats chargé de juger l'affaire est également formé.

12 déc. 2013 : Un tribunal spécial convoque Musharraf pour répondre aux accusations de trahison.

20 déc. 2013 : Dans une interview, l'ancien chef de l'armée demande "pardon" pour toutes les fautes qu'il a pu commettre pendant ses neuf années de règne.

2 janvier 2014 : Musharraf est transféré à l'hôpital après avoir souffert d'un "problème cardiaque" alors qu'il se rendait à l'audience d'un tribunal spécial sur l'affaire de haute trahison. Aucun mandat d'arrêt n'est émis à son encontre pour des raisons médicales.

Le 7 janvier 2014 : L'Institut de cardiologie des forces armées soumet le rapport médical de Musharraf à la cour, détaillant que l'ancien chef de l'armée souffre d'une "triple insuffisance coronarienne et de huit autres maladies."

16 janvier 2014 : Le tribunal spécial ordonne à l'Institut de cardiologie des forces armées de constituer une commission médicale chargée d'évaluer la santé de l'ancien président et de soumettre un rapport. Le conseil déclare ensuite que Musharraf est dans un "état critique" et recommande son traitement dans un lieu de son choix.

28 janvier 2014 : L'accusation se dit peu convaincue par le rapport médical sur l’état de santé de Musharraf et demande au tribunal spécial de convoquer le chef de l'Institut de cardiologie des forces armées pour un contre-interrogatoire.

7 février 2014 : Le tribunal spécial ordonne une nouvelle fois à Musharraf de comparaître dans l'affaire de trahison.

18 février 2014 : Après avoir évité 22 audiences consécutives, Musharraf comparaît enfin devant le tribunal, mais aucune charge n'est retenue contre lui car la défense fait valoir que l'affaire doit être entendue par un tribunal militaire.

21 février 2014 : Un tribunal spécial décide que l'ancien chef des armées ne doit pas être jugé par un tribunal militaire.

30 mars 2014 : Musharraf est inculpé pour trahison et plaide non coupable à tous les chefs d'accusation.

1er avril 2014 : Le gouvernement PML-N propose de faire venir par avion la mère malade de Musharraf au Pakistan depuis Sharjah.

2 avril 2014 : Le gouvernement rejette le recours de Musharraf visant à faire retirer son nom de la liste des personnes interdites de quitter le territoire.

3 avril 2014 : Musharraf demande à la Cour suprême de retirer son nom de la liste des personnes interdites de quitter le territoire, afin qu'il puisse se rendre à l'étranger pour rendre visite à sa mère malade.

7 avril 2014 : Le chef de l'armée, le général Raheel Sharif, rompt son silence sur le procès pour haute trahison de Musharraf, en déclarant que l'armée "préservera sa propre dignité et sa fierté institutionnelle" en réponse aux "préoccupations des soldats sur les critiques injustifiées à l'égard de l'institution (l'armée) ces derniers jours."

14 mai 2014 : L'Agence fédérale d'investigation déclare avoir des "preuves irréfutables" que Musharraf a illégalement imposé l'état d'urgence de 2007.

12 juin 2014 : La Haute Cour du Sindh annule l'ordre du gouvernement fédéral interdisant à Musharraf de voyager à l'étranger, jugeant que "pas un seul motif" n'était mentionné dans le document plaçant son nom sur la liste de contrôle des sorties.

13 juin 2014 : Le tribunal spécial rejette la requête de Musharraf qui souhaitait obtenir des détails sur les "complices" qui avaient suggéré, approuvé ou mis en œuvre l'état d'urgence du 3 novembre 2007.

14 juin 2014 : Le gouvernement saisit la plus haute juridiction contre la décision de la Haute Cour du Sindh autorisant le voyage de Musharraf à l'étranger.

23 juin 2014 : La Cour Suprême suspend le jugement de la Haute Cour du Sindh autorisant Musharraf à voyager à l'étranger jusqu'à ce qu'elle décide de l'appel en cours.

8 septembre 2014 : Les avocats de Musharraf mettent la main sur des preuves cruciales indiquant le rôle de Shaukat Aziz, alors premier ministre, dans l'imposition de l'état d'urgence en 2007.

15 octobre 2014 : La défense de l'ancien président demande au tribunal spécial un procès collectif de la totalité des collaborateurs de l'ancien président.

21 novembre 2014 : Le tribunal spécial ordonne au gouvernement fédéral de déposer à nouveau sa plainte dans l'affaire de trahison, en incluant cette fois les noms de l'ancien premier ministre Aziz, du ministre fédéral Zahid Hamid - qui était ministre de la Justice à l'époque - et de l'ancien juge (Chief Justice) Abdul Hameed Dogar dans l'acte d'accusation.

22 décembre 2015 : Musharraf déclare avoir invoqué l'état d'urgence après avoir consulté le général Ashfaq Parvez Kayani parmi d'autres dirigeants civils et militaires.

14 mars 2016 : L'ancien président demande une autorisation ponctuelle pour se rendre à l'étranger pour des raisons médicales.

16 mars 2016 : La Cour suprême ordonne le retrait du nom de Musharraf de la liste des personnes interdites de quitter le territoire, ce qui lui permet de se rendre à l'étranger pour se faire soigner.

18 mars 2016 : Musharraf part à Dubaï pour suivre un traitement médical, promettant de revenir dans sa "patrie bien-aimée" dans quelques semaines.

11 mai 2016 : Un tribunal spécial décrète que Musharraf est absent dans l'affaire de haute trahison qui le concerne.

Le 27 février 2017 : L'ancien président se lance dans une carrière d'analyste à la télévision.

10 nov. 2017 : Musharraf annonce une "grande alliance" de 23 partis politiques qui évolueront sous l'égide du Pakistan Awami Ittehad (PAI).

29 mars 2018 : Le tribunal spécial se dissout après que le juge Yahya Afridi se récuse dans l'affaire de haute trahison.

7 avril 2018 : Le juge (Chief Justice) Mian Saqib Nisar reconstitue le panel de magistrats chargés de juger l'affaire de trahison de Musharraf.

31 mai 2018 : Le ministère de l'Intérieur, se conformant aux ordres du tribunal spécial, demande à l'Autorité nationale des bases de données et des enregistrements et à la Direction générale de l'immigration et des passeports de suspendre la carte d'identité nationale et le passeport de Musharraf.

7 juin 2018 : La Cour suprême autorise Musharraf à se porter candidat aux élections à condition qu'il se présente en personne devant la Cour.

20 juin 2018 : Musharraf déclare qu'il était prêt à rentrer au Pakistan mais que l'ordonnance de la Cour suprême interdisant aux autorités de l'arrêter l'a fait changer d'avis.

30 juillet 2018 : Le procureur en charge de l'affaire de trahison contre Musharraf démissionne.

3 août 2018 : Le tribunal spécial décide de reprendre le procès -- bloqué en raison de l'absence de Musharraf du pays -- à partir du 20 août.

20 août 2018 : Invoquant des menaces pour sa vie, Musharraf demande à bénéficier de la sécurité présidentielle pour se présenter devant le tribunal dans l'affaire de trahison.

29 août 2018 : Le tribunal spécial est informé qu'Interpol a refusé de lancer un mandat d'arrêt international (notice rouge) pour le rapatriement de Musharraf des Émirats arabes unis, où il vit depuis 2016.

2 oct. 2018 : Le juge (Chief Justice) Mian Saqib Nisar interroge l'avocat de Musharraf sur le retour attendu au Pakistan du "courageux commando".

24 octobre 2018 : L'APML révèle que Musharraf souffre d'amyloïdose et a des difficultés à se tenir debout et à marcher.

19 novembre 2018 : La Cour demande à l'avocat de Musharraf de convaincre ce dernier de rentrer afin que l'affaire relative à la trahison puisse se poursuivre.

31 mars 2019 : la Cour suprême ordonne à Musharraf de se présenter devant le tribunal spécial dans l'affaire de trahison le 2 mai ou de perdre ses droits en matière de défense.

1er avril 2019 : la Cour suprême présidée par le juge Asif Saeed Khosa ordonne au tribunal spécial de poursuivre l'affaire de trahison sans la déposition de Musharraf s'il ne se présente pas dans le mois qui suit.

11 juin 2019 : La Cour suprême ordonne à l'Autorité nationale des bases de données et de l'enregistrement de débloquer la carte d'identité nationale informatisée et le passeport de Musharraf.

30 juillet 2019 : le procureur en charge de l'affaire de trahison contre Musharraf démissionne.

8 oct. 2019 : Le tribunal spécial décide que le procès pour trahison se tiendra quotidiennement à partir du 24 octobre.

24 octobre 2019 : le gouvernement du Pakistan Tehreek-e-Insaf congédie les procureurs dans l'affaire de trahison.

19 novembre 2019 : Le tribunal spécial conclut ses procédures dans l'affaire de haute trahison contre l'ancien responsable militaire, indiquant qu'un verdict sera prononcé le 28 novembre.

23 novembre 2019 : Musharraf dépose une requête auprès de la Haute Cour de Lahore pour contester la mise en délibéré du jugement dans l'affaire de trahison.

25 novembre 2019 : L'affaire prend un nouveau tournant, puisque le ministère de l'Intérieur dépose une requête devant la Haute Cour d'Islamabad lui demandant d'annuler la décision du tribunal spécial de suspendre un jugement dans l'affaire sans que l'accusation soit entendue.

26 novembre 2019 : la Haute Cour de Lahore accepte de connaître de la requête de Musharraf qui conteste la décision du tribunal spécial.

27 novembre 2019 : la Haute Cour d'Islamabad empêche le tribunal spécial d'annoncer le verdict dans l'affaire de trahison de Musharraf.

5 décembre 2019 : le tribunal spécial déclare qu'il annoncera le verdict dans l'affaire le 17 décembre. Musharraf demande à la Haute Cour de Lahore de suspendre le procès devant le tribunal spécial jusqu'à ce que sa précédente requête en attente de jugement par la Haute Cour soit tranchée.

17 décembre 2019 : le tribunal spécial condamne Musharraf à la peine de mort dans la longue et interminable affaire de haute trahison qui le concerne.

13 janvier 2020 : Un collège de trois magistrats de la Haute Cour de Lahore annule la condamnation de Musharraf dans l'affaire de haute trahison.

5 février 2023 : Musharraf s'éteint dans un hôpital de Dubaï des suites d'une longue maladie.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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