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De Villepin dénonce un « désastre humanitaire » à Gaza et critique « l'effacement » de la France

- L'ancien Premier ministre français fustige la gestion du conflit israélo-palestinien et la perte d'influence de la France sur la scène mondiale.

Ümit Dönmez  | 12.09.2024 - Mıse À Jour : 14.09.2024
De Villepin dénonce un « désastre humanitaire » à Gaza et critique « l'effacement » de la France

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

L'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, invité de France Inter ce jeudi, a lancé une critique sévère contre la guerre israélienne à Gaza, qualifiant la situation de « désastre humanitaire ». Il a souligné que le bilan des victimes, rapporté par le ministère de la Santé du Hamas, qui parle de plus 40 000 morts, est probablement sous-évalué : « Il y en a vraisemblablement beaucoup plus », a-t-il affirmé. Pour lui, les corps, les cœurs et les âmes sont en « morceaux » à Gaza, où la perspective de reconstruction est absente.

Par voie de ses déclarations, de Villepin a mis en garde contre les actions militaires d’Israël qui, selon lui, créent « les conditions d’une réoccupation » de la bande de Gaza. « Israël a repris possession de Gaza, coupant l'enclave en plusieurs parties », a-t-il expliqué, soulignant que la Cisjordanie, elle aussi, « se décompose ». Cette situation, affirme-t-il, fait de Gaza une « cocotte-minute » prête à exploser.

- Position française et européenne

L'ancien chef de la Diplomatie française a appelé à une révision des politiques françaises face à Israël, déplorant que Paris et l'Union européenne n'utilisent pas les leviers dont elles disposent, notamment en matière d'armement et de commerce avec les territoires palestiniens, colonisés par Israël.

Selon lui, les justifications avancées par des chancelleries européennes pour soutenir Israël, telles que « laisser Israël mener sa guerre jusqu'au bout », manquent de clarté. Il a ironisé en demandant : « Mais quel bout ? » Il a aussi noté l'absence d'« objectif politique » de la part d'Israël, et plus largement, d’une stratégie politique claire dans les conflits modernes. « Quand vous n’avez pas d’objectif politique, la seule chose que vous savez faire, c’est la guerre », a-t-il martelé, comparant la situation à celle de l’Ukraine.

« On en est abasourdi, et la France s'efface », a déploré l'ancien ministre français des Affaires étrangères.

- Silence médiatique en France

Dans un ton plus amer, de Villepin a dénoncé le silence médiatique en France concernant le conflit à Gaza. Il a expliqué devoir « googler » pour trouver des nouvelles, qualifiant cette absence de couverture d’« étouffement démocratique ». Il s’insurge contre une guerre qui touche principalement les civils, déclarant : « Ce n’est pas une guerre comme les autres à Gaza. Ce sont des populations civiles qui meurent. »

Interrogé sur un éventuel retour au ministère des Affaires étrangères, de Villepin a rappelé qu’il avait occupé ce poste « à une époque où l’on pouvait être un ministre des Affaires étrangères ». Il a souligné qu’il jouissait alors d’une « carte blanche absolue » de la part de Jacques Chirac, mais a estimé que le contexte actuel ne permet plus de mener une politique étrangère aussi indépendante. Il s’est toutefois dit prêt à conseiller Emmanuel Macron, bien qu'il critique la compréhension « dépassée » des relations internationales par le président.

- Dysfonctionnement américain

De Villepin a également étendu ses critiques aux États-Unis, qu'il considère comme un acteur « dysfonctionnel » sur la scène mondiale. Il a mentionné la polarisation croissante de la société américaine et l'influence de figures comme Elon Musk, qu’il accuse d'utiliser sa puissance financière pour peser sur le jeu politique, notamment en soutenant des candidats comme Donald Trump. « L'Amérique est en retard d’une bataille sur l’Ukraine », a-t-il ajouté, dénonçant aussi son manque de leadership dans le conflit israélo-palestinien.

Pour conclure, Dominique de Villepin a averti que l'Europe, tout comme la France, se trouve face à une crise existentielle, se contentant de « se gargariser » que « tout va bien », alors que, selon lui, « tout fout le camp ». Il a exhorté à une prise de conscience face aux crises internationales, tout en regrettant « l’effacement » progressif de la voix française dans les affaires mondiales.

- Situation humanitaire à Gaza

Le contexte humanitaire à Gaza reste dramatique. Depuis le début des offensives israéliennes en octobre 2023, le ministère de la Santé de Gaza rapporte un bilan de plus de 41 000 morts et près de 95 000 blessés. Les attaques continues ont dévasté une grande partie de l'enclave palestinienne et de ses infrastructures civiles, notamment les hôpitaux, les écoles et les canalisations.

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