Drapeaux en berne après la mort du pape : Le gouvernement français sous le feu des critiques
- "Nous n’avons pas à marquer une forme de laïcité à géométrie variable", fustige le député écologiste Alexis Corbière

France
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Une décision gouvernementale qui passe mal. Le gouvernement français est sous le feu des critiques depuis sa décision de mettre les drapeaux en berne sur les bâtiments publics samedi prochain, pour les obsèques du pape François décédé lundi 21 avril.
Le député écologiste, Alexis Corbière, a regretté cette décision, appelant l’exécutif à "se comporter de la même façon avec tous les cultes". " Je suis en total désaccord, car la laïcité a des principes. Il est normal que le chef de l’État ait rendu hommage au pape. Mais nous n’avons pas à marquer une forme de laïcité à géométrie variable, c’est-à-dire que quand une autorité religieuse meurt, on met des drapeaux en berne, mais on ne le fait pas pour d’autres cultes", a déclaré l'élu de Seine-Saint-Denis, sur franceinfo.
"Chaque fois qu'un chef d'Etat disparaît dans le monde, on ne met pas les drapeaux en berne. Si demain le Dalaï-Lama s'éteint, évidemment que les drapeaux ne seront pas en berne, de la même façon pour une autorité musulmane ou juive", a-t-il encore estimé, notant que le président Emmanuel Macron, qui a fait savoir qu’il assisterait aux obsèques du pape, se rendrait ainsi à une "cérémonie religieuse", ce qui est, pour lui, contraire à la loi de 1905 sur la laïcité.
Pour sa part, le sénateur communiste des Hauts-de-Seine, Pierre Ouzoulias, a dénoncé une décision "honteuse pour notre République laïque", exhumant une déclaration de François Bayrou qui date de 2005, alors qu'il était le président de l’UDF, dans laquelle il critiquait la mise en berne des drapeaux à l’occasion de la mort du pape Jean Paul II.
"Tartuffe", a écrit Pierre Ouzoulias sur le réseau social X, partageant un article du journal Le Monde en date du 4 avril 2005 dans lequel Bayrou déclarait que cette décision "ne correspond pas à la distinction qu'il faut faire entre convictions spirituelles et choix politiques et nationaux".
De son côté, Benjamin Griveaux, ancien ministre d’Emmanuel Macron, a écrit sur X : "Certains argueront que le pape François était un chef d’État, ce qui est juste sur le plan du droit, mais la dimension symbolique l’emporte ici sur toute autre considération et chacun le mesure. Pensées pour tous les enseignants qui auront à expliquer demain la laïcité à nos enfants dans leur salle de classe".
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a, lui, assumé ce mercredi matin la décision du gouvernement, parlant d'"une très bonne chose".
"Je pense que mettre les drapeaux en berne est une très bonne chose. L’émotion est mondiale […] quelles que soient les origines ou les croyances", a-t-il déclaré au micro de BFMTV.
Le Vatican a annoncé lundi la mort du pape François, à l'âge de 88 ans, après avoir succombé à un accident vasculaire cérébral (AVC), au terme de 12 ans de pontificat. Le souverain pontife avait été admis dans le courant du mois de février à l'hôpital pour une pneumonie bilatérale. Il sera inhumé dans la basilique Saint-Marie-Majeure de Rome.