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Foot : EuroPalestine exhorte les joueurs français à « ne pas blanchir un génocide » en jouant contre Israël

- Olivia Zemor appelle les Bleus à refuser le match de Ligue des Nations contre Israël, dénonçant une « complicité dans le silence » face aux violences faites aux Palestiniens.

Ümit Dönmez  | 13.11.2024 - Mıse À Jour : 13.11.2024
Foot : EuroPalestine exhorte les joueurs français à « ne pas blanchir un génocide » en jouant contre Israël

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

À deux jours du match de football entre la France et Israël, prévu le 14 novembre au Stade de France, Olivia Zemor, présidente de l’association EuroPalestine et membre du collectif « Stop Génocide », a appelé publiquement, mardi, les joueurs de l’équipe de France à boycotter la rencontre. Elle qualifie l’événement de « tentative de blanchiment par le sport d’un génocide » et demande aux athlètes français de ne pas cautionner « l’oppression brutale des Palestiniens menée par Israël ».

Dans une interview accordée ce mardi à Anadolu, Olivia Zemor a vivement critiqué la décision de la Fédération française de football (FFF) et du gouvernement de maintenir le match de la Ligue des Nations. La présidente d'EuroPalestine considère ce choix comme une forme de légitimation des actions de l’État israélien. « Le Gouvernement français est terriblement coupable de demander aux joueurs de l’équipe de France de jouer un match contre une équipe qui représente un État génocidaire », a-t-elle déclaré, insistant sur l’importance pour les sportifs français de prendre position dans un contexte de crise humanitaire aiguë en Palestine.


- Des chiffres alarmants et un rappel historique

Zemor avance des chiffres inquiétants sur la répression des sportifs palestiniens : « En un an, 450 sportifs palestiniens ont été assassinés par Israël, dont plus de 200 footballeurs », souligne-t-elle. Elle précise que ces violences sont loin d’être des cas isolés ou récents : « Cela fait des décennies que les sportifs palestiniens, notamment les footballeurs, ne peuvent pas s’entraîner, sont emprisonnés, tués ou blessés, et leurs stades sont régulièrement détruits ». Elle rappelle des cas emblématiques, tels que celui de Mahmoud Sarsak, joueur de football palestinien, emprisonné sans charges formelles et ayant mené une grève de la faim de 91 jours pour protester contre sa détention arbitraire. Pour Zemor, ces persécutions s’inscrivent dans une politique d’élimination physique et symbolique des Palestiniens.

La présidente d'EuroPalestine critique également les joueurs de l’équipe israélienne, affirmant que « beaucoup d’entre eux sont des réservistes de l’armée » et que « certains, lorsqu’ils ne sont pas en tenue sportive, se montrent dans des vidéos et photos en tenue militaire ». Zemor souligne que les joueurs israéliens n’ont jamais protesté contre les violences envers les Palestiniens, malgré leur rôle symbolique en tant que représentants de leur pays. Elle appelle ainsi les footballeurs français à se demander « s’ils peuvent accepter de se mesurer sportivement à une équipe qui, indirectement ou directement, participe à l’oppression d’un peuple ».



- Politisation du sport : deux poids, deux mesures ?

Dans son discours, Olivia Zemor dénonce ce qu’elle appelle une « hypocrisie de la politique sportive française », qui prône la neutralité, mais pratique le « deux poids deux mesures ». Elle souligne que « la Russie et la Biélorussie ont été exclues de toutes les compétitions sportives pour des raisons politiques, pour l’invasion de l’Ukraine », tandis qu’Israël, accusé de violer le droit international en Palestine, continue de participer aux événements sportifs internationaux. « On ne peut pas dire ‘ne politisez pas le sport’ et laisser Israël participer sans que cela pose problème », insiste-t-elle, en faisant référence à une déclaration récente du Président français, Emmanuel Macron. Zemor appelle la FFF à reconsidérer ses valeurs éthiques et à « ne pas fermer les yeux » sur les implications humanitaires de la rencontre sportive.

EuroPalestine et le collectif « Stop Génocide » ont d'ailleurs rencontré le directeur général de la FFF la semaine dernière pour exprimer leur demande d’annulation du match. Selon un communiqué du collectif, la FFF aurait déclaré « comprendre la colère » suscitée par le maintien de la rencontre, tout en expliquant être contrainte par des décisions prises à l'échelle européenne, notamment par l’UEFA.



- Appel aux joueurs à se positionner

Dans le cadre de cette campagne de boycott, des vidéos et des messages circulent en ligne, incitant les footballeurs de l’équipe de France à « saisir l’opportunité de dénoncer les atrocités contre les civils palestiniens » en refusant de jouer. « Les footballeurs français sont des ambassadeurs, ils incarnent des valeurs de fraternité et de respect pour des millions de jeunes », souligne un message de la campagne. Les joueurs sont appelés à s’inspirer d’athlètes engagés comme Mohamed Ali ou Arthur Ashe, qui ont, selon EuroPalestine, « montré que le sport peut être un vecteur puissant de justice et de valeurs humaines ».

Zemor précise que plusieurs joueurs français se trouveraient dans une situation difficile, certains ayant déclaré forfait pour « raisons médicales » à la veille du match. Selon elle, ce désistement discret révèle « une hésitation morale » de la part des athlètes qui, pour elle, ne peuvent « accepter de participer à un événement qui légitime les pratiques d’un État accusé de génocide ». Elle évoque également la crainte des sanctions pour les joueurs qui refuseraient de se rendre sur le terrain, tout en les encourageant à faire preuve de courage et de solidarité envers les Palestiniens.



- Un contexte de tension en Palestine

Depuis une attaque transfrontalière du Hamas en octobre 2023, Israël poursuit son agression sur la bande de Gaza, malgré une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat. Depuis, plus de 43 500 personnes ont été tuées, principalement des enfants et des femmes, et plus de 100 000 autres ont été blessées, selon les autorités sanitaires palestiniennes. L'agression israélienne a déplacé la quasi-totalité de la population du territoire dans le cadre d'un blocus permanent qui a entraîné de graves pénuries de nourriture, d'eau potable et de médicaments. Israël est accusé de perpétrer un « génocide » en Palestine, devant la Cour internationale de Justice.

Le collectif « Stop Génocide » accuse le Gouvernement français de « complicité de génocide ». « Au lieu de prendre des sanctions, ils encouragent l’État israélien par des envois d’armement et des soutiens diplomatiques », affirme Zemor interrogée par Anadolu. La présidente d'EuroPalestine évoque également la présence de plus de 4 185 Français au sein de l’armée israélienne. Elle critique enfin la réception d’Isaac Herzog, président israélien, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, déplorant « des honneurs rendus à un État qui persécute des civils ».


À la veille du match de football France-Israël, la question qui se pose pour les footballeurs français est donc celle de l’engagement éthique. Pour Zemor et les militants de la campagne de boycott, refuser de jouer serait un geste de solidarité marquant, montrant que le sport ne peut être utilisé pour « blanchir un génocide ». Alors que les réseaux sociaux amplifient le débat, de nombreux supporters et citoyens partagent l’appel d’EuroPalestine, qualifiant ce match de « test moral » pour les joueurs et les instances sportives françaises.


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