France : 4 enfants de 10 ans "terrorisés" par la police pendant 11h pour "apologie du terrorisme"
Une fillette a été réveillée de son sommeil jeudi matin peu avant 7 heures, ainsi que trois autres enfants de 10 ans, emmenés par la police d'Albertville pour des accusations qui seraient liés à l'apologie du terrorisme.
France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Quatre enfants âgés de 10 ans ont été retenus pendant plus de 11 heures par la police d'Albertville, jeudi, pour des accusations qui seraient liés à "l'apologie du terrorisme".
- Force démesurée de la police
Interrogé jeudi soir par l'Agence Anadolu (AA), le père d'un des enfants retenus par la police a dénoncé la force démesurée employée jeudi matin par la police pour venir chercher la fillette, qui est en classe de CM2.
"Avant 7 heures, les policiers ont frappé de façon a quasiment casser la porte", se souvient le père franco-turc, encore sous l'état de choc.
"10 policiers masqués et portant des armes longues sont entrées dans la maison", explique le parent se souvenant encore de l'agressivité et des cris des policiers.
"Ma fille de 10 ans a été accusée d'apologie de terrorisme, ils l'ont réveillée de son doux sommeil", note encore le parent se souvenant que les policiers leur ont ordonné de tous s'asseoir".
"Ils ont ensuite déclarés [Nous allons emmener [prénom de la fille]. Venez la chercher à 9 heures !], se souvient encore le parent.
"Ils ont pris des photos des décorations murales, essayé de trouver des indices en fouillant toute la maison. Quand nous sommes allés au commissariat après deux heures d'attente, ils nous ont posé beaucoup de questions sur nos croyances religieuses, si on fait la prière, etc."
"Il nous ont interrogé, chacun, ma femme et moi, deux heures durant. À part les questions sur notre religion, ils nous ont demandé ce qu'on pensait de la relation tendue entre Macron et Erdogan", explique encore le parent jugeant que les questions étaient impertinentes et parfois provocatrices.
"De la même façon, le matin, ils ont voulu clairement nous terroriser avec le bruit et la violences démesurée. Je ne comprends pas : 10 policiers hyper-armés, cherchant à, semblerait-il, défoncer notre porte, pour venir chercher ma fille âgée de 10 ans alors qu'elle dormait encore".
- Questions ou remarques d'enfants au sujet des caricatures
Selon le parent inquiet pour sa fille retenue depuis une durée de 11 heures, cette opération "démesurément agressive et notablement effrayante" de la police serait due à des questions ou remarques faites la veille par ces 4 élèves de CM2, suite à une discussion en classe autour des caricatures peu élogieuses sur le prophète Muhammad et le meurtre de Samuel Paty, le professeur qui a été assassiné pour avoir montré ces caricatures en classe.
"Ma fille aurait fait une remarque sur le meurtre du professeur", explique le parent rappelant que son enfant n'a que 10 ans et qu'"elle ne sait rien de tout ça".
"Ce ne sont pas des sujets dont nous parlons à la maison", explique encore le parent, ajoutant que "tout le monde connaît notre famille. L'école nous connaît très bien ; nous avons eu plusieurs enfants qui sont allés à la même école. S'il y avait un souci de radicalisation chez nous, tout le monde le saurait", explique le parent qui apprenait à l'instant même la future libération de sa fillette de 10 ans par la police, après 11 heures de retenue, c’est-à-dire de garde à vue pour enfant...
- Pas de réactions de la police ou de l'école
Interrogé jeudi soir par AA, le Commissariat de Police de la ville d'Albertville, a déclaré ne pas pouvoir donner d'information sur la retenue de ces quatre enfants. Le parent interrogé par AA a également noté que la police a refusé de leur remettre un document relatif aux motifs de la retenue de leur enfant ; ou l'interrogatoire auquel ont été soumis les deux parents.
Selon le parent, deux des quatre enfants emmenés par la police ont été transportés à Chambéry, le Franco-turc déclarant ne pas savoir quel service s'était occupé de ces deux enfants.
Joint par AA, jeudi soir l'école où les faits évoqués se seraient déroulés, s'est abstenue de toute déclaration.
12 millions d'élèves ont repris les cours cette semaine, dans des conditions sanitaires renforcées, notamment par le port du masque obligatoire dès 6 ans.
Cette rentrée était également marquée par l'hommage au professeur Samuel Paty.
Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait annoncé la semaine dernière qu'une minute de silence serait observée lundi à 11 heures, après la lecture de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs.
Les enseignants se sont vus accordé le choix d'organiser un "temps pédagogique" au cours du mois de novembre pour discuter du crime horrible ayant touché le professeur Paty, décapité pour avoir montré des caricatures jugées insultantes, du prophète de l'Islam, Muhammad (S.A.V.)