AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

Alors que la polémique enfle d’heure en heure face au temps de réaction du gouvernement et à la mollesse de ses déclarations, la porte-parole de l’Exécutif, Sophie Primas, s’est défendue, lundi, de tout « deux poids deux mesures ».

En conférence de presse à la sortie du conseil des ministres, elle a été longuement questionnée par plusieurs journalistes qui l’ont pressée de s’expliquer sur les déclarations du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, aujourd’hui accusé d’avoir alimenté, par certaines déclarations, l’islamophobie qui sévit en France.

S’agissant de l’usage même du terme "islamophobie", que certains refusent de prononcer, arguant qu’il a été inventé par des Mollah en Iran pour empêcher toute critique de l’Islam, Sophie Primas s’est refusée « à toute polémique sur les mots ».

« Nos compatriotes musulmans, dans l’exercice de leur religion, doivent être protégés. Nous sommes dans un cas qui mérite de la dignité, de la gravité et de la détermination », a-t-elle fait valoir, affirmant que les faits ne méritent pas « que nous nous écharpions, les uns et les autres, sur du vocabulaire ».

Se défendant de tout « retard à l’allumage », la porte-parole du gouvernement a indiqué que « le premier qui a réagi, c’est le Premier Ministre » et qu’il « faut s’arrêter sur les faits, et sur le fait que ce soit un acte antimusulman ».

Et de poursuivre: « Penser que Bruno Retailleau néglige ce fait, qui est extrêmement lourd pour la société et qui dit beaucoup de la violence qui s’exerce dans notre société, est indigne. Tout ça mérite un peu plus de hauteur. Il n’y a aucun deux poids deux mesures. C’est l’égalité pour tout le monde, dans la considération que nous avons de la sécurité des Français quelle que soit leur religion ».

Elle assure, par ailleurs, que « la volonté de Bruno Retailleau est de lutter contre toutes les formes de communautarisme et en particulier tout ce qui mène à la violence » et que « son engagement sur le sujet est extrêmement fort ».

« Nous ne sommes pas dans le pays de la France des lumières pour accepter ces violences. Il n’y a pas du tout de timidité, le ministre de l’Intérieur s’est rendu sur place, le Premier ministre a immédiatement réagi, l’assassin présumé va être rapatrié en France dans les conditions les plus rapides, le Pnat (parquet national antiterroriste) regarde s’il doit se saisir. Notre détermination est exactement la même pour cet assassinat horrible dans le Gard que pour tout autre assassinat de ce type », a-t-elle conclu.

Pour rappel, alors que le jeune Aboubakar, âgé de 22 ans, a été lardé d’une cinquantaine de coups de couteau vendredi dernier dans l’enceinte de la mosquée Khadidja à la Grand-Combe dans le Gard, François Bayrou n’a réagi que samedi soir, en dénonçant « l’ignominie islamophobe », tandis qu’aucun membre du gouvernement n’avait encore pris la parole publiquement et que les médias parlaient de simple meurtre.

Dimanche, plusieurs rassemblements contre l’islamophobie se sont tenus, aux quatre coins de la France dont l’un à Paris, un à Marseille et un autre à Montpellier.

L’auteur présumé de cette attaque au couteau s’est rendu dimanche soir aux autorités en Italie, et devrait être rapidement extradé vers la France où il devra répondre de son acte devant la Justice.

L’enquête a été confiée au parquet d’Ales mais le PNAT reste en observation pour évaluer une éventuelle autosaisine.