France : Bilongo défend un geste « humaniste » à l’Assemblée pour rappeler les visages des enfants de Gaza
- Pour le député LFI, brandir les photos d’enfants tués à Gaza était un acte nécessaire face à l’inaction politique.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le député de La France Insoumise (LFI), Carlos Martens Bilongo, a défendu mercredi auprès d'Anadolu le geste de son groupe parlementaire, qui avait brandi, la veille à l’Assemblée nationale, des photos d’enfants palestiniens tués à Gaza.
Selon lui, cette action symbolique était une réponse directe au silence ou à l'indifférence d'une partie de la classe politique française face au drame humanitaire en cours. « Trop, c’est trop », a-t-il martelé. « Trop d’enfants, trop de civils sont morts. Et ils ont des visages, ils ont des noms », a-t-il ajouté, rappelant que son collègue Aymeric Caron avait déjà insisté sur cette humanisation des victimes.
Carlos Martens Bilongo estime que ce geste visait à inscrire ces enfants dans les consciences, au-delà des chiffres. « Ces personnes-là existent, ont existé, et elles existeront toujours dans la conscience de leurs proches et dans la conscience des humanistes, peu importe le Parlement du monde », a-t-il déclaré.
Interrogé sur la position de la diplomatie française face à la situation à Gaza, le député insoumis a reconnu un léger infléchissement des propos du président Emmanuel Macron, lors de son récent déplacement en Égypte. « Il a eu des mots un peu plus conscients », a-t-il relevé, même s’il regrette la lenteur de cette prise de conscience. « Il a parlé de ces enfants mutilés, de ces enfants orphelins, il a parlé de ce cauchemar qu’est devenu Gaza », a-t-il précisé.
Carlos Martens Bilongo considère que la France doit impérativement retrouver sa boussole : le droit international et les droits de l’homme. « Nous devons faire vivre cela », a-t-il insisté, rappelant que la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 a vu le jour à l’Assemblée nationale elle-même.
Interpellé enfin sur les révélations de la presse concernant un éventuel survol de l’espace aérien français par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu — visé par un mandat d’arrêt —, le député a été clair : « Si quelqu’un a un mandat d’arrêt dans un de ces pays, le pays qui est signataire du traité de Rome doit arrêter cette personne-là ou tout faire pour que cette personne ne passe pas par l’espace aérien français ».
- Un geste fort dans un contexte de tensions autour de Gaza
Cette interview intervient au lendemain d’une action remarquée des députés LFI à l’Assemblée nationale. Lors d’une séance de questions au gouvernement, ils ont brandi des photos d’enfants palestiniens tués à Gaza, dénonçant les opérations militaires israéliennes. Le député Aymeric Caron a notamment qualifié la situation de « génocide en cours », n’hésitant pas à évoquer des chiffres effrayants et à accuser certains parlementaires de complicité.
Dans le même temps, la diplomatie française semble évoluer. Emmanuel Macron a annoncé que la France pourrait reconnaître officiellement l’État de Palestine en juin prochain, lors d’une conférence internationale co-présidée avec l’Arabie Saoudite. « On doit aller vers une reconnaissance, et donc dans les prochains mois on ira », a déclaré le président français, évoquant un événement prévu à New York.
Reste à savoir si ces évolutions diplomatiques suffiront à répondre à l’urgence humanitaire dénoncée par les députés de gauche. Entre gestes symboliques à Paris et manœuvres diplomatiques internationales, la question palestinienne s’impose désormais au cœur du débat politique français.
- Un bilan humain alarmant et des violations du cessez-le-feu à Gaza
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 1 482 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 50 846 morts depuis le début du conflit en octobre 2023. La majorité des victimes sont des civils, notamment des femmes et des enfants. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.