France: Bruno Retailleau fortement critiqué pour son retard à se rendre dans la mosquée du Gard
- Le ministre de l'Intérieur ne se sera rendu sur les lieux de l'attaque islamophobe que seulement deux jours après les faits, s'attirant les foudres de la classe politique et associative

Ankara
AA / Ankara / Tuncay Çakmak
Le ministre français de l’Intérieur fait l’objet de fortes critiques pour sa gestion de l’attaque islamophobe dans une mosquée du Gard qui a coûté la vie à une jeune musulman, poignardé à plusieurs dizaines de reprises alors qu’il priait.
La classe politique française, mais aussi associative, s’est indignée du temps de réaction de Bruno Retailleau qui, en plus d’être ministre de l’Intérieur, est aussi ministre des cultes.
Les élus de Gauche ont rapidement dénoncé la gestion de l’affaire par le ministre.
Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, s’est interrogée au micro de Franceinfo.
"Où est Bruno Retailleau ?" : "Là il est important qu’il porte sa voix puisqu’il est ministre de l’Intérieur d’un gouvernement dont la Constitution dit que tous les citoyens vivant en France sont égaux".
Le député de La France Insoumise (LFI), Raphaël Arnault, a également critiqué le ministre Retailleau, avec un post sur X.
"Lorsqu’un islamophobe assassine au couteau dans une mosquée, Bruno Retailleau ne dit rien. Un silence qui en dit long sur les intentions de ce ministre".
La Gauche française n’a pas été la seule à réagir.
En effet, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a aussi regretté le retard du ministre.
"Le ministre de l'Intérieur est aussi le ministre des cultes, j'ai eu l'occasion de le dire à Bruno Retailleau (...). Je suis intimement convaincu qu'il fallait y aller aussitôt", a-t-il affirmé sur BFMTV.
Bertrand a ajouté qu’il voulait "faire reculer cette haine dans notre pays". "Quand un homme est sauvagement assassiné en France parce qu'il est musulman, on doit combattre ça", a-t-il poursuivi, ajoutant que "l'indignation ne peut être à géométrie variable".
Et de dénoncer certains amalgames : "Il y a aussi dans la classe politique ceux qui font l'amalgame entre les islamistes qui s'en prennent aux valeurs de la République et nos compatriotes musulmans qui ne demandent qu'une seule chose, c'est de pouvoir exercer leur foi, c'est ça aussi qui est en train de se jouer aussi", a-t-il martelé.
Même son de cloche du côté de SOS Racisme : "Ce qui est étonnant, c’est la timidité des réactions de certains responsables politiques. Je me demande si monsieur Retailleau, hier, avait piscine", a dénoncé au micro de Franceinfo Dominique Sopo, président de l’association.
En effet, l’acte islamophobe a été perpétré vendredi, mais le ministre de l’Intérieur ne s’est pas exprimé de vive voix, le jour même, se contentant d’un seul message de soutien à la famille endeuillée.
"Un homme a été atrocement assassiné ce matin dans la mosquée de Grand Combe. L’enquête permettra, je l’espère, d’appréhender rapidement l’auteur et de faire la lumière sur cet évènement épouvantable. Je veux dire mon soutien à la famille de la victime et ma solidarité à la communauté musulmane touchée par cette violence barbare, dans son lieu de culte, le jour de la grande prière.", a-t-il partagé sur les réseaux sociaux.
Il faudra attendre dimanche pour que le ministre des Cultes se rende sur place.
Bruno Retailleau sera interpellé dimanche soir, par le journaliste Benjamin Duhamel qui le recevait dans son émission sur BFMTV.
Duhamel évoque une perception par l’opinion publique d’une réaction "deux poids deux mesures, selon la religion ciblée", rappelant que Retailleau, candidat à la présidence du parti Les Républicains, n'a pas "bouleversé son agenda" après l'attaque, notamment "ses réunions publiques" dans le cadre de cette candidature.
"Si cela s’était produit dans une église ou dans une synagogue, auriez-vous attendu deux jours avant de vous y rendre ?", lance-t-il au ministre.
"J’aurais souhaité en savoir plus, bien sûr", a-t-il répondu, arguant ne pas avoir voulu se précipiter avant d’avoir plus d’éléments d’enquête.
- « Lapsus » très sévèrement dénoncé
Les critiques envers Retailleau ne se limitent pas à sa gestion de l’attaque islamophobe de vendredi.
Dans la même émission sur BFMTV, alors qu’il répondait aux questions de Duhamel, le ministre a fait un "lapsus" quand il parlait des musulmanes voilées.
"Tous les islamistes … veulent que les femmes soient violées ... soient … pardon", a-t-il dit, alors qu’il voulait dire "soient voilées".
Mais au-delà du lapsus lui-même, c’est l’excuse avancée qui a surtout fait réagir :
"Curieux d’ailleurs cet acte manqué", a-t-il dit.
Beaucoup d’internautes y ont vu un discours "abjecte" qu’il faut qualifier "d’incitation à la haine".