AA /Tunis / M. Belhaj

Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale française ce samedi pour protester contre le racisme et le fascisme. Dès 14h15, la marche s'est élancée depuis la place de la République en direction de la place de la Nation. Associations, syndicats et partis politiques de gauche se sont unis pour cette manifestation, qui intervient au lendemain de la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale.

Au total, plus de 91.000 personnes ont manifesté à travers la France, selon le ministère français de l’intérieur. À Paris, les forces de l'ordre estiment que plus de 20.000 personnes ont participé à la marche.

** Des slogans et des symboles forts

Les manifestants brandissaient des pancartes portant des messages explicites : "Non au racisme", "Fascisme dehors", "Free Palestine". Les drapeaux palestiniens ainsi que ceux de La France Insoumise étaient également visibles au sein du cortège.

La marche a été coordonnée par la Marche des solidarités et le collectif "Né•e•s ici ou venu•e•s d’ailleurs, uni•e•s contre le racisme !". Parmi les organisations participantes figuraient la Ligue des droits de l’Homme, Attac France, la CGT, SOS Racisme, Oxfam France, le Mrap et bien d'autres.

**Prises de parole et discours engagés

De nombreuses personnalités politiques étaient présentes. Thomas Portes, député La France Insoumise (LFI), a déclaré : "Aujourd’hui, c’est une journée de mobilisation importante parce qu’elle porte sur la lutte contre l’extrême droite, sur toutes les formes de racisme".

Et d’ajouter au micro de BFM Tv : "Nous sommes face à un gouvernement et notamment les ministres Bruno Retailleau et Gérald Darmanin qui font de l'islamophobie et du racisme d'État une ligne politique, qui essayent de faire sur le dos des musulmans de ce pays une ligne politique, de prendre le pouvoir et de faire la jonction avec l’extrême droite raciste".

"Aujourd’hui, le peuple de France est là pour dire 'Non ! Le peuple français n’est pas raciste' et nous n’acceptons pas cette ligne politique du gouvernement qui stigmatise, discrimine, insulte et passe des journées à calomnier nos compatriotes de confession musulmane, nos compatriotes qui n’ont pas la bonne couleur de peau. C’est absolument inadmissible et aujourd’hui nous sommes mobilisés contre toutes ces formes de racisme", a poursuivi le député de La France insoumise de la 3ᵉ circonscription de la Seine-Saint-Denis

Rima Hassan, députée européenne, a également pris la parole devant les manifestants : "Cette mobilisation est une démonstration d'amour !", a-t-elle déclaré, avant de dénoncer "une islamophobie institutionnalisée en France".

Et de poursuivre : "Nous sommes la risée du monde entier, avec tout ce qui se passe notamment avec les femmes voilées" et "les attaques se multiplient, la stigmatisation des musulmans est intolérable en France et c’est pointé par la communauté internationale".

Danièle Obono, députée LFI, a quant à elle réaffirmé que "la question de l'antiracisme n'est pas qu'une question morale, la question de l'antiracisme n'est pas une question esthétique, la question de l'antiracisme est une question vitale pour des millions d’entre nous".

Elle a conclu en appelant à l'union, affirmant : "Nous ne nous laisserons pas diviser, nous ne laisserons pas attaquer le moindre d’entre nous en fonction de sa religion ou de sa culture, nous ne laisserons passer aucun acte, aucune attaque antisémite, islamophobe, négrophobe, anti-tzigane".

L’association "Stop aux violences d'État" a également pris la parole lors de cette manifestation contre le racisme et l'extrême droite à Paris, son représentant dénonçant également la dérive raciste en France : "Comment ne pas voir que la dérive raciste se nourrit aussi de l'irresponsabilité politique, lorsque le président Emmanuel Macron déclare que le problème des urgences en France, c'est que c'est "rempli de Mamadou" ?"

** Des tensions en fin de manifestation

Si le défilé s'est majoritairement déroulé dans le calme, quelques tensions ont été observées à l’arrivée à Place de la Nation. Le préfet de Paris, Laurent Nunez, a fait état de "troubles à l'ordre public qui ont donné lieu à deux interpellations".

Par ailleurs, le journaliste indépendant Clément Lanot a été frappé à la tête par un policier. Il affirme qu'il était "clairement identifiable comme journaliste" et qu'il s'était "mis sur le côté pour ne pas gêner".

Commentant les images documentant l’agression, le préfet Laurent Nunez a déclaré : "Il est toujours très facile à chaud de commenter des images sorties de leur contexte", ajoutant que Clément Lanot se trouvait "derrière le cordon des forces de l’ordre qui reculaient" et qu’il était "impossible" pour les forces de l’ordre de l’identifier comme journaliste. Il a également affirmé que le coup de matraque "n’a pas été donné avec une grande vigueur".

Le préfet a, dans la foulée, ignoré l’interpellation de la journaliste de BFM qui lui rappelait que toute personne n’avait pas à "être jetée à terre et recevoir un coup de matraque".

**Une hausse des actes racistes en France

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur publiés la semaine dernière, les crimes et délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont augmenté de 11 % en 2024.

Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a déclaré sur RMC, ce samedi, en amont de la marche : "Nous constatons qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire, c’est pour ça qu’il faut être nombreux. Ce sont des combats longs, mais il faut les mener, car c’est en les menant qu’on les remporte".