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France: démission de Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur

- Avant la parution de son livre ‘’Porte-Parole : réflexions personnelles de la voix officielle du ministère de l’Intérieur’’ dans lequel elle fustige le parti d’extreme droite Rassemblement national, et le syndicat de policiers Alliance

Majdi Ismail  | 23.01.2025 - Mıse À Jour : 23.01.2025
France: démission de Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur

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AA / Tunis / Majdi Ismail

La commissaire de police et porte-parole du ministère français de l’Intérieur, Camille Chaize, a annoncé qu’elle quittait ses fonctions dans un message posté lundi 20 janvier sur le réseau social professionnel LinkedIn : ‘’A l’heure où s’apprête à sortir ce livre qui me ressemble tant, je dois, vous le comprendrez aisément, mettre fin à la mission de porte-parole du ministère de l’intérieur qui m’a été confiée en décembre 2019’’.

Cette démission intervient trois jours avant la parution de son livre ‘’Porte-Parole : réflexions personnelles de la voix officielle du ministère de l’Intérieur’’, dans lequel elle fustige le parti d’extrême droite Rassemblement national, et le syndicat de policiers Alliance [réputé proche de l’extrême droite].

Le Canard Enchaîné souligne dans un article paru en ligne mardi 21 janvier que ce sont ‘’des syndicats de police très droitiers [Alliance Police nationale, ndlr] et le Rassemblement national [qui] ont obtenu la tête de la porte-parole’’.

De son côté, le cabinet du ministère de l’Intérieur cité par Libération a indiqué que Camille Chaize, ‘’était sortie de son devoir de réserve de façon assez spectaculaire’’ dans son livre, et qu’elle a ‘’convenu que ce n’était pas possible de rester porte-parole’’, et a donc démissionné de ce poste mardi.

Dans son livre, l’ex-porte-parole du ministère pointe nommément Alliance, déplorant par exemple que le syndicat l’ait visée dans un tract parce qu’elle avait publiquement condamné le comportement d’un policier (qui avait insulté une victime de violences sexuelles).

‘’Certains peuvent penser que défendre l’indéfendable rend service à leur profession. C’est toujours perturbant de savoir que des policiers, des membres de votre maison critiquent, réprouvent ou sont en désaccord avec votre vision. Et que, face aux critiques, ils refusent de voir les faits, ou qu’ils les voient mais qu’ils préfèrent adopter une posture corporatiste et éviter toute remise en question. La réalité a tort, c’est bien connu’’, explique la commissaire.

Camille Chaize fustige en outre ‘’le discours pyromane de certains syndicats de police déconnectés de la réalité sociétale [qui] renforce les incompréhensions de la population’’, rapporte Libération.

L’ex-porte-parole de Beauvau, questionne également le pouvoir des organisations professionnelles au ministère de l’Intérieur, en ces termes : ‘’Ce qui doit nous questionner, c’est surtout le pouvoir que l’administration a décidé de leur laisser, et pas seulement sur le terrain de la communication. […] Si l’administration choisit d’être faible et de ne pas fixer des lignes infranchissables, nous en paierons tous les conséquences’’.

Camille Chaize cite ensuite l’exemple, sans le nommer, de Matthieu Valet, syndicaliste commissaire devenu eurodéputé du RN : ‘’On peut l’invectiver ou le cibler. Mais il faut surtout se demander qui a accepté que, durant de très longs mois, il puisse courir les plateaux de télévision en dénonçant à chaque fait divers, la “voyoucratie”, l’incompétence de la justice ou l’immigration rampante, outrepassant le périmètre de son mandat électif. J’en veux aux hauts responsables qui ont accepté tacitement de laisser faire ce policier syndicaliste. Certains estiment qu’il est dans leur intérêt d’agiter les extrêmes et d’acclimater les citoyens à ces discours. J’y vois plutôt une grossière manipulation politique, l’instrumentalisation d’une profession, la quête de rapports de force plus radicaux, au détriment de la cohésion nationale de la neutralité du service public’’.

La commissaire raconte aussi avoir été alarmée et éprouvée, l’été dernier, par la menace d’accession au pouvoir du RN, signe selon elle que ‘’le poison lent de l’extrême droite identitaire et ses idées les plus radicales ont infusé les débats, irrigué la société’’.

Exprimant ses craintes quant à la ‘’mise en œuvre’’ par le parti d’extrême droite ‘’de politiques d’exclusion, de suppression de libertés ou d’affaiblissement des contre-pouvoirs qui mettraient en danger l’Etat de droit’’, la commissaire déclare avoir eu cette pensée qui l’animait alors : ‘’Je vais devoir démissionner si nous avons un gouvernement diamétralement opposé à mes valeurs et mes principes’’.

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