France / Elections européennes : Gabriel Attal défend le projet européen, Jordan Bardella veut changer les règles
- Le Premier ministre français Gabriel Attal à la rescousse de la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer, en perte de vitesse dans les sondages
Tunisia
AA / Tunis / Salim Boussaïd
À près de deux semaines des élections européennes qui auront lieu le 9 juin prochain en France, le Premier ministre français Gabriel Attal a affronté lors d'un débat télévisé le candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella, pour répondre à une question fondamentale : "Faut-il plus ou moins d'Europe pour répondre aux attentes des Français?"
Le débat a été initié par la chaîne France2 et retransmis en direct sur le réseau social "X".
Gabriel Attal qui n'est pas candidat à ce scrutin a affronté le tête de liste du Rassemblement national en soutien à la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer, en perte de vitesse dans les sondages.
Attal a, d'emblée présenté les Européennes comme les plus importantes de l'histoire de la France, compte tenu du contexte marqué par la guerre en Europe, les changements climatiques, l'intelligence artificielle, l'angoisse pour le pouvoir d'achat, les défis migratoires, etc.
Pour affronter tous ces défis, le Premier ministre a souligné que "l’union qui fait la force", rejetant "le repli du Rassemblement national".
Face à cette critique, Jordan Bardella a répliqué en soulignant que "l’Europe est l’homme malade des économies développées".
Bardella qui déplore un décrochage économique majeur, a pointé une perte de croissance en France, par rapport au passé, évoquant "un risque d’effacement de la France sur la scène européenne et internationale".
"Je ne suis pas contre l’Europe mais contre le fonctionnement actuel de l’Union européenne et je souhaite changer les règles en faveur d’une meilleure protection du marché et une meilleure compétitivité", en passant du "libre-échange vers un juste échange", défendant plus de protection du marché français, alors que des filières sont menacées de disparition.
Les deux hommes ont évoqué plusieurs exemples comme la politique agricole commune, l'importation de véhicules chinois ou encore les défis énergétiques.
L'immigration et la guerre en Ukraine ont été également évoquées.
Attal a ainsi reproché à Bardella et à sa mouvance d'extrême droite de "considérer tout migrant comme délinquant ou criminel", critiquant le concept de "double frontière" qu'il défendait et montrant qu'au niveau pratique cela ne tenait pas.
« Je ne veux plus que les demandes d’asile soient traitées en Europe mais dans les ambassades », a affirmé Bardella, défendant le principe de "réserver la libre circulation dans l’espace Schengen aux seuls ressortissants européens" et reprochant au gouvernement de battre tous les records, s'agissant d'acceuillir les flux migratoires.
"Comment est-ce possible ?", lui a demandé le Premier ministre, rappelant et "assumant" que "la France et l'Europe ont été construites avec l'immigration".
Concernant la sécurité, Attal a indiqué qu'"il faut continuer d’investir dans la défense européenne", reprochant à la famille Le Pen d'avoir reçu de l'argent de la Russie et que cela constituait en quelque sorte un "engagement moral" empêchant de condamner la guerre en Ukraine.
En réponse à cela, Bardella a qualifié le propos d'Attal de "caricatural", lui rappelant que la France était le premier client du gaz russe et considérant que les "sanctions énergétiques étaient contre le peuple français".
"Je n’utilise pas la guerre pour faire ma campagne électorale", a insisté Bardella en guise de réponse.
« Vous n’aimez pas l’Europe ! Vous la détestez ! Vous voulez qu’on sorte", a accusé Attal en conclusion.
Pour rappel, les élections européennes auront lieu du 6 au 9 juin prochain dans les 27 pays de l'Union européenne.
En France, la date du 9 juin a été choisie pour ce scrutin. Au total, ce sont pas moins de 37 listes retenues, avec 81 noms chacune, soit le nombre de sièges réservés à la France au Parlement européen.
D'après les sondages, la liste de Jordan Bardella arrive en tête des intentions de vote avec 32%, suivie de celle de Valérie Hayer (majorité présidentielle) avec 16,5 %, ensuite celle de Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) avec 14,5 %.