France/Gilets jaunes : Quel bilan trois ans après le début du mouvement ?
- Né pour protester contre la baisse du pouvoir d’achat et la hausse des prix des hydrocarbures, le mouvement a connu une ascension fulgurante, jonchée de violences, avant de décliner, en partie à cause de la crise sanitaire

France
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Il y a trois ans, jour pour jour, le 17 novembre 2018, avait lieu la première grande mobilisation de Gilets jaunes.
Né pour protester contre la baisse du pouvoir d’achat et la hausse des prix des hydrocarbures, le mouvement a connu une ascension fulgurante, jonchée de violences, avant de décliner, en partie à cause de la crise sanitaire.
Depuis, l’ombre d’une reprise de la gronde populaire plane sur la France, renforcée par les restrictions sanitaires et le prix de l’énergie qui a atteint des sommets.
- Des débuts marqués par la violence
Dès le premier samedi, dit « l’acte I » du mouvement, plus de 2 200 manifestations sont recensées sur l’ensemble du pays et les participants parviennent à bloquer le périphérique en région parisienne et la majorité des axes routiers stratégiques.
Ce 17 novembre 2018, marque également le premier jour d’un bilan humain qui ne cessera de s’alourdir au fil des semaines, avec un décès, plus de 400 blessés, et plusieurs dizaines d’interpellations.
Le 1er décembre, pour « l’acte III », la situation prend un tournant particulièrement inquiétant avec le saccage de la capitale.
Plus de 400 personnes, dont 133 manifestants, sont interpellées, soupçonnés de s’être livrés à des violences ou d’avoir incendié des commerces, des banques. L’Arc de Triomphe sera même tagué.
- Une réponse politique sous-calibrée
Face à l’ampleur du mouvement et à la détermination de ses leaders à faire poursuivre les manifestations et l’occupation de ronds-points stratégiques sur l’ensemble du territoire, l’Exécutif est très rapidement forcé à réagir.
Dans un exercice inédit, le Président Emmanuel Macron prend la parole début décembre 2018, pour annoncer une batterie de mesures destinées à augmenter le pouvoir d’achat des Français.
Au cours d’une allocution de 13 minutes tenue depuis l’Elysée, il annonce l’instauration de « l’état d’urgence économique et social ».
Quatre mesures viennent alors étayer sa volonté de calmer le mouvement social qui secoue le pays.
Il annonce que les salariés au SMIC (salaire minimum) vont être augmentés de 100€ mensuels à compter du 1er janvier.
Concernant cette augmentation, l’Elysée a ensuite précisé qu’elle ne sera pas versée comme salaire mais comme prime d’activité par la caisse d’allocation familiale.
Le chef de l’Etat annule parallèlement la hausse de la CSG (contribution sociale généralisée) pour les retraités qui touchent moins de 2000€.
Les heures supplémentaires sont également défiscalisées et Emmanuel Macron invite les patrons à verser des primes de fin d’année à leurs salariés.
Des gestes dont la facture s’élève entre 8 et 10 milliards selon une estimation directement fournie par le gouvernement.
- Malgré les gestes, le mouvement se renforce
« Une fois encore, une extrême violence est venue attaquer la République, ses gardiens, ses représentants, ses symboles », dénonce Emmanuel Macron dans une publication sur le réseau social Twitter début janvier 2019.
Il estime que « ceux qui commettent ces actes oublient le cœur de notre pacte civique » et affirme que « justice sera faite. »
Mais au-delà des manifestants ayant choisi la violence comme mode d’expression, les cortèges de mobilisation sont marqués, au fil des semaines, par des violences policières dénoncées de toutes parts.
Selon le décompte effectué par le journaliste David Dufresne, ce ne sont pas moins de 353 manifestants qui ont été gravement blessés durant ces manifestations.
Parmi eux, figurent une trentaine d’éborgnés et Zineb Rédouane, une octogénaire algérienne, décédée à l’hôpital à Marseille après avoir été touchée par un tir policier.
Ces événements de violences policières, ont accentué la défiance envers l’Exécutif, qui a choisi la voie répressive pour tenter d’éteindre la fronde.
- La crise sanitaire éteint la mobilisation
S’ils sont encore une poignée d’irréductibles, parfois visibles avec des gilets jaunes dans diverses manifestations, il ne reste aujourd’hui que très peu d’engouement autour du mouvement.
Les groupes créés sur les réseaux sociaux sont toujours forts de plusieurs centaines de milliers d’abonnés mais concrètement, sur le terrain, il n’en est rien.
C’est bien la crise sanitaire, marquée par les confinements et autres couvre-feux, qui est venue mettre un coup fatal à un élan populaire déjà en déclin.
Pendant plusieurs mois, les préfets, ont interdit les rassemblements, soumis les sorties à des attestations, et restreint l’accès à certaines zones urbaines, empêchant la formation de manifestations ou de rassemblements.
Mais en France, depuis la rentrée 2022, les prix des hydrocarbures atteignent des niveaux records, au moment où l’inflation se fait clairement ressentir sur le budget des ménages.
C’est précisément pour éviter toute résurrection d’une vague populaire de contestation, que le chef du gouvernement, Jean Castex, a annoncé fin octobre, le blocage des prix du gaz sur toute l’année 2022.
Il a également accordé une « indemnité inflation » d’un montant de « 100 euros (…) aux Français qui gagnent moins de 2 mille euros nets par mois », à six mois à peine, du scrutin présidentiel tant redouté.
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