France: Grève de l'audiovisuel public contre un projet de réforme controversé porté par la ministre de la Culture
- Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, les sociétés de journalistes des médias publics (France TV, France 3, Franceinfo, Franceinfo TV, Radio France, France 24, RFI) ont alerté sur les dangers d’une fusion de l’audiovisuel public
France
AA / Tunis / Majdi Ismail
L'ensemble de l'audiovisuel public en France est appelé à la grève ce jeudi 23 mai et vendredi 24 mai pour protester contre le projet de réforme de l'audiovisuel public porté par la ministre de la Culture Rachida Dati, qui doit être examiné en première lecture jeudi et vendredi à l’Assemblée nationale.
Des perturbations sont ainsi à attendre sur les différentes antennes, de France Télévision à Radio France en passant par France Médias Monde, et RFI. Un rassemblement est aussi prévu jeudi à l’appel des syndicats, à 13h30 devant le ministère de la Culture et près de l'Assemblée nationale.
Le texte de la proposition de loi adopté par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale prévoit la création d’une holding en 2025, ‘’France Médias’’, qui regrouperait France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dans le but de ‘’préparer la fusion-absorption de ces sociétés’’, et ce dès 2026.
Dans une tribune publiée mercredi dans le quotidien Le Monde, les sociétés de journalistes des médias publics (France TV, France 3, Franceinfo, Franceinfo TV, Radio France, France 24, RFI) ont alerté sur les dangers d’une fusion de l’audiovisuel public.
‘’Nous en sommes persuadés : la fusion de nos chaînes dans une entité unique entraînera nécessairement un appauvrissement de notre offre d’information’’, déclarent les signataires de la tribune, qui rappellent à cet effet l’échec des précédentes fusions.
‘’La fusion entre France 2 et France 3 a ainsi entraîné la disparition, sur France 3, des journaux télévisés Soir 3, 12/13 et 19/20 nationaux, malgré de très bonnes audiences’’, écrivent-ils.
Et d’insister : ‘’Non, les médias audiovisuels publics ne seront pas plus forts ensemble, contrairement à ce qu’affirment le gouvernement et certains élus de la majorité. Ils seront, au contraire, plus sensibles aux pressions, notamment politiques, une fois réunis sous une seule et même direction. Or, la garantie de l’indépendance de nos rédactions est un enjeu majeur, notamment face à la montée des populismes qui touche tous les pays européens.’’
Les signataires ont cité dans leur tribune le ‘’mauvais exemple’’ de la BBC qui a perdu 30 % de son budget, et supprimé 1 800 emplois sans compter la baisse du nombre de téléspectateurs à l’étranger, et ce, après la fusion entre les deux chaînes d’information du groupe, BBC News et BBC World Service.
Le projet de reforme qualifié de ‘’démagogique, inefficace et dangereux’’ par les signataires de la tribune, est rejeté par toute la gauche qui torpille holding comme fusion. LFI (La France insoumise) estime que ce projet est ‘’l’aboutissement du dénigrement et de l’affaiblissement’’ du service public opéré par le président français Emmanuel Macron.
‘’Ce n’est pas le retour de l’ORTF (structure ultra-centralisée qui regroupait l’audiovisuel public, critiquée pour son manque d’indépendance, ndlr) qui va nous permettre de concurrencer Netflix’’, fustigent les écologistes.
Pour Rachida Dati, ‘’l’audiovisuel public est aujourd'hui affaibli parce qu'en danger’’ eu égard à la ‘’concurrence exacerbée des groupes privés et des plateformes’’ dont Netflix, soulignant que le locataire de l’Elysée voulait cette réforme depuis 2017.
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