AA / Paris / Ümit Dönmez

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a lancé un appel vibrant à la mobilisation de ses militants, en déclarant qu'il est "minuit moins une" avant l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite en France.

Dans une vidéo postée sur YouTube le 19 juin 2024, elle a souligné la gravité de la situation politique actuelle, en prévenant que le président du Rassemblement national (RN) "Jordan Bardella pourrait entrer à Matignon" à l'issue des législatives anticipées et que l'Assemblée nationale pourrait bientôt être dominée par une majorité de députés d'extrême droite.

Le Rassemblement national, selon Binet, est clair sur ses intentions : la première loi viserait à "restreindre les libertés syndicales et le droit de grève", tandis que la deuxième loi prévoirait la privatisation de l'audiovisuel public, permettant à des figures comme Vincent Bolloré, propriétaire de nombreux médias étiquetés "extrême droite" de contrôler Radio France et France Télévisions, qui font partie du service public.

La dirigeante syndicale a mis en garde contre les conséquences potentielles de la prise de pouvoir par l'extrême droite, en soulignant que cela inclurait le contrôle de ministères clés comme l'Intérieur et la Justice, ce qui permettrait de museler les contre-pouvoirs et de sécuriser leur emprise sur le gouvernement jusqu'en 2027.

Sophie Binet a également rappelé les précédents historiques où la CGT a joué un rôle déterminant pour défendre la démocratie face aux menaces fascistes, évoquant notamment la mobilisation contre les ligues fascistes en 1934, le rôle dans le Conseil national de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, et la lutte contre les putschistes en Algérie dans les années 1960. "Nous avons déjà réussi à soulever des montagnes grâce à notre appel au front populaire", a-t-elle affirmé.

La secrétaire générale de la CGT a également souligné la nécessité de renforcer le syndicat, notant que les adhésions ont considérablement augmenté récemment. "Depuis 10 jours, les demandes d'adhésion ont été multipliées par 4 ou 5", a-t-elle indiqué, appelant à un accueil chaleureux des nouveaux membres et à une mobilisation accrue contre le fascisme et pour le progrès social.

Binet a conclu en exhortant les syndiqués à suspendre toutes les réunions avec les patrons pour se concentrer sur les débats et les actions de mobilisation sur le terrain. "Chers camarades, c'est la mobilisation de chacune et chacun d'entre nous qui changera le cours des choses", a-t-elle déclaré, appelant à être à la hauteur des responsabilités et à ne pas laisser l'histoire être écrite à l'avance.

Ce discours intervient dans un contexte politique tendu en France, où des élections législatives se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains, et où la montée de l'extrême droite inquiète de nombreuses organisations, notamment de gauche. La CGT, avec ses 600 000 membres, entend jouer un rôle crucial dans cette mobilisation contre ce qu'elle perçoit comme une menace pour la démocratie et les droits sociaux en France.