France: Jean-Marie Le Pen "déconseille amicalement" à Zemmour de se présenter à la présidentielle de 2022
- L'ancien chef du parti d'extrême droite, Front National (FN), et père de l'actuelle leader du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, s'est exprimé lundi, sur l'éventuelle candidature du polémiste français à l'élection présidentielle de 2022.
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AA / Paris / Ümit Dönmez
L'ancien président du parti d'extrême droite, Front National (FN), Jean-Marie Le Pen, a réitéré lundi, son opposition à une éventuelle candidature de journaliste Éric Zemmour à l'élection présidentielle française de 2022.
Au cours d'un entretien accordé au média d'extrême droite « Boulevard Voltaire », le candidat malheureux à cinq élections présidentielles françaises a d'abord tenu à souligner son amitié envers le polémiste.
« J'ai une grande sympathie pour Éric Zemmour, en particulier dans ses exercices de polémiste, et très précisément ceux-ci sont assez antinomiques d'une candidature à la présidence, car le polémiste, lui, taille dans le cru en quelque sorte, dans la chair vive n'est-ce pas, alors que le candidat à la présidence est plutôt un soigneur, un rassembleur : c'est pour ça que je déconseillerais amicalement à Éric si tant est qu'il en eût la tentation de se présenter à la présidence » prochaine, a répondu Jean-Marie Le Pen à la question du journaliste poursuivant par une remarque incisive :
« Pourtant "politique" et "polémiste", ce sont deux adjectifs qui vous vont assez bien, Jean-Marie Le Pen ».
Et l'ancien chef de l'extrême droite française de répondre : « C'est la raison sans doute pour laquelle je ne suis pas Président de la République ».
- Une campagne préélectorale d'Emmanuel Macron
Interrogé sur une éventuelle campagne préélectorale de la part du président français, Emmanuel Macron, Le Pen a avancé avec une pointe d'humour « que Macron ne peut pas se départir de l'envie de rencontrer des gens, étant un très grand solitaire ; alors il a envie de voir du monde ».
Et le président d'honneur du FN de 2011 à 2018 de poursuivre en notant que « depuis le début de la course et peut-être de son quinquennat, Macron n'a pas cessé de descendre dans la rue et d'aller à la rencontre des citoyens en parlant beaucoup, en s'expliquant. Je crois que c'est tout à fait contraire selon moi, à l'image que doit nous donner un chef d'État qui doit être distancié du grand public, n'intervenir que dans de rares circonstances bien choisies et généralement assez brièvement : exactement l'inverse de ce que fait Monsieur Macron », a estimé le politicien d'extrême droite parvenu au second tour de l'élection présidentielle française de 2002, remportée par Jacques Chirac avec 82 % des voix.
« Nous aurons l'occasion l'année prochaine de nous rendre compte des résultats », a enchaîné le politicien invétéré.
- Éventuelle victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2022
Interrogé sur l'éventualité d'une victoire du Rassemblement National (RN) dirigé par sa fille Marine Le Pen, et ayant succédé au Front national (FN) qu'il a fondé en 1972, Jean-Marie Le Pen a fait état d'une évolution de la pensée politique en France :
« Je crois que, si vous voulez, au cours des années, les événements ont rattrapé le jugement, les jugements qu'on portait à mon égard il y a 20, 30 ou 40 ans ; et les gens se disent "après tout Le Pen avait raison" ; et ceci bénéficie volens nolens au candidat du Rassemblement National d'une façon qui peut être fulgurante aux prochaines élections, car je pense que les gens vont sortir de la période de l’isolement (et si la pandémie le permet), mais à ce moment-là, ils vont se défouler et je crois qu'il y aura moins d'abstention que généralement et que le Front national (je dis toujours "le Front national moi), le Rassemblement national en sera le bénéficiaire », a noté Le Pen.
Interrogé sur les facteurs derrière la progression du mouvement d'extrême droite dans les urnes, Jean-Marie Le Pen a affirmé que du fait de « l'aggravation progressive et de plus en plus rapide des événements liés à l'immigration en particulier et à ses conséquences (l'insécurité, le chômage, etc.) qui sont responsables de cette évolution et je crois qu'elle va connaître aux élections prochaines, aussi bien régionales que départementales, un élan que j'appellerais "tremplinique", c'est-à-dire pour les prochaines élections 2022, les élections présidentielles », a répondu le chef historique de l'extrême droite française.
- La candidature de Dupond-Moretti, un « suicide » selon Le Pen
Répondant à la question du journaliste sur la candidature du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti dans les Hauts-de-France, aux élections régionales prévues dans deux semaines, et en confrontation directe avec la présidente du Rassemblement national, Jean-Marie Le Pen a estimé qu'« il y a plusieurs manières de se suicider : Monsieur Dupond-Moretti en aura choisi une qui sera forcément spectaculaire. Personnellement, je dois dire que j'aurai un grand plaisir à le voir mordre la poussière des Flandres », a déclaré le père de la candidate malheureuse de l'élection présidentielle de 2017.
« Si la France doit connaître un redressement, et elle n'a toujours qu'elle-même dans les circonstances les plus dramatiques et nous sommes dans une situation dramatique ; et bien, c'est peut-être le signal d'un redressement et qu'il se produise dans le fond, au bénéfice des patriotes qui se sont battus depuis les décennies pour sa grandeur et sa dignité ; et bien, ce serait justice et ça ne sera pas indifférent aux ministres d'Issel », a encore noté Le Pen.
- « La cinquième République est-elle prête à accueillir une femme comme présidente ? »
Interrogé sur l’éventuel handicap posé à sa fille pour l'élection présidentielle de 2022 du fait qu'elle soit une femme, Jean-Marie Le Pen a estimé qu'en effet, « c'est un handicap pour une femme en France, car les Français sont assez machos sur le plan électoral et à part Madame Édith Cresson [première ministre française de mai 1991 à avril 1992 sous la Présidence de François Mitterrand], il n'y a d'ailleurs pas eu de femmes au sommet du pouvoir, même en quelque sorte, comme Premier ministre ; mais je pense que c'est un handicap qui est en voie de résolution, que la candidate du Front national doit être capable de surmonter ce handicap », a affirmé le père de Marine Le Pen.
« C'est assez difficile de faire passer Marine Le Pen pour un Waffen SS, n'est-ce pas ? Alors, par conséquent, je crois qu'elle peut rassembler suffisamment de Français pour marquer une volonté décisive de rompre avec une décadence qui est mortelle dans son évolution. Donc, si les Français ont un espoir de redressement, ils doivent cristalliser en votant en particulier pour ceux qui ne se sont jamais départis de leur attitude de courage et de lucidité », a encore estimé Jean-Marie Le Pen.