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France : L’ancien patron du renseignement intérieur condamné à quatre ans de prison pour trafic d'influence

— Bernard Squarcini, ex-chef du renseignement intérieur, a écopé de quatre ans de prison, dont deux ferme, pour avoir utilisé ses réseaux au profit de LVMH et de Bernard Arnault.

Ümit Dönmez  | 07.03.2025 - Mıse À Jour : 08.03.2025
France : L’ancien patron du renseignement intérieur condamné à quatre ans de prison pour trafic d'influence

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AA / Paris / Ümit Dönmez

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, ce vendredi 7 mars, Bernard Squarcini à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, pour des faits de trafic d’influence et de compromission du secret professionnel.

La justice reproche à l'ancien patron du renseignement intérieur français d’avoir utilisé ses réseaux d’influence pour obtenir des informations confidentielles et accorder des avantages à plusieurs personnalités, dont Bernard Arnault, PDG de LVMH. Surnommé « le Squale », l’ancien chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a également écopé d’une amende de 200 000 euros et d’une interdiction professionnelle de cinq ans. La peine de prison ferme sera purgée sous bracelet électronique. Son avocate, Me Marie-Alix Canu-Bernard, a annoncé son intention de faire appel.

Lors du procès, le ministère public avait requis une peine de quatre ans de prison avec sursis et une amende de 300 000 euros, soulignant la gravité des faits reprochés. Le parquet a décrit un « haut fonctionnaire émérite » ayant pourtant failli à ses devoirs en usant de son influence pour des intérêts privés.

Bernard Squarcini comparaissait aux côtés de neuf autres prévenus, parmi lesquels figuraient l’ex-magistrat Laurent Marcadier, le préfet Pierre Lieutaud et des consultants en intelligence économique. Il était poursuivi pour onze chefs d’accusation, dont trafic d’influence passif, compromission du secret de la défense nationale et détournement de fonds publics. Si le tribunal l’a relaxé de certains chefs d’accusation et requalifié d’autres, il a néanmoins retenu des infractions majeures.

L’enquête avait révélé que Bernard Squarcini avait fait appel à des policiers pour obtenir des informations confidentielles sur des affaires sensibles, notamment l’affaire Cahuzac et une plainte d’Hermès contre Vuitton. Il était aussi accusé d’avoir facilité des procédures administratives, comme l’obtention de passeports et de visas, en exploitant son réseau d’influence.

Un volet marquant du dossier concerne la surveillance de François Ruffin et de son journal Fakir entre 2013 et 2016. À l’époque, le journaliste préparait son film Merci patron ! et prévoyait d’interpeller Bernard Arnault lors des assemblées générales de LVMH. Bernard Squarcini, alors reconverti dans le secteur privé, aurait orchestré cette surveillance pour le compte du groupe de luxe.

Devant le tribunal, Bernard Arnault a nié toute implication, affirmant n’avoir été « absolument pas au courant » de ces pratiques. Il a, en revanche, accusé François Ruffin d’instrumentaliser le procès, alors que LVMH a conclu en 2021 une convention judiciaire d’intérêt public de 10 millions d’euros pour éviter des poursuites.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, dénonçant un manque d’impartialité dans l’instruction et une procédure qu’ils jugent biaisée. Me Patrick Maisonneuve a souligné que Bernard Squarcini avait « consacré sa vie au service de la France » et contesté l’ensemble des accusations.

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