France : L’influenceur algérien Doualemn maintenu en rétention
- Ses avocats vont faire appel de la décision rendue ce dimanche par le juge des libertés et de la détention

Provence-Alpes-Cote d Azur
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
La demande de remise en liberté formulée par l’influenceur algérien Doualemn a été rejetée par le juge des libertés et de la détention, selon une information relayée par la presse française ce dimanche.
Alors qu’ils reste placé en rétention au Centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot en région parisienne, ses avocats ont annoncé qu’ils faisaient immédiatement appel de la décision.
D’après BFMTV, ses conseils pointent l’état de santé fragilisé de leur client qui doit être jugé le 24 février prochain dans l’Hérault (sud-est), pour une vidéo diffusée sur TikTok.
Mercredi, le tribunal administratif de Paris avait validé, le retrait du titre de séjour de l’influenceur dans une décision publiée en ligne.
La justice a néanmoins suspendu la mesure d’expulsion « en urgence absolue » diligentée par le ministère de l’Intérieur en raison du contenu de ses vidéos diffusées sur le réseaux social TikTok.
« Saisi par l’influenceur 'Doualemn', le juge des référés constate que les faits d’appel à la violence sur un opposant algérien résidant en Algérie, reprochés à l’intéressé sont susceptibles de représenter une menace grave à l’ordre public justifiant une expulsion » et « refuse de suspendre le retrait du titre de séjour prononcé par le ministre de l’intérieur », a-t-on indiqué.
En dépit de cette première partie de la décision, la juridiction administrative considérait que « le ministre de l’Intérieur ne pouvait procéder à l’expulsion de l’influenceur dans le cadre d’une procédure pour « urgence absolue », et suspend la mesure d’expulsion ».
La justice soulignait à cet égard « que le ministre de l’Intérieur n’établit pas les liens allégués avec d’autres influenceurs algériens radicalisés, et que la dernière condamnation pénale du requérant remonte à 23 ans ».
L’expulsion de l’intéressé « qui réside régulièrement depuis 15 ans en France, où résident ses deux enfants français ainsi que sa compagne française, ne relevait pas d’un cas d’urgence absolue permettant de priver l’intéressé, avant de l’expulser, de garanties essentielles telles que l’audition préalable par une commission de magistrats » et « le ministre de l’Intérieur devra le faire dans le cadre d’une procédure d’expulsion ordinaire », concluait la décision.
Ces déclarations interviennent alors que les tensions entre Alger et Paris se sont accrues ces dernières semaines après cette expulsion ratée.
Connu sous le pseudonyme de Doualemn, Boualem Naaman, âgé de 58 ans, avait été arrêté à Montpellier pour des faits qualifiés « d’incitation à la violence » sur TikTok, et envoyé vers l’Algérie avant de revenir sur le territoire français sur décision des autorités algériennes.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait évoqué des mesures de rétorsion si Alger « continue l’escalade ».
Dans un entretien sur LCI, il s’était dit « stupéfait » par le refus de l’Algérie de reprendre l’influenceur. Parmi les options évoquées figurent une révision des quotas de visas, une réduction de l’aide au développement ou des ajustements dans la coopération bilatérale.
« La France n’aura pas d’autre possibilité que de riposter si cette posture persiste » avait-il mis en garde.
De son côté, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait vivement critiqué la décision des autorités algériennes de refuser l’entrée de Doualemn, estimant, lors d’un déplacement à Nantes, que « l’Algérie cherche à humilier la France » et qualifiant cette situation de « seuil extrêmement inquiétant ».
En réaction, la diplomatie algérienne avait, dans un communiqué, dénoncé avec fermeté ce qu’elle a qualifié de « campagne de désinformation » menée par certains courants politiques en France, notamment l’extrême droite, à l’encontre de l’Algérie.
« L’Algérie n’est, d’aucune façon, engagée dans une logique d’escalade, de surenchère ou d’humiliation », avait affirmé la diplomatie algérienne qui accuse « l’extrême-droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français » de mener « une campagne de désinformation, voire de mystification, contre l'Algérie ».
Jugeant « arbitraire et abusive » l’expulsion de « Doualemn », la diplomatie algérienne considère qu’elle « a fourni à cette partie nostalgique de la France l'occasion de donner libre cours à ses règlements de compte historiques avec l'Algérie souveraine et indépendante ».
« Cette occasion a été bien mal-choisie. En effet, le ressortissant objet de l'expulsion vit en France depuis 36 ans. Il y dispose d'un permis de séjour depuis 15 ans. Il est père de deux enfants nés de son union avec une ressortissante française. Enfin, il est socialement intégré dans la mesure où il exerce un emploi stable depuis 15 ans », poursuivait le communiqué de presse.
Le Quai d'Orsay avait à son tour réagi à ces déclarations, via son porte-parole Christophe Lemoine. « Depuis quelque temps, les autorités algériennes ont adopté une attitude assez hostile vis-à-vis de la France », avait-il déclaré fin janvier sur France Info.
« Il n'y a pas de désinformation dans l'ensemble de cette séquence », avait-il ajouté, indiquant que la France a « atteint avec l'Algérie, un seuil extrêmement inquiétant » mais soulignant que la « posture de dialogue (...) existe encore à Paris ».
Lemoine était néanmoins resté évasif sur les éventuelles démarches que la France pourrait entreprendre pour répondre à l'Algérie.
« C'est une réflexion qui est en cours entre le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, et tout particulièrement son ministre Jean-Noël Barrot, et le ministère de l’Intérieur », avait-il noté.