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France : La militante pro-palestinienne Amira Zaiter condamnée à 3 ans de prison dont 2 avec sursis

- Elle va néanmoins être libérée et pourra effectuer sa peine d'un an de prison ferme sous bracelet électronique

Feiza Ben Mohamed  | 04.11.2024 - Mıse À Jour : 04.11.2024
France : La militante pro-palestinienne Amira Zaiter condamnée à 3 ans de prison dont 2 avec sursis

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

La militante pro-palestinienne Amira Zaiter, a été condamnée, lundi, par le tribunal correctionnel de Nice, à une peine de trois ans de prison dont deux avec sursis, pour plusieurs infractions qualifiées notamment d'apologie du terrorisme, a appris Anadolu de source proche du dossier.

Elle pourra effectuer sa peine d'un an de prison ferme sous bracelet électronique et va pouvoir être libérée de la maison d'arrêt de Nice où elle était emprisonnée depuis le 19 septembre dernier pour des publications en ligne.

Les magistrats ont, ainsi, été au-delà des réquisitions du parquet qui réclamait une peine de 30 mois de prison dont 18 avec sursis, aménageable sous bracelet électronique pour treize infractions d'apologie du terrorisme, apologie de crimes contre l'humanité et incitation à la haine.

Cette lourde condamnation fait suite à un procès intervenu le 21 octobre dernier et au cours duquel Amira Zaiter a eu à s’expliquer pendant plusieurs heures sur une série de publications diffusées sur le réseau social X (ex-Twitter) et en lien avec la situation à Gaza depuis le 7 octobre 2023.

Au cours de cette audience tendue à laquelle elle a été ardemment défendue par Maître Sefen Guez Guez, la jeune femme a longuement répondu aux questions du Président du tribunal correctionnel, de ses deux assesseurs, de la procureure, mais également des avocats du CRIF (conseil représentatif des instituons juives), de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), d’Ilan Choucroun (soldat niçois engagé dans les rangs de l’armée israélienne), et de l’OJE (organisation juive européenne) qui se sont constitués partie civile.

Elle a eu l’occasion d’exprimer ses regrets quant à la manière, parfois virulente, dont elle a réagi à l’émotion face aux attaques israéliennes qui s’abattent quotidiennement sur Gaza depuis l’attaque du 7 octobre.

« Le moteur c’est le génocide en cours, parce qu’il y a un génocide à Gaza et l’émotion. Je ne vise que le sionisme » a-t-elle répondu au parquet qui la questionnait sur les motivations de son engagement.

Et de poursuivre en réponse aux questions de son avocat: « Cette guerre a fracturé notre société. J’aurais voulu un hommage commun aux victimes civiles du 7 octobre et aux victimes palestiniennes à Nice mais seul un hommage aux victimes israéliennes a été organisé. C’est dommage. On a besoin de paix, d’apaisement. Même sur la façade de la mairie de Nice, le drapeau israélien est accroché. On aurait pu mettre aussi le drapeau palestinien ».

En toute fin d’audience, alors que le président lui redonnait la parole pour une ultime intervention, la jeune soignante a rappelé avec une vive émotion qu’un « génocide est en cours à Gaza » et que face à cette situation, elle a « voulu continuer » malgré « les intimidations nombreuses » et « les agressions ».

Dans le détail, Amira Zaiter, organisatrice de nombreuses manifestations pro-palestiniennes à Nice, a été arrêtée, placée en garde à vue puis en détention provisoire le 19 septembre dernier suite à des plaintes déposées par les organisations qui se sont portées parties civiles mais également à un signalement effectué par le Préfet des Alpes-Maritimes, sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale.

Parmi les publications incriminées qui ont valu à Amira Zaiter d'être mise en détention, figurent des messages dans lesquels elle rendait hommage aux dirigeants du Hamas, Ismaïl Haniyeh et à son successeur Yahia Sinouar, qu’elle qualifiait de « nouveau visage de la résistance » à l’été dernier.

« 11 mois de génocide, 11 mois que le drapeau de la honte flotte sur le fronton de la mairie, 11 mois qu’ils nous bercent avec le 7 octobre. Le 7 octobre était de la légitime défense. Le Hamas n’a pas terminé son travail », avait-elle notamment écrit le 7 septembre 2024 tandis que le 27 août elle publiait la photo d’un homme, torse nu, arborant un keffieh palestinien sur la tête et qui lui vaut aujourd’hui d’être accusée d’apologie d’acte de terrorisme.

Après avoir reconnu des formulations parfois maladroites, elle a longuement expliqué qu’elle n’était en rien « antisémite ou anti juive » mais qu’elle s’opposait « au sionisme » qu’elle décrit comme un courant politique qui vise à « éradiquer le peuple palestinien ».

À la fin d'une audience très politique, y compris après que les avocats des parties civiles s’en sont ouvertement pris à Maître Guez Guez, ce dernier a réclamé la relaxe de sa cliente en faisant la démonstration que la majorité de son propos relève du débat public et justifiant de la faible portée des publications de sa cliente qui ne compte que 500 abonnés sur X.

Le parquet s’est pour sa part dit « déçu » des « éléments de conclusion soulevés par la défense » et de la demande de relaxe formulée par Maître Guez Guez au vu de ce qu’il jugeait être des « infractions incontestables ».

« Nous ne sommes pas dans l’idéologie, nous ne sommes pas dans le soutien d’Israël », avait par ailleurs assuré le Ministère Public pour justifier sa demande de condamnation, estimant que ces « tweets méritent d’être sanctionnés ».

Ce dernier considère, en effet, que le fait pour Amira Zaiter d’avoir publié un message de « condoléance » après le décès d’Ismaïl Haniyeh, relève de la « glorification d’actes de terrorisme » et justifie donc sa condamnation en matière d’apologie du terrorisme.

Dans sa décision, le tribunal correctionnel de Nice a décidé d'assortir la peine de prison infligée à la militante, d'une peine de 10 ans d'inéligibilité. Elle devra également verser plus de 10 000 euros aux parties civiles et devra faire publier, à ses frais, sa condamnation dans les journaux Nice-Matin et Le Monde.







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