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France : "La présidence de la République savait au moins depuis 2022 que Nestlé trichait" (commission d'enquête)

Après le refus d’Alexis Kohler, d'être auditionné par la commission d’enquête sur le scandale des eaux en bouteille, celle-ci a dévoilé mardi des documents montrant des contacts entre le secrétaire général de l’Elysée et Nestlé

Ekip  | 08.04.2025 - Mıse À Jour : 15.04.2025
France : "La présidence de la République savait au moins depuis 2022 que Nestlé trichait" (commission d'enquête)

Tunis

AA/Tunis

Après le refus d’Alexis Kohler, d'être auditionné par la commission d’enquête sur le scandale des eaux en bouteille, celle-ci a dévoilé mardi des documents montrant des contacts entre le secrétaire général de l’Elysée et Nestlé.

« La présidence de la république était loin d’être une forteresse inexpugnable à l’égard du lobbying de Nestlé, au contraire les contacts sont fréquents et l’Elysée ouvre les portes de certains ministères au groupe suisse », a affirmé mardi Alexandre Ouizille, sénateur PS et rapporteur de la commission d’enquête.

« Les questions que nous aurions voulu poser à monsieur kohler : pourquoi ne pas avoir donné des instructions simples de respect de la loi aux ministères, pourquoi personne au sein de l’exécutif et surtout pas la présidence ne prend-t-il ce dossier à bras le corps pour en dégager le véritable enjeu, enfin pourquoi avoir donné tant de place à Nestlé dans les discussions alors que les autres groupes minéraliers français ne font l’objet d’aucune sollicitude particulière et ne sont même pas consultés lorsqu’il s’agit de modifier la réglementation », a détaillé le sénateur.

« Pourquoi cette position de Nestlé alors que l’Elysée sait que le groupe triche depuis des années », s’est encore interrogé le rapporteur de la commission.

Le secrétaire général de l’Élysée, qui devait être entendu au Sénat ce 8 avril, a décliné la convocation de la commission d’enquête sur le scandale des eaux en bouteille. Comme devant l’Assemblée nationale, le bras droit d’Emmanuel Macron invoque le principe de « séparation des pouvoirs ».

Un motif qu’il avait déjà utilisé pour décliner la convocation de la commission d’enquête sur le dérapage des comptes publics, en février dernier à l’Assemblée nationale. Alexandre Ouizille, sénateur socialiste et rapporteur de la commission d’enquête « regrette profondément qu’Alexis Kohler refuse de déposer ». De son côté, le président de la commission, le sénateur LR Laurent Burgoa, se dit « extrêmement déçu », rappelle Public Sénat.

L’audition du secrétaire général de l’Elysée devait éclairer les sénateurs sur les liens entre la présidence de la République et le groupe Nestlé, dans le cadre du scandale sur les eaux en bouteille. En février dernier, Le Monde et Radio France révélaient des échanges de mails entre l’Elysée et le groupe, avec l’objectif d’assouplir la réglementation sur la filtration des eaux minérales naturelles, précise la même source.

Sur demande de la commission d’enquête, l’Elysée a accepté de fournir ces documents aux sénateurs, arguant qu’ils n’enfreignaient pas le principe de séparation des pouvoirs. Un geste qui rend le refus d’Alexis Kohler d’autant plus « incompréhensible », juge Alexandre Ouizille : « Cette décision ne reflète pas l’esprit des échanges que nous avons eus avec M. Kohler par écrit. Je ne comprends pas pourquoi il serait conforme à la séparation des pouvoirs de nous transmettre des documents, mais pas de venir s’expliquer sur ces documents devant la représentation nationale. », rapporte encore la chaîne de télévision du Sénat français.

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