France : le Gouvernement adopte des mesures renforcées contre l’antisémitisme
- “Le Président de la République a marqué l’engagement de la France dans la lutte contre l’antisémitisme et toutes les haines...”, selon un communiqué de l'Elysée.
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Ankara
AA / Istanbul / Adama Bamba
Le gouvernement français a détaillé, à travers le compte rendu du conseil des ministres de ce mercredi 19 février, son plan d’action renforcé pour lutter contre l’antisémitisme, à la suite de la recrudescence des actes antijuifs depuis l'escalade du 7 octobre 2023 entre le Hamas et Israël.
Selon le communiqué, « l’antisémitisme connaît une importante recrudescence », un phénomène amplifié par la montée des violences ciblant spécifiquement les membres de la communauté juive.
Le texte précise qu'« en 2023, 1 676 actes antisémites ont été commis dans 95 départements sur 101 ». Il ajoute que « les actes antisémites représentent aujourd’hui 62 % de l’ensemble des faits antireligieux ».
Le communiqué explique également que les dispositifs de sécurité ont été renforcés par le gouvernement, notamment par la surveillance de « plus de 800 sites » sensibles depuis 2015, en particulier les synagogues et les écoles juives.
Cependant, ces mesures semblent se heurter à une réalité persistante et complexe : « le risque s’est multiplié et dilué », frappant non seulement des lieux exposés, mais aussi des individus dans des contextes privés.
Face à ce constat, le gouvernement français a opté pour une « philosophie universaliste et une logique interministérielle » dans le cadre du plan PRADO lancé en 2023. Ce plan prévoit des actions éducatives et préventives, telles que « l’obligation d’une visite mémorielle au cours de la scolarité » et des « actions de formation des professionnels ».
Le communiqué souligne que les auteurs des actes de protestation contre Israël sont de plus en plus jeunes, avec « 42 % des mis en cause pour des faits d’antisémitisme » ayant moins de 35 ans.
« Près d’un quart des moins de 35 ans jugent ‘acceptable’ ou ‘compréhensible’ le fait de taguer une synagogue ou un commerce supposé juif pour manifester leur opposition à la politique israélienne », indique le communiqué.
Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a lancé les Assises de lutte contre l’antisémitisme le 13 février 2025, avec pour objectif de réfléchir à « l’évolution nécessaire de notre arsenal juridique et législatif pour garantir une sanction plus efficace de tous les actes et discours haineux », précise le communiqué.
Les groupes de travail sur l’éducation devront « identifier les leviers pédagogiques et les actions de responsabilisation indispensables pour éduquer nos enfants, adolescents et jeunes adultes, sensibiliser leurs parents et enseignants, à l’école comme dans l’enseignement supérieur, contre les préjugés, les appels à la division et les actes de haine et de violence », souligne-t-on de même source.
Le texte insiste sur le fait que « l'État met en œuvre d’ambitieux plans nationaux » pour garantir une société véritablement inclusive et unie.
Ce communiqué du conseil des ministres intervient alors que le Sénat français a adopté une proposition de loi portée par Les Républicains (LR) visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives et les piscines municipales.
Le texte, adopté par 210 voix contre 81, interdit toute tenue manifestant une appartenance politique ou religieuse lors des compétitions organisées par les fédérations délégataires de service public et restreint l’usage des équipements municipaux à des fins religieuses.
Cette mesure a suscité de vifs débats. Patrick Kanner, président des sénateurs socialistes, a dénoncé une instrumentalisation de la laïcité contre les musulmans, tandis que la sénatrice écologiste Mathilde Ollivier a critiqué une volonté d’exclure les femmes musulmanes du sport. Yannick Jadot, sénateur écologiste, a fustigé une « obsession de la droite » envers l’islam.
Dans ce contexte, l'attention portée aux actes jugés antisémites contraste avec le traitement réservé aux discriminations touchant les musulmans, souvent reléguées au second plan.
Tandis que toute critique d’Israël est rapidement assimilée à de l’antisémitisme et fait l’objet de fermes condamnations, les atteintes aux libertés religieuses des musulmans, comme l'interdiction du voile dans le sport, peinent à susciter la même indignation.
Le texte, qualifié de discriminatoire par les Nations unies, doit désormais être examiné à l’Assemblée nationale.
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