France: le leader du groupe néofasciste ‘’Ligue ligérienne’’ est le fils du directeur général de la police nationale
- Le fils de Louis Laugier, directeur général de la police nationale, a cofondé un groupe néofasciste nantais, selon StreetPress. Interrogé par Mediapart, Place Beauvau n’y voit pas de problème

France
AA / Tunis / Majdi Ismail
Le fils de Louis Laugier, directeur général de la police nationale française (DGPN), Stanislas Laugier, est le cofondateur de la Ligue ligérienne - groupe néofasciste nantais - dont il est aujourd’hui secrétaire général, a rapporté ce vendredi Mediapart d’après les révélations de StreetPress.
Organisation néofasciste fondée en 2020, la Ligue ligérienne se décrit comme une ‘’communauté nantaise enracinée’’. Elle articule son action militante autour d’entraînements aux sports de combat, de conférences avec d’autres membres des sphères radicales et des rencontres avec des groupuscules d’extrême droite.
Selon Mediapart, une conférence de la Ligue ligérienne avait été interdite par la préfecture de Loire-Atlantique il y a quelques semaines. Elle devait accueillir Jean-Eudes Gannat, figure de l’extrême droite radicale qui prône ‘’la sécession’’ face à une France ‘’en état de mort cérébrale’’. Le groupe de Jean-Eudes Gannat, l’Alvarium, a été dissous en 2021 sur décision de Gérald Darmanin, en raison de ses appels ‘’à la violence et à la discrimination’’ et un ‘’discours de haine assumée’’, comme le précisait le décret de dissolution.
Malgré cela, le groupuscule de Stanislas Laugier a bravé l’interdiction, permettant à Jean-Eudes Gannat de disserter sur le populisme devant ses sympathisants. ‘’Ils veulent nous bâillonner ? Nous ferons condamner l’État pour excès de pouvoir’’, annonçait-il alors, après avoir demandé – en vain – au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, d’intervenir pour autoriser la conférence.
En mai 2024, la Ligue ligérienne avait aussi appelé à participer à la marche du Comité du 9 mai (C9M) à Paris, rassemblement néofasciste qui voit chaque année des centaines de militants cagoulés défiler sous des croix celtiques dans les rues de la capitale.
La manifestation - interdite par le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avant d’être autorisée finalement par le tribunal administratif - avait été marquée par des intimidations et des menaces proférées à l’encontre de plusieurs journalistes qui couvraient l’événement.
Contactée par Mediapart, le ministère français de l’Intérieur a balayé toutes les questions concernant les révélations de StreetPress sur le fils du directeur de la police nationale, estimant qu’’’il n’y a pas de sujet Laugier dans cette affaire’’.
‘’Le DGPN n’est pas responsable de ce que pense ou dit son fils de 33 ans’’, indique l’entourage de Bruno Retailleau. Et d’ajouter : ’’dans ses fonctions actuelles ou passées, il n’y a jamais eu le moindre soupçon d’impartialité ou d’influence politique sur ses activités.’’
Au sujet de l'activité de la Ligue ligérienne, qui appelle à participer à des manifestations interdites ou organise des formations avec un groupe objet d’une procédure de dissolution, Place Beauvau a souligné que ‘’Les associations qui ont des idées radicales ne sont pas interdites en France. S’il y avait un délit ou des poursuites, la question se poserait. Si la conférence à Nantes avait finalement été autorisée parce qu’il y avait le fils du DGPN, là ça aurait posé souci mais ce n’est pas le cas.’’