France : Le logement s’enfonce dans la crise, alerte un rapport
- "Tous les signaux sont au rouge", constate la Fondation pour le logement des défavorisés dans son rapport annuel
France
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Le logement en France s'enfonce dans la crise avec "4 millions de personnes mal-logées et 12 millions fragilisées par la crise du logement", alors que l'année 2024 a été "presque blanche" en matière de politique du logement, a alerté la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) dans son rapport annuel rendu public lundi.
La Fondation qui présente dans son rapport une estimation du nombre de personnes mal logées en France, "en attendant la publication de l’intégralité des données de définitives", relève que "4,2 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel. Outre ces situations les plus graves, 12,2 millions de personnes sont touchées à des degrés divers par la crise du logement".
"L’année 2024 a été ponctuée de nombreux rappels que le mal-logement continue ses ravages. De manière assez silencieuse et insidieuse, le froid cause une surmortalité de 10 000 personnes chaque hiver, et la chaleur de 5 000 chaque été lors des canicules, aggravées par la mauvaise isolation des logements, d’après France Stratégie et Santé publique France", indique le rapport consulté par Anadolu.
"À 49 ans en moyenne, 735 personnes sont mortes à la rue en 2024, le chiffre le plus élevé jamais dénombré par le Collectif Les Morts de la Rue ces 12 dernières années", pointe encore le rapport, notant que "le décompte des morts de la rue montre bien que vivre à la rue tue tout au long de l’année, été comme hiver".
La Fondation pour le logement des défavorisés évoque également un "nouveau record établi cette année avec plus de 100 000 expulsions de personnes vivant en lieux de vie informels (squat, bidonville, campement, etc.)". "Avec à chaque fois le même résultat : une invisibilisation des personnes mal-logées, un report des difficultés et une défiance accrue entre institutions et habitants", regrette-t-elle.
Affirmant que "tous les signaux sont au rouge et les motifs d’espoir sont bien rares", la Fondation livre à travers ce 30e rapport "une nouvelle estimation à 350 000 du nombre de personnes sans domicile, en hébergement ou à la rue, où dorment chaque soir des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants". En parallèle, la demande de logement social "connaît une progression constante ces dernières années pour compter plus de 2,7 millions de ménages en 2024" alors que "le nombre de logements sociaux disponibles à la location suit une pente inverse" avec "393 000 attributions en 2023, soit près de 100 000 de moins qu’en 2016". "Moins d’un demandeur sur cinq reçoit désormais une réponse positive dans l’année et les délais pour obtenir un logement social peuvent atteindre plusieurs années", avance-t-on.
Le rapport évoque également la situation à Mayotte, département d'outre-mer ravagé par le cyclone Chido au début du mois de décembre 2024, où "la plupart des victimes sont à dénombrer parmi les 100 000 habitants des logements informels des bidonvilles de l’île, trop fragiles pour protéger des phénomènes climatiques extrêmes".
Face à cette situation alarmante, la réponse politique n'a pas été à la hauteur des défis, pointe le rapport. "Malgré l’approfondissement de la crise de la construction, malgré le grippage du marché immobilier, malgré tant d’alertes sociales sur le front du mal-logement accentuées par l’inflation, les politiques se sont contentées d’attentisme, de faux débats et de stigmatisations qui ne font pas honneur à la politique", constate-t-on.
Le rapport montre d’ailleurs "un effort budgétaire national en faveur du logement historiquement bas, aggravant les tensions pour les ménages et les difficultés pour le secteur ; des réalités pourtant reconnues par une large palette de sensibilités politiques".
La Fondation alerte qu’avec sept mois "sans ministre du Logement en état de prendre d’importantes décisions", l’année aura été "presque blanche".
"Le mal-logement a des causes politiques et appelle des solutions politiques", estime-t-on.