
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le téléphone portable de Jean-Noël Barrot, ex-ministre des Affaires étrangères, a été piraté fin novembre, révèle un article de Mediapart publié le 5 décembre. L’incident s’est produit lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, en Italie, quand le ministre a cliqué sur un lien hypertexte malveillant envoyé via l’application de messagerie Signal. Ce lien, associé à une tentative de phishing, a permis à des attaquants de compromettre son appareil Samsung personnel.
Quelques jours plus tard, Abdullatif al-Zayani, ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, a reçu un message suspect provenant de l’identité numérique de Jean-Noël Barrot. Ce message, rédigé en anglais, proposait un échange téléphonique. Soupçonnant une usurpation d’identité, le ministre bahreïni a immédiatement alerté les autorités françaises, confirmant ainsi l’existence d’une intrusion.
L’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) a été saisie pour enquêter sur l’incident. Cependant, l’enquête s’est rapidement heurtée à des obstacles. Selon Mediapart, Jean-Noël Barrot a dans un premier temps accepté des analyses limitées de son téléphone, excluant des techniques d’extraction approfondies. Ces restrictions ont compliqué la recherche de preuves sur l’utilisation potentielle de logiciels espions tels que « Pegasus » ou « Predator ».
Dans un souci de sécurité, l’entourage de Jean-Noël Barrot a indiqué avoir appliqué des mesures préventives : le téléphone a été placé en mode avion, et l’usage d’un routeur individuel pour les connexions réseau a été instauré. L’ANSSI a néanmoins recommandé un remplacement complet de l’appareil.
L’attaque s’inscrit dans un contexte de menaces accrues contre les membres du Gouvernement français. Avant ce piratage, d’autres incidents avaient été rapportés, notamment une tentative d’hameçonnage par Telegram visant des députés et une ancienne ministre. Une enquête distincte avait été ouverte pour ces cas.
Les investigations sur l’incident impliquant Jean-Noël Barrot sont toujours en cours. Le ministère des Affaires étrangères, sollicité par plusieurs médias, n’a pas souhaité commenter l’affaire, selon Mediapart.