AA / Tunis / Fatma Ben Amor

Mis en retrait de l'antenne de la radio privée RTL pour avoir comparé les massacres commis par la France coloniale en Algérie à ceux commis par les nazis à Oradour-sur-Glane, le journaliste Jean-Michel Aphatie a annoncé ce dimanche quitter la station.

"Je ne reviendrai pas à RTL. C’est ma décision", a affirmé le journaliste sur le réseau social X.

Evoquant sa mise en retrait, il a expliqué avoir, dans un premier temps, "compris et admis la démarche des dirigeants de RTL. Je l’ai trouvé équilibrée et respectueuse à mon égard". "Et puis, le jour de suspension est arrivé. C’était mercredi dernier. À partir de là, concrètement confronté à ce qu’il faut bien appeler une punition, ma perception de la situation s’est modifiée", a-t-il poursuivi.

Apathie a estimé que "même décidée dans le cadre d’un dialogue serein et compréhensif, une punition reste une punition". "Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir", a-t-il souligné.

Revenant sur la colonisation de l'Algérie, Jean-Michel Aphatie a campé sur ses positions. "Ce que j’ai lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux m’a horrifié. Les massacres de musulmans se sont succédés tout au long des 132 ans d’occupation", a-t-il insisté, parlant aussi des "servitudes archaïques et injustes" imposées aux Algériens, dans le cadre du "statut dit d’indigénat".

"Tout ceci dresse un tableau indigne de la France au regard des valeurs d’humanité qui font sa réputation dans le monde", a-t-il estimé, affirmant avoir "vécu comme une injustice maintenue l’absence de reconnaissance officielle par le colonisateur des traitements dégradants infligés à cette population". Et d'ajouter : "Pour cette raison, et pour cette raison seulement, je ne peux pas accepter d’être puni pour les avoir répétés".

"Un jour, c’est mon espoir, la France, mon pays, conviendra de sa part d’inhumanité dans l’histoire", a conclu le journaliste.

Pour rappel, Jean-Michel Apathie avait été écarté de l’antenne pour une semaine, par la direction de RTL (qui appartient au groupe M6), après avoir comparé, fin février dernier, les massacres de la France coloniale en Algérie à celui d’Oradour-sur-Glane, survenu le 10 juin 1944, et lors duquel, une unité de la Waffen SS Das Reich avait massacré 642 habitants de ce village. "Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village, avait-il rappelé. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? ", avait-il lancé à l’antenne.