France Télévisions revient sur sa décision de déprogrammer le documentaire sur l’usage des armes chimiques en Algérie
- Le service public a justifié sa déprogrammation du film documentaire par « la nécessité de se consacrer à l’actualité entre les Etats-Unis et la Russie ».

Algeria
AA/Alger/Aksil Ouali
Le groupe audiovisuel public français, France télévisions, revient sur décision de déprogrammer le film documentaire sur l’usage par l’armée coloniale des armes chimiques pendant la guerre d’Algérie. Il s’agit du documentaire « Algérie, Sections Armes spéciales », diffusé en exclusivité, dimanche dernier, par la chaîne suisse RTS, et prévu dimanche 16 mars sur France 5.
Le service public français ne précise, cependant pas, la nouvelle date diffusion de ce documentaire inédit. Mardi 11 mars, et à la surprise générale, France télévision a annoncé, sa décision de sursoir à la diffusion du documentaire. Dans son communiqué, le service public français a justifié cette « déprogrammation des documentaires, initialement prévus en soirée le 16 mars, par la nécessité de se consacrer à l’actualité entre les États-Unis et la Russie ».
Cependant, alors que le film d’Édith Bouvier, qui devait passer en prime time sur France 5, « Syrie : la chute du clan Assad », a reçu, dans la foulée, une nouvelle date de diffusion, soit le 23 mars prochain, la boîte de production du documentaire « Algérie, Sections Armes Spéciales » est restée, elle, sans aucune proposition.
Cette décision a suscité des réactions en France et en Algérie. « La diffusion (…) de ce film événement, prévue le 16 mars, a été déprogrammée par France Télévision. Pour l’heure, pas de nouvelle date. No comment », avait écrit sur les réseaux sociaux l’historien français Fabrice Riceputi.
Et d’ajouter : « On a parlé de la torture, des massacres, des viols, des déplacements de population… Mais la guerre chimique est un sujet qui était passé inaperçu ».
Cette décision intervient dans un contexte marqué par la dégradation des relations entre les deux pays. Une situation aggravée par le lourd contentieux historique entre les deux pays. Le documentaire est réalisé par Claire Billet qui a pu mettre au jour un dossier gardé secret pendant près de 70 ans.
La réalisatrice s’est appuyée aussi sur les travaux de l’historien Christophe Lafaye, engagé dans un mémoire d’habilitation de recherche consacré à ce sujet. Recueillant témoignages et documents, elle a révélé, pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, l’usage de ces armes par la colonisation française.
Pourtant, la France était parmi les 135 Nations ayant signé le Protocole de Genève de 1925 contre ces armes. « Avec la torture et le déplacement des populations, la guerre chimique est le dernier élément d’une série de brèches dans les engagements internationaux de la France que celle-ci a bafoués pour mener sa guerre coloniale. De 1954 à 1959, la France coloniale n’a pas hésité à gazer, notamment dans les zones montagneuses difficiles d’accès, des populations sans défense », précise le documentaire.