AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

Vehbi Erdogan, 23 ans, est un jeune français d'origine turque. En janvier dernier, il ouvre, à Bourgoin-Jallieu, sa ville natale, un salon de coiffure.

Mais depuis lundi, le commerce de ce père de famille sans histoires est devenu la cible de nombreux internautes, en réaction à une publication du militant identitaire Damien Rieu, sur le réseau social X. Il a décidé de déposer plainte.

Accompagnée de la seule légende "coiffeur turc à Bourgoin", la photo de son salon de coiffure baptisé "Hair Dogan" (en référence à son nom de famille) a été vue 3 millions de fois.

Si la plupart des commentaires ont ouvertement dénoncé la démarche de Damien Rieu et sont venus soutenir le coiffeur, ce dernier est menacé depuis les faits.

"Il va cramer ton salon tu verras", "j'espère qu'il y aura des problèmes", ou encore "toujours bien de confirmer que vous êtes des ennemis à combattre" peut-on notamment lire sur X.

Certains ont même été jusqu'à laisser des avis négatifs sur Google, en affirmant que son salon est "mal fréquenté", tandis que d'autres estiment que le commerce est "certainement une cache pour les islamistes".

Joint par Anadolu, Vehbi Erdogan explique avoir déjà "remarqué que des passants photographiaient le salon mais sans jamais savoir ce qu'ils faisaient des clichés".

"Au début, je ne prenais pas au sérieux mais quand j’ai vu qu’il faisait 3 millions de vues ça a commencé à m’inquiéter. J'ai une femme, une fille, on ne sait pas ce qui peut arriver", détaille le jeune coiffeur originaire de Yozgat, dans le centre de la Türkiye.

Et de poursuivre: "C'est de la turcophobie. Ils mêlent mon commerce à de la politique alors que c'est juste mon gagne-pain. Ils appellent à la haine par pur racisme contre les turcs".

Il précise avoir déjà rédigé une pré-plainte en ligne, qu'il doit aller valider au commissariat dans la journée de jeudi.

A noter que le militant Damien Rieu fait déjà l'objet de plusieurs procédures pénales en raison de ses publications en ligne.

Il a notamment fait l'objet d'une plainte du footballeur Karim Benzema après l'avoir accusé de soutenir le terrorisme. En mai dernier, il a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour des faits de harcèlement envers une ancienne journaliste de RTL dont il a publié les données personnelles.

La milice d'extrême-droite "Génération identitaire" dont il est l'un des fondateurs, a été dissoute en 2021 par le gouvernement qui l'accusait de porter un discours de haine incitant à la discrimination ou à la violence envers des individus en raison de leur origine, de leur ethnie, et de leur religion.