France : un CRS jugé à Paris pour blessures involontaires après la mutilation d’un manifestant en 2018
- Le procès d’un CRS, accusé de négligences lors du lancement d’une grenade ayant mutilé un gilet jaune, se tiendra au tribunal correctionnel de Paris.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Un membre des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) sera jugé à Paris pour blessures involontaires, après avoir causé la mutilation de Gabriel Pontonnier, un manifestant "gilet jaune". Ce dernier, âgé de 21 ans au moment des faits, a perdu une main lors de l’explosion d’une grenade en novembre 2018 à Paris, a rappelé France Bleu Maine.
Selon les avocats de la victime, Mes William Bourdon et Aïnoha Pascual, cités par le média local, cette décision judiciaire constitue une avancée importante après plus de quatre ans d’instruction. Le juge a estimé que le CRS n’avait pas eu l’intention de blesser, mais n’avait pas respecté les précautions nécessaires en lançant une grenade malgré une visibilité réduite due à la fumée et l’obscurité.
Dans une ordonnance rendue le 4 décembre, le magistrat a critiqué l’absence de supervision lors de l’intervention et le fait que le policier n’avait pas annoncé son tir. Ces négligences auraient contribué à l’accident tragique survenu pendant une manifestation sur les Champs-Élysées.
En avril dernier, le ministère public avait requis un non-lieu, soutenant que l’usage de cette grenade était "nécessaire et proportionné" dans un contexte de "situation insurrectionnelle". Ces arguments avaient été corroborés par l’IGPN, qui avait évoqué une autorisation orale donnée par le préfet de police pour l’utilisation de l’arme.
Pour Dominique Pontonnier, mère de Gabriel, ce procès représente un espoir après des années d’épreuves. "Ils ont fracturé nos vies", a-t-elle confié à France Bleu Maine, décrivant les séquelles physiques et psychologiques de son fils, incapable de travailler ou de reprendre une vie normale.
Entre novembre 2018 et novembre 2019, le mouvement des Gilets jaunes en France a entraîné des violences significatives lors des manifestations. Selon le ministère français de l'Intérieur, environ 2 500 manifestants et 1 800 membres des forces de l'ordre ont été blessés au cours de cette période.
Parmi les manifestants blessés, au moins 23 ont été éborgnés, souvent à la suite de tirs de lanceurs de balles de défense ou de lancers de grenades.
Les Nations unies, le Défenseur des droits, le Conseil de l’Europe, ainsi que des ONG telles que Amnesty International, ont exprimé leurs inquiétudes concernant « l’usage excessif de la force en France » et des « restrictions » que cela entraîne sur le droit pour les personnes de manifester pacifiquement.