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France : Un enseignant suspendu après un appel au boycott d'Israël

- La suspension de Benoît Huou a déclenché une onde de choc parmi ses collègues et étudiants.

Ümit Dönmez  | 05.09.2024 - Mıse À Jour : 05.09.2024
France : Un enseignant suspendu après un appel au boycott d'Israël

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Un enseignant contractuel de la Toulouse School of Economics (TSE) a été suspendu après avoir ouvertement exprimé son soutien au boycott d'Israël, selon une information rapportée par Le Monde.

Benoît Huou, enseignant en mathématiques à la TSE, a été suspendu à titre conservatoire suite à des propos tenus lors de l'introduction de son cours le 3 septembre. Par voie de communiqué, la direction de l'établissement a précisé que ces déclarations, qui ne concernaient pas la matière enseignée, constituaient "une infraction à l’obligation de réserve" imposée aux agents publics. Selon Christian Gollier, directeur de la TSE, l'école est un lieu où les savoirs doivent être partagés de manière impartiale, sans que des prises de position personnelles interfèrent dans l'enseignement. Le cas sera examiné dans le cadre d'une procédure disciplinaire interne.

L'incident a débuté lorsque l'enseignant a évoqué un texte paru dans la revue « The Lancet », une publication scientifique de référence dans le domaine de la santé. Cette lettre, signée par plusieurs chercheurs, avançait une estimation selon laquelle près de 200 000 Palestiniens auraient perdu la vie à cause des offensives israéliennes depuis la fin de l'année 2023. Benoît Huou a relayé ce chiffre devant ses étudiants, soulignant « l'ampleur inédite » du conflit et dénonçant ce qu’il a qualifié de « guerre à sens unique ». Un enregistrement de ses propos a été diffusé sur le réseau X (anciennement Twitter) par le compte pro-israélien Sword of Salomon, qui a alerté les autorités universitaires.

« Tout le monde y passe, des enfants aux personnes âgées. De mon vivant – j’ai 35 ans –, je n’ai jamais vu une telle boucherie », a-t-il affirmé devant deux cents étudiants, selon les propos rapportés par Le Monde. L'enseignant a également critiqué le traitement médiatique du conflit, jugeant que la responsabilité des événements actuels ne devait pas être uniquement imputée au Hamas. Il a ouvertement appelé au boycott d'Israël et a conclu ses remarques en dénonçant « le soutien tacite du gouvernement français » à Israël.

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, est également intervenue dans le débat. Par un message publié sur X, elle a déclaré que les institutions universitaires avaient pour mission de « bâtir une société meilleure » et de « lutter contre les fake news et les amalgames nauséabonds ». Elle a souligné que l’enseignement supérieur doit se prémunir contre toute forme de discrimination, notamment l'antisémitisme.

Le texte publié dans « The Lancet », sur lequel Benoît Huou s'est appuyé pour appuyer ses propos a été coécrit par Rasha Khatib, Martin McKee et Salim Yusuf, des chercheurs en santé publique, qui estiment que jusqu'à 186 000 Palestiniens auraient perdu la vie, directement ou indirectement, en raison du conflit.

La suspension de Benoît Huou a déclenché une onde de choc parmi ses collègues et étudiants. Certains défendent la liberté d’expression académique, à l’instar de Yann Bisiou, maître de conférences en droit, qui a déclaré sur X que les propos de l’enseignant ne devraient pas justifier une sanction. « On peut contester les propos de ce collègue, critiquer le manque de fiabilité de ses sources, mais on ne devrait pas le sanctionner pour avoir exprimé une opinion », a-t-il affirmé.

Israël poursuit son offensive brutale sur la bande de Gaza depuis une attaque du groupe palestinien Hamas le 7 octobre dernier, et malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat.

L'attaque israélienne a causé la mort de plus de 40 700 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et plus de 94 100 blessés, selon les autorités sanitaires gazaouies.

Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de Justice, qui a ordonné l'arrêt des opérations militaires dans la ville de Rafah, dans le sud de l'enclave palestinienne où plus d'un million de Palestiniens avaient trouvé refuge avant que la zone ne soit envahie par les forces israéliennes, le 6 mai.




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