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Grève de la faim pour la Palestine : des militants français mobilisés à Genève

- "L’humanité est aujourd’hui réellement en danger. C’est pourquoi nous avons commencé cette grève à huit personnes en France, nous sommes maintenant quinze"

Muhammet İkbal Arslan  | 21.04.2025 - Mıse À Jour : 21.04.2025
Grève de la faim pour la Palestine : des militants français mobilisés à Genève

Geneve

AA / Genève /Muhammet İkbal Arslan

Dans le cadre de l’appel "Justice pour la Palestine", les grévistes de la faim ayant entamé leur mouvement à Marseille, dans le sud de la France, le 31 mars, se sont rendus à Genève, en Suisse, pour chercher du soutien et faire entendre leur voix.

Le médecin français, Pascal André, et Amina Mansouri, une retraitée française, ont répondu aux questions d'Anadolu au sujet de leur mobilisation.

Rappelant qu’il faisait partie des médecins présents à Gaza depuis avril dernier, Pascal André a déclaré : "Nous avons commencé une grève de la faim à Marseille le 31 mars avec de nombreux citoyens. Nous avons ensuite visité 12 villes françaises pour rencontrer la population. Les attaques israéliennes à Gaza violent clairement le droit international, qui est pourtant limpide".

Il a ajouté que, sur place, leurs collègues palestiniens les avaient remerciés mais leur avaient aussi demandé de repartir, en raison des souffrances qu’ils enduraient depuis des décennies.

"J’ai passé beaucoup de temps à essayer de changer les mentalités dans la politique française, à Bruxelles et dans les médias, mais tout a été bloqué", a-t-il déploré, dénonçant un climat de peur et de silence.

Il a poursuivi : "L’humanité est aujourd’hui réellement en danger. C’est pourquoi nous avons commencé cette grève à huit personnes en France, nous sommes maintenant quinze. Et nous allons élargir le mouvement ailleurs en Europe. Certains employés de la Commission européenne et du Parlement européen participeront à une grève de la faim à Bruxelles le 24 avril. Nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe. Le silence face à la Cisjordanie et à Gaza équivaut à une reddition. Il est temps de parler du génocide et de se battre pour l’humanité. Ce soutien armé à Israël est inacceptable, ce n’est pas négociable".

Il a aussi réclamé que le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu soit appliqué par la France et les pays européens, et que toute coopération entre l’Union européenne et Israël soit suspendue.

"Car les droits humains ne sont pas respectés. Le droit international est bafoué. Mettre fin à cette coopération est un devoir politique pour l’Europe", a-t-il insisté.

Il a également souligné l’importance, selon lui, de réunifier l’État de Palestine, et affirmé que toutes leurs revendications visaient à faire pression sur le gouvernement d’extrême droite en Israël, qui ne respecte pas les principes de coexistence.

"Nous n’avons aucune hostilité envers les Juifs. Ce mouvement n’a rien d’antisémite. Il s’agit uniquement d’un élan moral et de conscience. Il faut mettre fin à l’impunité des politiques qui bâillonnent les citoyens. C’est terminé, nous sommes déterminés", a-t-il affirmé.

Malgré leur grève de la faim prolongée, André a souligné n’avoir reçu aucun soutien de la part des médias français, ni en Suisse, attribuant cela à la peur.

Il a précisé que parmi les grévistes se trouvaient des soignants ayant directement été témoins des atrocités à Gaza, ainsi que d'autres citoyens.

"Nous mettrons fin à la grève seulement si des responsables politiques nous écoutent et prennent des mesures concrètes. Faut-il vraiment se priver de manger pour faire changer les choses ? Nous ne nous arrêterons pas, nous sommes résolus. J’ai perdu 12 kilos", a-t-il confié.

Il a ajouté que certains de ses collègues à Gaza, bien qu’ayant perdu jusqu’à 25 kilos, continuaient d’apporter des soins. Le mouvement prend de l’ampleur, a-t-il dit, et participer à cette grève de la faim est "très simple".


— "Les gouvernements doivent respecter le droit humanitaire international qu’ils bafouent depuis 18 mois"

Amina Mansouri, de son côté, a indiqué qu’elle participait depuis 18 mois à de nombreuses manifestations et actions de boycott contre Israël en France.

"Mais j’ai atteint un point où tout cela ne me suffit plus. Cette grève de la faim, action non-violente, me permet d’exprimer autrement ma colère et mon exigence d’application du droit international humanitaire, pour le peuple palestinien et tous les autres. Si nous restons silencieux pour la Palestine aujourd’hui, cela peut arriver à n’importe quel autre peuple demain.

Je demande aux gouvernements, y compris celui de la France, de respecter enfin le droit humanitaire international qu’ils violent depuis 18 mois", a-t-elle conclu.


* Traduit du turc par Sanaa Amir

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