AA / Paris / Ümit Dönmez

L’ancien secrétaire général de l’OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) et ex-premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, a critiqué, ce vendredi, la diplomatie du téléphone pratiquée par le Président français, Emmanuel Macron, avec son homologue russe, Vladimir Poutine.

Dans un entretien accordé au magazine « Le Point », Rasmussen a estimé que le chef d'État français "a nui à l'Ukraine".

"Je peux dire franchement que ce n'était pas un succès. Macron nous a étonnés dès le début de la crise par une déclaration pour le moins singulière et critique selon laquelle il ne fallait pas humilier Poutine et lui offrir une voie de sortie. De tels propos ont été désastreux et profondément nocifs", a déclaré l'ancien secrétaire général de l'OTAN, à propos de "la diplomatie du téléphone", mise en place par Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine.

"Ce n'était pas à nous de trouver une issue au chef du Kremlin. Il n'y a qu'une seule voie : les Russes en dehors de l'Ukraine. Emmanuel Macron a nui à l'Ukraine et l'a affaiblie", a-t-il estimé avant d'ajouter que le Président français "a affaibli la cohésion internationale".

"Et je crois qu'il le regrette maintenant et tente de reprendre l'initiative", a estimé Rasmussen, faisant référence à la nouvelle stratégie de communication adoptée par Emmanuel Macron, avec notamment un ton plus ferme à l'égard de Moscou.

Par ailleurs, l'ancien secrétaire général de l'Alliance atlantique (2009-2014) considère que l'aide militaire de la France à l'Ukraine est insuffisante.

"La France déçoit quand il s'agit de l'assistance militaire à Kiev. Naturellement, elle a fourni des armements lourds (canons, missiles antichars), mais c'est peu au regard de la France, qui est la puissance militaire dominante au sein de l'Union européenne et le pays avec la plus forte industrie de l'armement en Europe", a-t-il estimé.

Le 24 février 2022, la Russie a lancé une "opération militaire spéciale" en Ukraine, qui a fait 5 767 morts et 8 292 blessés parmi la population civile, selon les estimations de l'ONU, qui précise que le bilan réel pourrait être plus lourd.