Il y a 36 ans, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl
- L'Ukraine commémore ce mardi 26 avril les 36 ans du plus grave accident de l’histoire du nucléaire civil
Tunisia
AA/ Tunis/ Malèk Jomni
Afin de mieux faire connaître les conséquences à long terme de l'explosion de la Centrale nucléaire de Tchernobyl, l'Assemblée générale des Nations unies a décidé en date du 8 décembre 2016 de proclamer le 26 avril Journée internationale du souvenir de la catastrophe de Tchernobyl, célébrée annuellement depuis 2017.
- Tchernobyl : une catastrophe nucléaire sans précédent
Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, le réacteur numéro 4 de la centrale électrique Vladimir Ilich Ulianov (Lénine), plus connue sous le nom de centrale nucléaire de Tchernobyl, située à cent kilomètres au nord de Kiev en Ukraine, explosait. L'accident est provoqué par une augmentation incontrôlée de la puissance du réacteur numéro 4, conduisant à la fusion du cœur et à son explosion, à la suite de la formation d'un mélange détonant d'hydrogène et d'oxygène, puis à la libération d'importantes quantités d’éléments radioactifs dans l’atmosphère, provoquant ainsi une très large contamination de l'environnement.
Première et seule centrale nucléaire de type RBMK construite sur le sol ukrainien, Tchernobyl est la troisième centrale construite en Union soviétique avec celles de Léningrad et de Koursk, dans la ville de Prypiat qui avait été érigée à partir de 1970 pour servir de lieu de résidence aux travailleurs de la centrale et à leurs familles.
Juste après la catastrophe, un sarcophage a été construit pour contenir les restes du réacteur avant qu'il ne soit, plus tard, à nouveau confiné avec le réacteur, une partie du toit s'étant effondrée en 2013.
Ce n'est qu'en novembre 2011 que la conception structurelle de l'arche étanche de Tchernobyl et des ponts roulants est approuvée. Il s'agit d'une structure métallique en forme d'arche de 108 mètres de haut et 162 mètres de large pour une portée de 257 mètres conçue pour assurer trois fonctions: le confinement des matières radioactives, la protection du premier sarcophage dégradé contre les agressions climatiques et la protection des travailleurs sur site; ce second sarcophage abrite des ateliers destinés à décontaminer, démanteler et conditionner les matériaux radioactifs en vue de leur évacuation vers un futur lieu de stockage. La structure est achevée en décembre 2018, intégralement équipée et opérationnelle en janvier 2019 et officiellement mise en service au mois de juillet de la même année. Le réacteur éventré, qui contiendrait encore 97 % des éléments radioactifs, constitue toujours une menace : le sarcophage de béton construit à la va-vite au-dessus de ses ruines se fissure déjà.
L'événement a eu des conséquences sanitaires, écologiques, économiques et politiques importantes. Il s'agit du plus grave accident de l’histoire du nucléaire civil, classé au niveau 7 (le plus élevé) de l'échelle internationale des événements nucléaires, dépassant, par ses impacts environnementaux immédiats l'accident nucléaire de Fukushima de 2011, classé au même niveau. Les retombées des particules radioactives ont touché une partie de l'Union soviétique et de l'Europe.
En effet, plus de 200 000 personnes ont été définitivement évacuées, tandis que le bilan du nombre de morts reste une controverse. Le comité scientifique des Nations Unies (UNSCEAR) n'avait reconnu qu’une trentaine de victimes, pompiers et liquidateurs du site contaminé, tandis que Greenpeace en a enregistré 100 000. Les rapports des agences onusiennes publiés dans les revues scientifiques se sont enchaînés, sans qu'un chiffre exact ne soit enfin retenu.
- Le Forum Tchernobyl
Un rapport d'évaluation scientifique complet de 600 pages sur les conséquences de l'accident de Tchernobyl intitulé : "L'héritage de Tchernobyl : impacts sanitaires, environnementaux et socio-économiques", a été publié dans le cadre du Forum Tchernobyl réuni à Vienne et établi par huit institutions spécialisées de l'ONU, en 2003.
Le rapport couvre les rayonnements environnementaux, la santé humaine et les aspects socio-économiques. Une centaine d'experts renommés de nombreux pays, dont la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine, y ont contribué. Le rapport prétend être l'évaluation la plus complète des conséquences de l'accident à ce jour et représente un consensus des huit organisations de la famille des Nations unies sur la base de leurs capacités et des trois pays touchés.
En ce qui concerne les victimes de l'accident, le rapport indique que 28 sauveteurs sont décédés d'un syndrome d'irradiation aiguë et 15 patients sont décédés d'un cancer de la thyroïde. Il estime approximativement que les décès par cancer dus à l'accident de Tchernobyl pourraient éventuellement atteindre 4 000 des 600 000 liquidateurs. Un article a estimé le nombre de morts supplémentaires de l'accident de Tchernobyl à 5 000 parmi la population exposée d'environ 6 millions de personnes vivant dans des zones contaminées d'Ukraine, de Biélorussie et de Russie. Les cancers autres que le cancer de la thyroïde ont été scientifiquement prouvés à ce jour, cette prédiction n'est qu'une indication de l'impact possible de l'accident et ne doit pas être prise au pied de la lettre.
Le rapport cite 4 000 cas de cancer de la thyroïde après l'accident, pour la plupart des enfants et des adolescents au moment de l'accident ; cependant, le taux de survie était de près de 99 %. Étant donné que la plupart des secouristes et des personnes vivant dans des zones polluées ont reçu des doses de rayonnement relativement faibles comparables aux niveaux de fond naturels, aucune réduction de la fertilité ou augmentation des malformations congénitales n'a été observée. De nombreuses personnes ont été traumatisées par l'accident et la relocalisation rapide qui a suivi ; elles restent inquiètes pour leur santé et se considèrent comme des victimes impuissantes plutôt que comme des survivants, en grande partie en raison d'un manque d'informations fiables sur l'impact de l'accident, selon le rapport.
Le Forum Tchernobyl recommande d'aider les personnes réinstallées à normaliser leur vie et à avoir un meilleur accès aux services sociaux et à l'emploi. Et de conclure qu'il existait un risque plus important que les effets à long terme de l'exposition aux rayonnements, celui de la santé mentale résultant d'une peur excessive des effets des rayonnements ou ce qu'on appelle "la radiophobie".
La radioactivité libérée par l’explosion a touché une superficie d’environ 160 000 Km carrés au Nord de Kiev et au Sud de la Biélorussie. Des zones d'exclusion du fait d'un environnement très contaminé qui s'étalent sur environ 2 600 Km carrés en Ukraine et sur environ 2 400 Km carrés en Biélorussie, avaient été définies et ce, à ce jour, pour les opérations d'évacuation des habitants. Ces zones sont interdites au public bien que des visites guidées réglementées et contrôlées y sont effectuées depuis environ la fin des années 2000.
- Tchernobyl, 36 ans après
En date du 27 mars 2022, un incendie s'est déclaré près de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les autorités ont alors appelé à la "démilitarisation" de la zone sous les auspices des Nations unies, alors qu'elle est sous contrôle russe depuis le premier jour de l'opération militaire en Ukraine.
À cause des feux, des radionucléides sont libérés dans l'atmosphère et sont transportés par le vent sur de longues distances. Cela pose un risque de radiation en Ukraine, en Biélorussie mais aussi dans les pays européens. Ces flammes peuvent atteindre les installations de stockage des déchets nucléaires situées dans la région de Tchernobyl.
Dans ce même contexte de guerre en Ukraine, les Russes sont arrivés à Tchernobyl le 24 février, où toute activité humaine a cessé depuis 1986, leurs colonnes militaires qui se dirigeaient vers Kiev sont passées par la zone d’exclusion. Le 31 mars, ils ont rebroussé chemin en direction de la Biélorussie.
Par ailleurs, l’Union européenne (UE) développe actuellement ses réserves stratégiques par un stock doté d'un budget de 540,5 millions d'euros visant à prémunir les populations contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. Il est constitué en étroite collaboration avec l'Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire.
Sur un autre plan, l''Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé, au début du mois d'avril, avoir perdu le contact avec les systèmes de surveillance de la centrale nucléaire de Tchernobyl, située à proximité de la capitale ukrainienne Kiev, et qui est actuellement sous le contrôle de la Russie.
L'AIEA a déclaré, dans un communiqué, que la centrale de Tchernobyl a cessé de transmettre des données, exprimant sa préoccupation quant à la sécurité des employés de la centrale, qui travaillent sous le contrôle des forces armées russes.
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