Israël-Palestine : la France défend la conférence de juin, conditionne la reconnaissance et condamne la colonisation
- À l’approche d’une conférence internationale en juin, Paris tente de conjuguer sécurité d’Israël et droit à l’État pour les Palestiniens

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le porte-parole de la Diplomatie française a réaffirmé ce jeudi 24 avril la position de son pays sur le conflit israélo-palestinien, au cœur du déplacement actuel du ministre Jean-Noël Barrot au Proche-Orient et d’une future conférence internationale coprésidée par la France et l’Arabie saoudite en juin.
Lors de son point presse hebdomadaire, Christophe Lemoine a souligné que la conférence de juin devait "initier un processus de reconnaissance réciproque de la Palestine d'une part et d'une normalisation avec Israël d'autre part", avec pour ambition de poser les bases d'une paix durable.
Interpellé frontalement par un journaliste sur l'absence de condition posée à Israël, notamment sur l’arrêt de la colonisation, alors même que la France conditionne sa reconnaissance de la Palestine au "désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance au profit d'une autorité palestinienne réformée", Lemoine a répliqué que "la seule voie possible, selon nous, c’est une solution politique qui repose sur une solution à deux États", insistant sur le fait que "la question [de la reconnaissance de l’État palestinien] n’est pas un tabou" mais doit survenir "au moment utile".
Lemoine a aussi rappelé que "la France a toujours condamné les colons violents" et que "tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza" constituerait une "violation grave du droit international".
À ce titre, la correspondante d'Anadolu, a posé une question sur la grève de la faim entamée depuis le 31 mars à Marseille, dans laquelle des manifestants demandent que la France et l'Union européenne cessent tout commerce avec Israël tant que ce dernier ne respecte pas le droit international et humanitaire.
Lemoine n’a pas directement commenté cette mobilisation, mais a répondu en élargissant à la position générale de la France : "Au-delà de la manifestation que vous citez […] notre position sur la question est connue", faisant ainsi référence aux nombreux appels répétés au respect du droit international, mais sans évoquer d’éventuelles sanctions économiques ou commerciales contre Israël.
Pour rappel, dans une déclaration conjointe publiée le 23 avril 2025, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont dénoncé "la décision israélienne de bloquer l’entrée de l’aide à Gaza" la qualifiant d'"intolérable".
Ils ont alerté sur le fait que "les civils palestiniens, dont un million d’enfants, sont confrontés à un risque grave de famine, d’épidémies et de mort", exigeant "l’acheminement immédiat, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire".
Ils ont également jugé "inacceptables" les propos du ministre israélien Israël Katz et le projet d’Israël de demeurer à Gaza après la guerre, appelant au respect du droit international et à un cessez-le-feu.
- Catastrophe humanitaire à Gaza
Pour rappel, Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a récemment réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 2000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 52 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023. La majorité des victimes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.