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Italie : l'élection du président du Sénat révèle des dissensions au sein de la coalition de droite

- Ignazio La Russa, allié de longue date de la future Première ministre Giorgia Meloni, accède à la présidence du Sénat sans le soutien des alliés de centre-droit de Silvio Berlusconi

Ekip  | 13.10.2022 - Mıse À Jour : 13.10.2022
Italie : l'élection du président du Sénat révèle des dissensions au sein de la coalition de droite

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AA / Rome / Giada Zampano

Le nouveau parlement italien, issu des élections du mois dernier, s'est réuni pour la première fois, jeudi, pour élire les présidents des deux chambres, un processus qui a révélé les premières divisions au sein de la coalition de droite victorieuse, risquant de compliquer davantage la formation d'un nouveau gouvernement.

Le Sénat a été la première chambre à élire son nouveau président, choisissant Ignazio La Russa, un allié de longue date de la future Première ministre Giorgia Meloni et l'un des fondateurs de son parti post-fasciste Frères d'Italie.

La Russa a été élu avec 116 voix, malgré la défection des alliés de centre-droit de Forza Italia de Silvio Berlusconi et grâce au soutien d'au moins 17 sénateurs de l'opposition de gauche.

Le nom de La Russa a été accepté après une nuit d'âpres négociations entre les partis qui composent la coalition de centre-droit, victorieuse des élections de septembre avec une solide majorité, mais qui reste fortement sujette aux litiges, rendant le rôle de médiateur de Meloni de plus en plus difficile.

Ses deux alliés, la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Berlusconi, font tous deux pression pour obtenir un rôle clé dans le futur gouvernement - le plus conservateur depuis la Seconde Guerre mondiale.

L'ancien Premier ministre Berlusconi - qui a fait son retour au Sénat, jeudi, après neuf ans d'interdiction d'exercer des fonctions publiques à la suite d'une condamnation pour fraude fiscale - a semblé particulièrement déçu par le résultat du vote et le fera certainement valoir dans les négociations futures.

La première séance du Sénat a été présidée, jeudi, par Liliana Segre, survivante de l'Holocauste et sénatrice à vie, qui a tenu des propos fermes et clairs pour rappeler aux députés les valeurs démocratiques incarnées par la Constitution italienne et le rôle immuable des institutions, dans un appel à l'unité qui s'adressait aussi bien à la nouvelle majorité de droite qu'à l'opposition de gauche.

Segre a rappelé le 100e anniversaire de la marche fasciste sur Rome - le 28 octobre - et les moments sombres où, en tant que jeune fille juive, elle a été obligée de quitter son banc d'école en raison des lois raciales approuvées par le gouvernement fasciste.

"Il m'est impossible de ne pas ressentir une sorte de vertige aujourd'hui", a déclaré Segre, soulignant la "valeur symbolique" de sa présence sur le banc le plus élevé du Sénat au premier jour d'une nouvelle législature qui sera dominée par les partis d'extrême droite.

Son long discours a été interrompu à plusieurs reprises par les applaudissements des sénateurs, y compris ceux du parti Frères d'Italie.


** De grands défis à relever


L'élection du président de la Chambre basse est apparue plus délicate, le favori - le député de la Ligue Riccardo Molinari - étant encore incertain et devant probablement passer par plusieurs tours de scrutin avant d'être élu, vendredi.

Malgré les négociations difficiles sur les noms des présidents et des futurs ministres, Meloni - qui est sur le point d'être nommée première femme Premier ministre en Italie - a assuré qu'elle présenterait rapidement la composition de son gouvernement, immédiatement après avoir reçu le mandat du président italien Sergio Mattarella.

Meloni sera alors confrontée à une tâche extrêmement difficile. La première tâche de son nouveau gouvernement sera d'approuver la loi de finances 2023, dans un contexte de risques de récession prolongée pour l'économie italienne et de prix record de l'énergie causés par la guerre en Ukraine, qui frappent durement les familles et les entreprises italiennes.

Une fois les présidents des deux chambres élus et les groupes parlementaires constitués, le président Mattarella devrait entamer, les 19 et 20 octobre, les consultations officielles avec les partis en vue de former le nouveau gouvernement.

Meloni devrait recevoir un mandat préliminaire de Premier ministre quelques jours plus tard, et devra se mettre d'accord sur les affectations ministérielles avec ses partenaires de coalition avant de soumettre la liste finale des ministres à Mattarella.

Le processus devrait s'achever les 27 et 28 octobre avec les votes de confiance requis dans les deux chambres, après lesquels le nouveau gouvernement pourra entrer en fonction.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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