AA / Ankara / Nur Asena Erturk

Un tribunal italien a rejeté ce vendredi la détention de migrants irréguliers transférés depuis l'Italie vers l'Albanie, ordonnant aux autorités concernées de les ramener dans le pays, selon les médias italiens.

Le premier groupe de 16 migrants irréguliers, dont 10 Bangladais et 6 Égyptiens, qui ont été récemment secourus en mer, a été transféré par un navire de la marine italienne vers le port albanais de Shengjin, mercredi.

Parmi les migrants, deux d'entre eux sont des mineurs et deux autres souffrent de maladies. Tous les quatre ont déjà été ramenés en Italie.

L'unité spéciale d'immigration du tribunal de Rome a rejeté la détention des 12 autres migrants en Albanie, ordonnant leur retour à Bari en Italie samedi, a rapporté l'agence de presse italienne ANSA.

Le tribunal a expliqué que les pays d'origine des migrants n'étaient pas considérés comme des lieux sûrs.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, aurait critiqué la décision du tribunal, affirmant que le pouvoir judiciaire devrait appliquer la loi.

La relocalisation fait partie d'une initiative récente du ministère italien de l'Intérieur visant à gérer les arrivées irrégulières de migrants en dehors de ses frontières. La semaine dernière, deux centres d'accueil de migrants à Shengjin et Gjiader sont devenus opérationnels en prévision de l'arrivée de groupes de migrants irréguliers.

Le plan a suscité une levée de bouclier de la part des organisations de défense des droits de l'homme. En janvier dernier, Amnesty International comptait parmi ceux qui ont exprimé leur inquiétude face à ce projet, exhortant les législateurs à rejeter l'accord sur les migrations avec l'Albanie, qu'ils ont qualifié d'"impraticable, nuisible et illégal".

Le projet italien rappelle un projet controversé au Royaume-Uni, dévoilé en 2022, visant à transférer des demandeurs d'asile au Rwanda, en Afrique. Le plan britannique avait fait l'objet à l'époque de multiples contestations judiciaires, avant d'être annulé par le nouveau Premier ministre, Keir Starmer.

* Traduit de l'anglais par Mounir Bennour.