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Jean-Marie Le Pen : Retour sur le parcours d’une des personnalités politiques les plus clivantes

- Né le 20 juin 1928, le fondateur du Front National, affaibli depuis quelques années, est décédé ce mardi 7 janvier « entouré des siens ».

Feiza Ben Mohamed  | 07.01.2025 - Mıse À Jour : 09.01.2025
Jean-Marie Le Pen : Retour sur le parcours d’une des personnalités politiques les plus clivantes

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

La mort de Jean-Marie Le Pen constitue sans aucun doute un évènement majeur de cette nouvelle année 2025. Son décès, intervenu alors qu’il était affaibli depuis quelques années, vient marquer la fin d’un monument politique, plusieurs fois condamné pour « contestation de crime contre l’humanité », « incitation à la haine raciale » ou encore « provocation à la haine et à la discrimination ethnique ».

Le « menhir », s’est éteint « entouré des siens », alors qu’il était hospitalisé depuis plusieurs semaines, mais sa disparition vient remettre en lumière un parcours polémique, marqué par les outrances et les déclarations racistes.

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  • Son parcours politique

Né le 20 janvier 1928 à La-Trinité-sur-Mer, Jean-Marie Le Pen devient député une première fois entre 1956 et 1962 en étant successivement élu de la 1ère puis de la 3ème circonscription de la Seine (1956-1958 puis 1958-1962).

En 1972, il créé le Front National (FN), qu’il préside jusqu’en 2011, avant d’en être désigné Président d’honneur jusqu’en 2018. En parallèle de cette fonction, il est à nouveau élu député en 1986, poste qu’il occupe jusqu’en 1988.

Au cours de son parcours politique très dense, il a occupé, entre 1992 et 2000, puis entre 2010 et 2015, le mandat de conseiller régional de PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur).

La majeure partie de ses fonctions politiques sont néanmoins exercées au niveau européen puisqu’il est député européen entre 1984 et 2003, puis entre 2004 et 2019.

Candidat à la présidence de la République à 5 reprises, il n’est jamais parvenu à accéder à l’Elysée malgré une accession inattendue au second tour de l’élection présidentielle en 2002, où, à la surprise générale, il élimine le candidat socialiste Lionel Jospin, avant d’être lourdement battu par Jacques Chirac en n’emportant que 17,8% des voix.

  • Des condamnations et des polémiques en cascade

Malgré ses dénégations, Jean-Marie Le Pen est soupçonné d’avoir activement participé aux actes de torture perpétrés par l’Etat français durant la guerre d’Algérie.

Jean-Marie Le Pen, dont les positions et déclarations ont régulièrement provoqué la polémique, a été poursuivi et condamné par la justice à de multiples reprises, conduisant sa fille Marine Le Pen, à l’exclure de son propre parti en 2015.

Dès 1987, il crée l’émoi en qualifiant les chambres à gaz de « détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale », déclaration pour laquelle il est condamné pour des faits de « contestation de crime contre l’humanité ». Pour avoir réitéré ses propos à l’antenne de BFMTV en 2015, il sera à nouveau condamné pour les mêmes faits.

En 1991, il est également condamné pour « injure publique » pour avoir usé d’un jeu de mot à connotation antisémite en nommant le ministre Michel Durafour « Michel Durafour crématoire ». En 1997, il est condamné à une peine d’un an d’inéligibilité pour l’agression physique d’une candidate socialiste.

En 2005 il est de nouveau condamné pour « apologie de crimes de guerre » pour avoir assuré que l’occupation allemande n’était « pas particulièrement inhumaine ».

D’autres propos racistes lui valent de nouvelles condamnations en 2008 puis en 2012.

Sur un volet plus politique, il a été mis en examen en décembre 2023 dans l’affaire dite des « emplois fictifs » des assistants parlementaires du RN au Parlement européen. Il n’avait pas pu comparaitre lors du procès intervenu devant le tribunal correctionnel de Paris fin 2024. La décision de la justice est attendue pour le 31 mars 2025 et pourrait d’ailleurs aboutir à une condamnation d’inéligibilité pour Marine Le Pen, anéantissant ses projets d’accession à l’Elysée.

  • Un décès qui provoque des réactions mitigées

L’annonce de la mort de Jean-Marie Le Pen occupe naturellement l’espace médiatique depuis plusieurs heures, illustration de son statut de figure clivante aux excès largement commentés.

L’Elysée a très sobrement réagi par voie de communiqué après avoir retracé les dates importantes de son parcours politique.

« Figure historique de l’extrême-droite, il a ainsi joué un rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans, qui relève désormais du jugement de l’Histoire. Le Président de la République exprime ses condoléances à sa famille et ses proches », a déclaré la présidence française sans préciser si un hommage national lui sera rendu.

Le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a quant à lui réagi en affirmant, dans une publication sur le réseau social X, que « le respect de la dignité des morts et le chagrin de leurs proches n’efface pas le droit de juger leurs actes ».

L’ancien candidat de la gauche à l’élection présidentielle estime à cet effet que « ceux de Jean-Marie Le Pen sont insupportables » et considère que « le combat contre l’homme est fini » mais que « celui contre la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme qu’il a répandus, continue ».

Du côté du RN, le ton a naturellement été d’une autre nature dans un communique de presse publié mardi en début d’après-midi, et rendant hommage au parcours de Jean-Marie le Pen.

« Avec lui se tourne une page de l’histoire politique française et, compte tenu de l’impulsion continentale qu’il donna au combat pour les Nations, de l’histoire politique européenne », écrit le RN, saluant la mémoire d’un « visionnaire, imposant dans le débat public les grands sujets qui structurent aujourd’hui la vie politique comme la démographie et son corollaire l’immigration, la mondialisation et le déclassement de la France, la souveraineté nationale et le risque de dilution dans l’Union européenne ».

Et de poursuivre : « Pour le Rassemblement National, il restera celui qui, dans les tempêtes, tint entre ses mains la petite flamme vacillante de la Nation française et qui, par une volonté et une ténacité sans limite, fit du mouvement national une famille politique autonome, puissante et libre ».

Malgré ces éloges, le décès de Jean-Marie Le Pen a été l’occasion, pour de nombreux internautes, de dénoncer son œuvre mortifère en Algérie, où sa participation aux massacres de la guerre d’indépendance a été largement documentée.

D’autres commentaires se sont faits plus cinglants dont notamment celui de l’avocat au barreau de Marseille, Rafik Chekkat qui affirme que si « Jean-Marie Le Pen est mort », « ses idées gouvernent ».

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