La Cour constitutionnelle de Corée du Sud confirme la destitution de Yoon Suk Yeol
- Des élections présidentielles prévues dans les deux mois après la destitution de Yoon Suk Yeol en raison de sa tentative échouée d’imposer la loi martiale le 3 décembre.

Istanbul
AA / Istanbul / Riyaz ul Khaliq
La Cour constitutionnelle sud-coréenne a rendu une décision unanime, vendredi, confirmant la destitution de Yoon Suk Yeol, suite à sa tentative d’instaurer la loi martiale le 3 décembre dernier.
Cette décision survient après la destitution déjà prononcé par le Parlement, marquant ainsi un tournant dans la crise politique qui secoue le pays.
Les huit juges ont estimé que la déclaration de la loi martiale par Yoon "ne répondait pas aux exigences légales d’une crise nationale".
Le chef de l’État, qui n’a pas assisté à l’audience, a également été reconnu coupable d’avoir violé la loi en envoyant des troupes au Parlement afin d’empêcher l’annulation de sa décision.
Yoon a été destitué par le parlement le 14 décembre après avoir proclamé la loi martiale dans la nuit du 3 décembre, déclenchant une crise politique dans le pays.
Le président a déployé des troupes au parlement pour empêcher les législateurs de tenir une session spéciale visant à renverser sa décision.
Cependant, les législateurs ont réussi à entrer dans le bâtiment du parlement, où ils ont adopté une motion et forcé Yoon à annuler son ordre dans les premières heures du 4 décembre.
Plus tard, plusieurs membres du Parti du Pouvoir Populaire de Yoon ont rejoint les rangs de l'opposition pour destituer le président, élu en 2022.
Au moins 200 voix sur les 300 sièges du parlement sont nécessaires pour destituer un président élu.
L'opposition avait besoin d'au moins huit voix du parti de Yoon.
En janvier, il a été arrêté et inculpé pour abus de pouvoir et incitation à l'insurrection, devenant ainsi le premier président en exercice à être maintenu en détention.
Il a également été soumis à une interdiction de voyage.
Cependant, la cour l'a libéré de prison le mois dernier.
Yoon a été d'abord détenu le 15 janvier et formellement arrêté le 19 janvier dans le cadre d'une enquête sur le décret de loi martiale raté, qu'il a défendu.
Il a été inculpé le 26 janvier, mais a été libéré après 52 jours de détention.
La Cour suprême a déclaré que la destitution de Yoon n'était « pas un abus du droit de poursuite de l'Assemblée nationale ».
Elle a également rejeté les arguments de l'équipe de défense de Yoon, qui soutenait que la crise était survenue en raison des motions répétées de destitution présentées par un parlement dominé par l'opposition ou à cause de suspicions de fraude électorale.
« Les effets négatifs sur l'ordre constitutionnel et les répercussions des violations de la loi par l'accusé sont graves, rendant les avantages de la protection de la Constitution par la destitution de l'accusé plus importants que les pertes nationales résultant de la destitution du président dans une proportion écrasante », a déclaré la cour suprême.
Yoon fait face à des accusations d'insurrection ainsi que d'abus de pouvoir.
Il devra bientôt quitter la résidence présidentielle dans le district de Yongsan, au centre de Séoul.
La cour suprême a déclaré que Yoon, en tant que président, « a violé son devoir de réunir la communauté sociale au-delà des personnes qui le soutiennent ».
Le Premier ministre Han Duck-soo assure actuellement la fonction de président par intérim.
Élections présidentielles dans deux mois
Le parti au pouvoir de Corée du Sud, le People Power Party, a déclaré accepter « humblement » la décision de la cour suprême, tandis que le principal parti d'opposition, le Parti Démocrate,(DP) a qualifié le verdict de « victoire du peuple ».
Le verdict, prononcé par le président par intérim de la cour, Moon Hyung-bae, a été diffusé en direct et la cour a rendu sa décision en 22 minutes.
Maintenant que Yoon a été destitué, des élections présidentielles doivent avoir lieu dans les deux mois et devraient se tenir d'ici début juin.
Yoon aurait achevé son mandat de cinq ans en 2027.
Exhortant à l'unité parmi les classes politiques, le président par intérim Han a déclaré : « Je ferai de mon mieux pour superviser l'administration des prochaines élections présidentielles afin que le nouveau gouvernement puisse entrer en fonction. »
« Nous maintiendrons une posture de sécurité ferme pour garantir qu'il n'y ait aucune faille dans la défense nationale. Nous ferons tout notre possible pour prévenir toute perturbation dans des domaines tels que le commerce et la défense, préserver l'ordre public et rester pleinement préparés à toutes sortes de catastrophes », a-t-il ajouté.
Le leader du principal parti d'opposition et principal prétendant à la présidence, Lee Jae-myung, a salué les soldats « qui ne se sont pas pleinement engagés » lorsque la loi martiale a été déclarée et que des forces ont été déployées au Parlement, ajoutant que leur action « a mené à cette grande révolution aujourd'hui. »
« Nous poursuivrons un chemin de croissance et de développement vers un monde où tous les citoyens coréens vivent dans un pays sûr et paisible », a-t-il ajouté.
« Je respecte sincèrement et remercie le peuple pour avoir mené la révolution lumineuse et protégé la grande république démocratique », a-t-il déclaré.
Plusieurs responsables militaires sud-coréens ont été destitués à la suite de l'échec de la tentative de loi martiale.
Avant le verdict, des milliers de policiers ont été déployés pour assurer la paix dans la capitale, où des centaines de partisans et d'opposants ont organisé des rassemblements.
Des rapports font état de supporters de Yoon ayant brisé les fenêtres d'un bus de police.
* Traduit de l'anglais par Sanaa Amir
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.