
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La France et l’Ouzbékistan ont officiellement établi un « partenariat stratégique » à l’occasion de la visite d’État du président ouzbek Shavkat Mirziyoyev à Paris, ce mercredi 12 mars.
Dans une déclaration conjointe signée par les deux chefs d’État, Paris et Tachkent affirment leur volonté de "diversifier et approfondir leurs relations dans un esprit de confiance et de solidarité" et de les hisser à "un véritable partenariat stratégique de long terme".
Cette décision s’inscrit dans la continuité des engagements pris lors de la visite d’Emmanuel Macron en Ouzbékistan en novembre dernier.
- Une coopération renforcée sur plusieurs axes
La déclaration conjointe place la coopération politique, sécuritaire et économique au cœur de ce partenariat. La France salue "les efforts de l’Ouzbékistan en vue d’assurer la paix, la sécurité, le développement durable et les relations de bon voisinage en Asie centrale" et insiste sur l’importance des réunions consultatives entre les chefs d’État de la région.
Sur le plan sécuritaire, les deux pays annoncent leur intention de "développer leurs relations dans le domaine de la défense pour renforcer leur capacité et leur autonomie" en lançant des projets structurants dans l’industrie de défense.
La coopération sera aussi renforcée en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et l’immigration illégale. La France et l’Ouzbékistan prévoient notamment de structurer la migration légale et d’encourager la signature d’accords sur "la mobilité des professionnels et des étudiants et la réadmission".
L’économie est un autre pilier clé du partenariat. La déclaration conjointe affirme la volonté des deux États de "renforcer la coopération économique, commerciale et en matière d’investissement", avec un accent particulier sur l’aéronautique, l’énergie, les infrastructures, la logistique et le tourisme.
La France soutient également l’adhésion de l’Ouzbékistan à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’essor des relations entre Tachkent et l’Union européenne, notamment à travers l’Accord de partenariat et de coopération renforcé.
- Une place stratégique pour l’uranium ouzbek
Cette visite intervient dans un contexte où la question de l’énergie occupe une place centrale dans les discussions entre Paris et Tachkent.
L’Ouzbékistan, indépendant de l'ex-URSS depuis 1991 et cinquième producteur mondial d’uranium, est devenu un fournisseur stratégique pour la France au cours des dernières années.
En 2023, il a exporté environ 1 730 tonnes de composés d’uranium vers l’Hexagone, soit 8 % des besoins français, pour un montant de 93 millions d’euros, selon Radio France.
La montée en puissance de l’Ouzbékistan dans l’industrie de l’uranium revêt une importance accrue pour la France, d’autant que les autorités nigériennes ont suspendu les activités de l’entreprise française Orano, perturbant un approvisionnement clé en uranium.
Dans ce contexte, la France cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique alors que le projet commun entre Orano et l’entreprise ouzbèke NavoïUran, à travers leur coentreprise Nourlikoum Mining, prend une nouvelle dimension stratégique.
Depuis 2019, cette coentreprise exploite le gisement de Djelgendi, où les premiers essais pilotes de production d’uranium ont été réalisés en 2023.
Mais les discussions énergétiques ne se limitent pas à l’uranium. L’Ouzbékistan s’est engagé dans une transition énergétique, visant à porter la part des énergies renouvelables (solaire et éolien) à 54 % d’ici à 2030.
La France entend jouer un rôle clé dans ce virage, avec des entreprises comme TotalEnergies et Voltalia impliquées dans le développement des infrastructures énergétiques du pays.
- Un renforcement des échanges humains et culturels
Au-delà des questions politiques et économiques, la déclaration conjointe insiste sur l’importance des échanges humains et culturels.
Les deux pays "entendent densifier les échanges entre leurs peuples" et réaffirment leur volonté d’ouvrir un Centre culturel franco-ouzbèke à Tachkent. Ils saluent également l’ouverture prochaine d’une Université franco-ouzbèke et encouragent la mobilité étudiante.
La France et l’Ouzbékistan entendent aussi coopérer dans la lutte contre la désinformation et pour la liberté d’expression.
Les deux parties "soulignent leur attachement à l’intégrité de l’information" et annoncent le développement de projets communs en matière d’éducation aux médias.