France
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
L'ancien ministre français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Bruno Le Maire, a estimé ce jeudi à l'Assemblée nationale que la France risquait "la mort lente", accusant les députés d'"hypocrisie" et d'avoir "fait dérailler à nouveau" le pays.
Le Maire a été auditionné ce jeudi matin par la commission des finances de l'Assemblée nationale sur le dérapage du déficit public.
"Quel est le risque maintenant ? Pas la faillite financière immédiate et brutale. Nous en sommes pour le moment protégés par la zone euro que certains naguère voulaient quitter et que beaucoup continuent de critiquer", a estimé l'ancien locataire de Bercy.
"Le vrai risque est ailleurs. Ce sont les taux", a-t-il ajouté, évoquant "un financement de la dette de plus en plus coûteux".
"Demain la charge et remboursement de la dette sera notre premier poste de dépenses, pas les hôpitaux, pas les écoles, pas les enseignants, pas les universités, pas la défense pour faire face au retour de la guerre en Europe, pas la lutte contre le réchauffement climatique", a-t-il encore noté.
Et de lancer : "La France ne risque pas la mort subite, la France risque la mort lente".
Bruno Le Maire s'est montré offensif, voire virulent, vis-à-vis des députés, les accusant d'"hypocrisie".
"Je parle devant des parlementaires qui, à de rares exceptions près, ont tous voulu alourdir la facture des mesures exceptionnelles de soutien face au Covid et qui refusent maintenant de sortir de ces mesures. Je parle devant des parlementaires qui se précipitent aux 20 heures pour annoncer que les retraites seront bien revalorisées au 1er janvier. Et vous dites vouloir réduire le poids de la dette ? Hypocrisie", a-t-il asséné.
"Je parle devant des parlementaires qui prétendent vouloir le bien de nos compatriotes, mais qui offrent à longueur de séances publiques le spectacle des invectives, des menaces verbales et du bruit. Hypocrisie", a-t-il poursuivi.
"En sept jours avec la censure, vous avez fait dérailler à nouveau la France", a dit Le Maire aux députés, faisant allusion à la motion de censure contre le gouvernement Barnier.
A l'initiative de son président insoumis Éric Coquerel, la commission des finances de l'Assemblée nationale a obtenu pour six mois les pouvoirs d'une commission d'enquête afin d'enquêter sur "les causes de la variation et des écarts des prévisions fiscales et budgétaires" constatés pour les années 2023 et 2024.
Lors de son passage début novembre dernier devant une mission d'information du Sénat, Le Maire avait réfuté toute "faute" ou "dissimulation" face à l'importante dégradation du déficit public.