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La justice refuse de suspendre l’expulsion d’Abdouramane Ridouane, président de la mosquée de Pessac

- Cette décision intervient alors le tribunal administratif a ordonné à la préfecture de Gironde de lui octroyer un titre de séjour, début août

Ayvaz Çolakoğlu  | 10.08.2024 - Mıse À Jour : 11.08.2024
La justice refuse de suspendre l’expulsion d’Abdouramane Ridouane, président de la mosquée de Pessac

Ankara

AA/Paris

Le tribunal administratif de Paris a rejeté la demande de suspension de l’arrêté d’expulsion visant le président de la mosquée de Pessac, Abdouramane Ridouane, dans une décision rendue samedi, a appris Anadolu de source proche du dossier.

La justice a en effet pointé plusieurs de ses publications en lien notamment avec la situation en Palestine, pour légitimer sa décision.

Dans leur décision, les magistrats estiment de fait que le responsable associatif, installé en France depuis 1991 « ne justifie pas » du fait que son expulsion « porterait une atteinte d’une ampleur particulièrement grave à sa situation personnelle et familiale ».

L’argumentaire déployé en 11 points par le tribunal administratif de Paris accuse en outre Abdouramane Ridouane, déjà sous le coup d’une MICAS (mesure individuelles de contrôle administratif et de surveillance), de présenter le Hamas comme un mouvement de résistance et d’ainsi s’opposer à « un apaisement » dans un contexte particulièrement tendu à ce sujet, en France comme à l’international.

Pour rappel, le recours intenté en urgence par son avocat, Maître Sefen Guez Guez, intervenait alors que le président de la mosquée de Pessac a été perquisitionné et interpellé jeudi matin.

Le responsable religieux, qui a pourtant remporté, samedi, un recours intenté en référé devant la justice administrative en vue de l’obtention de son titre de séjour, est en effet visé par un arrêté ministériel d’expulsion vers son pays d’origine, le Niger.

Dans le courant du mois de juin, le tribunal judiciaire de Bordeaux avait d’ailleurs émis un avis défavorable à cette expulsion.

Pour la commission chargée d’examiner la demande d’expulsion formulée par la Préfecture « les publications Facebook de M. Ridouane - unique fondement utilisé par la Préfecture - ne démontrent pas que ce dernier aurait un comportement de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'Etat », relatait alors maître Sefen Guez Guez.

« C'est une première victoire satisfaisante pour le président de la mosquée de Pessac, qui salue le travail minutieux effectué par la commission » commentait ce dernier qui estimait que « l’acharnement que subit la Mosquée de Pessac, par la Préfecture d'abord en 2022, dans une tentative ratée de faire fermer le lieu de culte, puis par l'extrême droite qui a encore vandalisé le lieu de culte le 26 mai dernier, doit cesser ».

Dans son communiqué, le conseil considérait enfin que « les temps troubles » qui sont vécus dans le pays, nécessitent « un vrai apaisement auquel le président de la mosquée de Pessac veut croire ».

À noter qu’Abdouramane Ridouane est visé par une procédure d’expulsion depuis début mai et assigné à résidence depuis fin mai.

Dans un entretien à Anadolu, son avocat soulignait récemment qu’il était dans ciblé par les autorités en raison de « son attachement à la défense de la cause palestinienne et sa critique de la politique internationale de la France, y compris au Niger, son pays d'origine ».

Pour justifier son assignation à résidence, les services préfectoraux se sont notamment basés sur plusieurs éléments dont le passage de la flamme olympique à Bordeaux, et les Jeux Olympiques. Il lui est également reproché d’avoir publié en ligne, une caricature dénonçant une forme de deux poids deux mesures dans le traitement réservé aux Palestiniens par rapport à celui réservé aux ukrainiens.

Maître Guez Guez ne manque pas de rappeler que ce n’est pas la première fois que son client et la mosquée de Pessac s’opposent à l’administration puisqu’en 2022 déjà, le ministère de l’intérieur avait tenté de faire fermer le lieu de culte, avant que la mesure ne soit rejetée par le tribunal administratif de Bordeaux puis par le Conseil d’Etat.

« Cet acharnement n'est qu'une illustration de plus de la volonté des pouvoirs publics de faire taire toute voix contestataire dans une logique d'affichage à l'approche des élections européennes » estimait à cet effet l’avocat niçois.

Et de conclure: « Fort des deux décisions rendues en sa faveur par la justice administrative, Mr Ridouane est plus que déterminé à faire valoir ses droits et à mandaté le cabinet pour assurer sa défense devant la commission et les juridictions administratives ».

Pour rappel, fin 2022, Mediapart révélait que le ministère de l’Intérieur avait établi une liste de nombreux imams à expulser.

Dans le même temps, Gérald Darmanin reconnaissait à l’antenne de BFMTV qu’un peu « moins d’une centaine de personnes » pourrait être ciblées comme l’a été l’imam Hassan Iquioussen.

À titre d’exemple, l’ancien cadre de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), Ahmed Jaballah, rencontrait, depuis trois ans, de grandes difficultés pour obtenir le renouvellement de son titre de séjour, avant de quitter l’hexagone de son propre chef.

C’est dans la même logique qu’Abdouramane Ridouane, est depuis des années, concerné par des difficultés liées au renouvellement de son titre de séjour, alors qu’il lui a toujours été octroyé lors de précédentes échéances.

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