La Syrie sous la nouvelle administration : sécurité renforcée et ouverture au monde en l'espace de deux mois
- Suite à la chute du régime d'Assad, l'administration syrienne a entrepris, dans un premier temps, la collecte des armes, dans le cadre de démarches visant à assurer la sécurité publique.

Damascus
AA / Istanbul / Mehmet Burak Karacaoglu, Muhammed Enes Calli
Depuis sa prise de pouvoir en décembre dernier, la nouvelle administration syrienne a fait de la sécurité intérieure et de la fin de l'isolement international ses priorités, dans les deux mois suivant la fuite de Bachar al-Assad en Russie, marquant ainsi l'effondrement du régime du Parti Baas après 61 ans de règne.
Le gouvernement syrien a d'abord mis en place des mesures pour garantir la sécurité des citoyens et protéger les biens publics.
Des peines de prison ont été instituées pour les personnes en possession d'armes d'État non remises aux autorités, pour les auteurs de tirs indiscriminés, ainsi que pour ceux impliqués dans le vol de biens d'État, de véhicules ou de matériel.
Le nouveau gouvernement syrien, qui a axé son action sur la lutte contre la production de drogues, - une source de revenus majeure pour le régime déchu -, a mené plusieurs raids dans la capitale, Damas, ainsi que dans les provinces de Lattaquié, Homs et Alep.
Au cours de ces opérations, des drogues et du matériel destiné à leur fabrication ont été saisis et détruits.
Parallèlement, des milliers d'anciens soldats, policiers et responsables militaires et sécuritaires ont remis leurs armes dans les centres de vérification d'identité et de réconciliation établis par le nouveau gouvernement.
*Fusion des groupes armés, désormais sous la direction du ministère de la Défense
Les groupes armés responsables du renversement du régime Baas ont accepté de dissoudre toutes leurs factions pour se mettre sous la direction du ministère de la Défense. Cette décision intervient alors que le gouvernement syrien intensifie ses opérations contre les forces du régime déchu, ciblant notamment des criminels de guerre récalcitrants qui ont refusé de rendre leurs armes.
Des éléments du régime déchu ont été neutralisés dans plusieurs provinces, dont Damas, Homs, Lattaquié, Tartous, Alep et Hama.
*Réorganisation des services de renseignement syriens
Anas Hattab, directeur de la Direction générale des renseignements, a annoncé que les institutions de sécurité du régime déchu, qui avaient opprimé la population pendant plus de 50 ans, seraient réorganisées.
La chute du régime d'Assad le 8 décembre, n'a pas empêché la réouverture des universités et la reprise des activités éducatives, dans la foulée de cet évènement.
L’administration des opérations militaires syriennes a également progressé au sud de Raqqa, où elle a pris le contrôle de deux champs pétroliers occupés par le groupe terroriste PKK/YPG.
Dans un autre développement majeur, l’aéroport international de Damas est désormais opérationnel, et le premier vol commercial depuis la chute du régime d’Assad a quitté Damas pour Alep.
*Le ministre turc des Affaires étrangères rencontre le leader de l'administration syrienne
Après le renversement du régime Baas, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, s'est rendu à Damas, marquant ainsi la première visite ministérielle officielle.
Fidan a tenu une conférence de presse conjointe avec le président syrien Ahmed al-Charaa.
Des ministres des Affaires étrangères et des premiers ministres de plusieurs pays ont visité la Syrie et ont eu leurs premiers contacts officiels avec le président syrien.
Les pays occidentaux, qui avaient imposé des sanctions à la Syrie sous le régime d'Assad, ont promis de lever progressivement ces sanctions si le gouvernement de Damas adoptait un modèle inclusif et transparent respectant les droits et libertés fondamentaux.
Les États-Unis et les pays européens ont pris des mesures pour assouplir certaines sanctions.
*Les contours de la période de transition
Lors de la première étape, un gouvernement temporaire a été établi dans le pays, et de nombreuses nominations ont été effectuées à la tête de plusieurs ministères.
Plusieurs personnes ayant une expérience préalable de l'administration civile ont été nommées à Idlib.
Al-Charaa, le leader du nouveau gouvernement syrien, a été proclamé président de la Syrie.
La Constitution de 2012 a été abrogée, et les forces militaires, de sécurité et le parlement affiliés au régime déchu ont été dissous. Le gouvernement syrien a décrété le 8 décembre comme jour férié national.
Al-Charaa a promis de créer un gouvernement de transition inclusif reflétant la diversité de la Syrie et de construire une Syrie où tous les Syriens, aussi bien à l'intérieur et qu'à l'extérieur du pays, pourraient façonner librement et dignement leur avenir, sans exclusion ni marginalisation.
Il a annoncé que les élections du pays se tiendraient dans un délai de quatre à cinq ans.
*Première visite officielle d'Al-Charaa en Arabie saoudite et en Türkiye
Après sa visite en Arabie saoudite, Al-Charaa s'est rendu en Türkiye pour sa première rencontre officielle avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Al-Charaa a déclaré que le peuple syrien n'oublierait jamais la position historique de l'État turc et de son peuple, exprimant son désir de transformer les relations avec la Türkiye en un partenariat stratégique profond.
*Priorités de la nouvelle administration syrienne
Al-Charaa et d'autres responsables ont réaffirmé que les priorités de la nouvelle administration sont la stabilité, la souveraineté et l'intégrité territoriale.
Les responsables syriens ont appelé à la dissolution du groupe terroriste PKK/YPG avant la Conférence du Dialogue National, mais le groupe n'a pas encore accepté cette demande.
*Avancées israéliennes en territoire syrien
Pendant les jours suivant l'effondrement du régime du Baas, l'armée israélienne a détruit les infrastructures militaires de fortune laissées par le régime déchu en Syrie par des frappes aériennes intensives.
Poursuivant son occupation du plateau du Golan, l'armée israélienne est entrée dans la zone tampon instaurée les deux pays, la dépassant même pour se situer à moins de 20 kilomètres de Damas.
Bien que le gouvernement syrien se soit abstenu d'un conflit militaire avec les forces israéliennes, il a appelé la communauté internationale à intervenir pour stopper Israël.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir