Politique, Monde

L'A.G des Nations unies souligne l'inefficacité de l'ONU dans les crises de Gaza, du Soudan et de l'Ukraine

- « La majorité des dirigeants qui prendront la parole à l'ONU diront qu'il est temps de réformer le Conseil de sécurité », a déclaré Richard Gowan, directeur ONU de l'International Crisis Group, lors d'une interview accordée à Anadolu.

Rabia İclal Turan  | 24.09.2024 - Mıse À Jour : 24.09.2024
L'A.G des Nations unies souligne l'inefficacité de l'ONU dans les crises de Gaza, du Soudan et de l'Ukraine

Washington DC

AA / New York / Rabia Iclal Turan

Alors que les dirigeants du monde entier se réunissent pour la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, une ombre indéniable plane sur les débats : la frustration croissante à l'égard de l'ONU.

Dans un monde secoué par la guerre israélienne à Gaza, la guerre russe en Ukraine et l'escalade entre Israël et le Hezbollah au Liban, les appels à la réforme du Conseil de sécurité, un organe longtemps critiqué pour son obsolescence, n'ont jamais été aussi forts.

« La majorité des dirigeants qui prendront la parole à l'ONU diront qu'il est temps de réformer le Conseil de sécurité », a déclaré Richard Gowan, directeur ONU de l'International Crisis Group, lors d'une interview accordée à Anadolu.

« Personne ne peut prétendre aujourd'hui que le Conseil de sécurité est une organisation qui fonctionne bien. Il sera donc difficile de parvenir à une réforme, de négocier une réforme, mais il y a une aspiration de plus en plus pressante à un changement », a-t-il ajouté.

Le Conseil de sécurité, dominé par les cinq membres permanents disposant d'un droit de veto - les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni - s'est trouvé à plusieurs reprises paralysé par leurs intérêts opposés.

Le veto de la Russie a bloqué toute réponse significative aux guerres en Ukraine et en Syrie, tandis que les États-Unis ont protégé Israël de la pression internationale alors que la guerre menée par Tel-Aviv contre la Bande de Gaza se poursuit depuis près d'un an, laissant le Conseil dans l'incapacité d'agir.

Israël poursuit son offensive meurtrière contre la Bande de Gaza depuis l'attaque transfrontalière menée par le mouvement de résistance palestinien Hamas, le 7 octobre dernier ; une attaque qui a fait près de 1 200 morts côté israélien, selon les données israéliennes, et ce malgré les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat.

Selon les autorités sanitaires de Gaza, les attaques israéliennes ont tué plus de 41 400 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et en ont blessé plus de 95 900.

Les tensions se sont également intensifiées entre le Hezbollah et Israël en raison de l'escalade des attaques transfrontalières et des craintes croissantes d'une guerre à grande échelle dans la région.


** Guerres en cours à Gaza, en Ukraine et au Soudan

Selon les observateurs de l'ONU, la situation à Gaza et l'escalade au Liban seront les thèmes dominants des discours de la plupart des dirigeants.

« Je pense que pratiquement tous les dirigeants appelleront à un cessez-le-feu à Gaza. La plupart d'entre eux évoqueront la nécessité d'une solution à deux États », a déclaré Gowan.

« Malheureusement, je pense que les événements dans la région, et en particulier l'escalade entre Israël et le Hezbollah, iront plus vite que la diplomatie à l'ONU », a-t-il ajouté.

Alors que le conflit israélo-palestinien est appelé à occuper le devant de la scène, la guerre en cours en Ukraine reste une préoccupation majeure.

« Les diplomates ukrainiens se sont inquiétés de voir leur lutte éclipsée par Gaza », a déclaré Gowan. « Mais le président (Volodymyr) Zelensky est ici, et je pense que le président Zelensky exposera son plan pour la victoire et essaiera d'amener les membres de l'ONU à lui offrir plus de soutien ».

Outre Gaza et l'Ukraine, la guerre au Soudan est un autre conflit susceptible de recevoir une attention particulière.

« L'administration Biden tente réellement d'attirer l'attention de la communauté internationale sur la guerre au Soudan au cours de cette semaine exceptionnelle », a noté Gowan, ajoutant que la pression internationale pourrait être plus efficace dans le cas du Soudan que dans celui d'autres conflits.


** La dernière Assemblée générale des Nations unies de Joe Biden

Dans ce contexte de problèmes mondiaux pressants, l'incertitude plane sur l'avenir du leadership américain à l'ONU. Alors qu'il s'agit potentiellement de la dernière intervention du président Joe Biden devant l'Assemblée générale, Gowan a évoqué les défis auxquels l'administration Biden a été confrontée pour trouver un équilibre entre le soutien à l'ONU et les complexités de la politique intérieure américaine.

« Il a beaucoup fait pour soutenir l'organisation », a-t-il déclaré à propos de Biden. « Mais il s'est aussi aliéné beaucoup d'autres dirigeants avec sa position sur la guerre entre Israël et le Hamas. Tout le monde aura à l'esprit les élections (présidentielle américaine) de novembre et la possibilité que, dans un an, nous écoutions le président (Donald) Trump prononcer un autre discours à la tribune de l'ONU. Une administration Trump représenterait une véritable gageure pour l'organisation internationale.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.