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Le gouvernement cachemiri critiqué pour avoir empêché le débat sur la réforme de la loi sur les biens Waqf

- Le chef religieux qualifie la décision de l’Assemblée législative du Jammu-et-Cachemire de "ridicule et condamnable"

Nusrat Sidiq, Ahmad Adil  | 07.04.2025 - Mıse À Jour : 09.04.2025
Le gouvernement cachemiri critiqué pour avoir empêché le débat sur la réforme de la loi sur les biens Waqf

Jammu and Kashmir

AA / Inde / Nusrat Sidiq

Le chef religieux et dirigeant politique du Cachemire, Mirwaiz Umar Farooq, a fustigé lundi les autorités locales pour avoir empêché tout débat au sein de l’Assemblée législative du Jammu-et-Cachemire sur l’amendement controversé de la loi sur les biens Waqf [fondations musulmanes], récemment adoptée par le parlement indien.

Il a qualifié cette décision de "ridicule et condamnable".

Le Waqf désigne des biens fonciers ou immobiliers légués par des musulmans à des fins religieuses, éducatives ou caritatives.

L’amendement adopté prévoit désormais l’intégration de membres non musulmans au sein des conseils chargés de la gestion de ces dotations, tout en renforçant le contrôle de l’État sur la validation de leurs titres de propriété.

Mirwaiz Umar Farooq a souligné que si un État du sud de l'Inde, comme le Tamil Nadu, avec seulement 6 % de population musulmane, peut adopter une résolution contre cet amendement, il est incompréhensible que le président de l'Assemblée au Cachemire, région à majorité musulmane, refuse de le faire.

Mirwaiz Umar Farooq a dénoncé l’attitude du président de l’Assemblée, l’accusant de se retrancher derrière des arguties procédurales pour éluder un débat crucial aux yeux des musulmans de cette région sous tension.

Il a rappelé que le parti Conférence nationale a reçu un mandat fort lors des dernières élections pour protéger les intérêts de la population.

Il a souligné que le parti Conférence nationale avait obtenu un mandat populaire clair lors des dernières législatives, précisément pour défendre les droits des habitants et s’opposer aux atteintes engagées depuis août 2019.

« Le président de l'Assemblée sait que ce mandat a été donné précisément parce que le parti avait promis de sauvegarder les intérêts du peuple, mis à mal depuis août 2019, et de prendre position sur des questions cruciales. Pourquoi capitule-t-il si facilement ? » a-t-il interrogé.

Abdul Rahim Rather, président de l'Assemblée et membre de la Conférence nationale, a rejeté la motion en déclarant que la question était en cours d'examen judiciaire.

« Je ne peux pas autoriser une suspension de séance sur ce sujet, car il est sub judice [en cours de jugement] », a-t-il affirmé.

La session a ensuite été levée pour la journée après des protestations des leaders de l'opposition concernant cette décision.

Le leader de l'opposition et député Waheed Para a souligné que le Jammu-et-Cachemire est le seul État à majorité musulmane en Inde dont l'Assemblée refuse de s'opposer à la loi sur le Waqf.

L'amendement du Waqf a été adopté par le parlement la semaine dernière, les leaders de l'opposition le qualifiant de « loi noire » à contester devant les tribunaux.

L'ancienne ministre en chef de la région, Mehbooba Mufti, a exprimé sa déception quant au rejet de la motion par le président de l'Assemblée.

« Malgré un mandat fort, le gouvernement semble avoir complètement cédé à l'agenda anti-musulman du parti BJP, tentant cyniquement de satisfaire les deux camps », a-t-elle écrit sur X.

Elle a ajouté que le gouvernement local élu pourrait s'inspirer de celui du Tamil Nadu, qui s'est fermement opposé à l'amendement.

« Au Jammu-et-Cachemire, seule région à majorité musulmane, il est alarmant qu'un gouvernement censé être centré sur le peuple manque de courage même pour débattre de cette question cruciale », a-t-elle déclaré.

Les partis d'opposition en Inde ont également condamné cet amendement, le qualifiant d'« inconstitutionnel », tandis que le BJP du Premier ministre Narendra Modi a décrit cette mesure comme une « réforme historique ».

La Cour suprême de l'Inde a accepté lundi d'examiner les requêtes contestant l'amendement.

* Traduit de l'anglais par Sanaa Amir

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