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Le "modèle libyen" proposé par Israël pour mettre fin au programme nucléaire iranien en 5 questions

- La raison principale pour laquelle Israël souhaite l'application de la proposition qu'il a avancée à l'Iran est de s'assurer que Téhéran renonce entièrement à son programme nucléaire.

Muhammed Semiz  | 21.04.2025 - Mıse À Jour : 21.04.2025
Le "modèle libyen" proposé par Israël pour mettre fin au programme nucléaire iranien en 5 questions

Trablus

AA / Tripoli / Muhammed Semiz

Suite au début inattendu des négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, Israël a proposé le modèle "libyen" pour mettre fin au programme nucléaire iranien.

La presse israélienne rapporte que, face à la possibilité de résultats plus modérés des négociations nucléaires menées sous la médiation d'Oman, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a recommandé au président américain Donald Trump d'appliquer le "modèle libyen" à Téhéran, ce qui signifierait la disparition totale du programme nucléaire iranien dans un avenir proche.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a toutefois déclaré que quiconque croyait que le modèle libyen pouvait être appliqué à l'Iran "devait être en train de rêver".

La différence entre le stade atteint par le programme nucléaire de la Libye et celui de l'Iran souligne la faible probabilité que Téhéran accepte la proposition israélienne.

Un journaliste d'Anadolu a examiné en cinq questions le "modèle libyen" proposé par Israël aux États-Unis pour mettre fin au programme nucléaire iranien.

- Comment a commencé le programme nucléaire libyen ?

Le programme nucléaire libyen est apparu après que le leader déchu Mouammar Kadhafi ait pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État militaire en 1969. En 1970, il a lancé une initiative pour construire un réacteur nucléaire.

La même année, la Libye a créé le Centre de recherche industrielle, une institution dédiée à la technologie locale et au soutien du programme nucléaire libyen.

L'engagement de Kadhafi à développer un programme nucléaire a été clairement illustré par ses tentatives de prendre le riche gisement d'uranium du Tchad, dans la région d'Ozo, entre 1980 et 1987, ce qui a conduit à la guerre de Toyota contre le Tchad, un conflit sans gain significatif.

- Quel était l'état du programme nucléaire libyen ?

Bien que les informations sur le stade précis du programme nucléaire libyen restent floues, Kadhafi a mené plusieurs démarches avec des connexions internationales. En plus de la guerre avec le Tchad, il a continué ses efforts pour obtenir de l'uranium, surnommé "yellowcake" par les experts en recherche nucléaire. Il a acheté de l'uranium de pays africains, dont le Niger, en passant par des réseaux de contrebande.

La Libye a construit son premier réacteur nucléaire léger en 1979 avec l'aide de l'Union soviétique, dans la région de Tajoura, à l'est de Tripoli.

Un deuxième réacteur a été construit avec l'aide soviétique à Syrte, la ville natale de Kadhafi, après des pressions américaines sur l'Argentine et la Belgique pour empêcher le transfert de technologies nucléaires à la Libye.

Cependant, l'Union soviétique a refusé de fournir à la Libye les technologies nécessaires pour développer des armes nucléaires, ce qui a poussé Kadhafi à chercher des alternatives, notamment en collaborant secrètement avec le scientifique pakistanais Abdul Qadeer Khan, surnommé le "père du programme nucléaire pakistanais".

En janvier 1984, Khan a rencontré un haut responsable libyen pour discuter de la vente de technologies de centrifugation pour l'enrichissement de l'uranium, un élément clé dans le développement d'armes nucléaires.

Malgré ses investissements massifs dans ce programme militaire, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a qualifié les efforts de Kadhafi de "projet raté" en raison de la lente progression et du manque de réussite dans la fabrication d'une bombe atomique.

- Comment le programme nucléaire libyen a-t-il été découvert ?

Le programme nucléaire secret de la Libye a été révélé en octobre 2003 lors d'une opération de renseignement menée par les États-Unis au port de Tarente, en Italie. Lors de l'inspection d'un cargo allemand, des composants de centrifugeuses avancées destinés à la Libye ont été saisis.

Les enquêtes ont révélé que cet équipement était lié à un réseau secret dirigé par Abdul Qadeer Khan et a été expédié à travers la société malaisienne Scomi Precision Engineering.

Cette opération est devenue l'une des plus grandes affaires de trafic de technologies nucléaires et a mis au jour les ambitions nucléaires de la Libye.

- Pourquoi la Libye a-t-elle abandonné si rapidement son programme nucléaire ?

Après l'opération de Tarente, une pression internationale immédiate s'est exercée sur la Libye. Deux mois plus tard, le 19 décembre 2003, Kadhafi a annoncé que la Libye mettrait fin volontairement à son programme nucléaire.

En janvier 2004, la Libye a remis tout son équipement et ses documents nucléaires à l'AIEA sous surveillance internationale, marquant ainsi la fin de trente ans de tentatives secrètes de développer des armes nucléaires.

L'abandon rapide de ce programme par Kadhafi est souvent attribué à deux facteurs : d'abord, son désir de renforcer son pouvoir en Libye en se débarrassant des sanctions internationales et en obtenant une reconnaissance diplomatique, notamment des États-Unis et du Royaume-Uni.

Ensuite, sa crainte de partager le même sort que Saddam Hussein, renversé après l'invasion américaine de l'Irak quelques mois plus tôt.

- Pourquoi Israël veut-il appliquer le modèle libyen à l'Iran ?

La principale raison pour laquelle Israël souhaite que le modèle libyen soit appliqué à l'Iran est d'obtenir l'abandon complet du programme nucléaire de Téhéran, afin que l'Iran ne constitue plus une menace nucléaire pour Israël.

Si les États-Unis imposaient ce modèle à l'Iran, cela entraînerait la suppression totale de son programme nucléaire et empêcherait Téhéran de poursuivre tout travail nucléaire à l'avenir. Israël cherche ainsi à éliminer la possibilité d'un résultat plus modéré dans les négociations en cours.

Le deuxième motif de cette demande israélienne est de faire en sorte que, tout comme en Libye, le processus soit rapidement conclu.


* Traduit de l'anglais par Sanaa Amir


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