AA / Istanbul / Fatma Zehra Solmaz

Le Panama a démenti les affirmations des États-Unis selon lesquelles il avait accepté de renoncer aux frais de transit pour les navires du gouvernement américain empruntant le canal, une affirmation qui intervient alors même que le président américain Donald Trump continue d'insister sur sa volonté de « reprendre » la voie maritime.

« Les navires du gouvernement américain peuvent désormais transiter par le canal de Panama sans frais, ce qui permet au gouvernement américain d'économiser des millions de dollars par an », a déclaré le département d'État dans un communiqué sur X, mercredi, accompagné d'une image d'un navire de la marine entrant dans les écluses du canal.

Réfutant cette affirmation, l'Autorité du canal de Panama, qui fixe les péages et autres droits de transit, a déclaré dans un communiqué officiel sur X qu'elle « n'a procédé à aucun ajustement ».

L'autorité a ajouté qu'elle était prête à « établir un dialogue avec les responsables américains ».

Les États-Unis ont payé un total de 25,4 millions de dollars au cours des 26 dernières années pour le passage des navires de guerre et des sous-marins, soit en moyenne moins d'un million de dollars par an, selon une déclaration de l'ambassade du Panama à Cuba, rapportée par CNN.

** Le Panama met fin à son accord avec la Chine

Le Panama s'est retrouvé au centre des préoccupations de l'administration Trump, après que ce dernier a accusé le pays d'Amérique centrale d'imposer des frais excessivement élevés pour l'accès à sa voie commerciale, l'une des plus fréquentées au monde.

Dans son discours d'investiture du 20 janvier, Donald Trump a condamné la décision de céder le contrôle du canal, déclarant qu'il avait été « donné de manière insensée au Panama ». Il a déclaré que les États-Unis avaient « dépensé plus d'argent qu'ils n'en avaient jamais dépensé pour un projet auparavant et perdu 38 000 vies dans la construction du canal de Panama ».

Les États-Unis ont été « très mal traités », a-t-il affirmé, ajoutant que « la promesse du Panama à notre égard n'a pas été tenue ».

En vertu d'un traité de 1977, le contrôle du canal a été transféré au Panama, accordant aux États-Unis le droit d'intervenir militairement si ses opérations sont menacées par des troubles internes ou une ingérence étrangère.

Dimanche, Donald Trump a réaffirmé sa volonté de « reprendre “ le canal, déclarant que les États-Unis prendraient des mesures ” vigoureuses » face à ce qu'il a qualifié d'influence croissante de la Chine.

Il a déclaré aux journalistes que « la Chine dirige le canal de Panama » et a affirmé que le Panama avait « violé l'accord ».

Pour son premier déplacement à l'étranger dans le cadre de ses nouvelles fonctions, le Secrétaire d'État Marco Rubio a rencontré, mardi, le président du Panama, Raul Mulino.

Tout en affirmant que la souveraineté du Panama sur le canal n'était « pas en débat », Mulino a pris acte des préoccupations de Washington quant à l'influence de la Chine, a rapporté CNN.

Il a annoncé que le Panama ne renouvellerait pas son mémorandum de 2017 avec l'initiative chinoise Ceinture et Route, une stratégie d'infrastructure mondiale visant à étendre l'influence économique de Pékin par le biais de projets à grande échelle, et a suggéré que l'accord pourrait prendre fin prématurément.

Mulino a également exprimé son intérêt pour le renforcement des liens avec les États-Unis, déclarant que la visite « ouvre la porte à la construction de nouvelles relations » et au développement des investissements américains au Panama.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj