Le président polonais appelle à l'unité européenne face aux défis post-élections américaines
« Les événements en Europe représentent de nouveaux défis pour nous, mais rappelons que l'Europe a été créée pour y faire face », a déclaré Tusk lors de son discours au Parlement européen à Strasbourg
Istanbul
AA/İstanbul/ Necva Tastan Sevinc
Le président polonais Donald Tusk a appelé l'Europe, mercredi, à se rassembler et à faire face aux nouveaux défis avec confiance, citant les récents changements politiques aux États-Unis comme une source d'« incertitude ».
« Certains disent qu'une révolution politique est en cours aux États-Unis, ce qui crée une forme de désorientation et d'incertitude dans certains États membres européens.
Il est indéniable que les événements qui se déroulent autour de nous en Europe constituent un ensemble de défis totalement nouveaux pour nous, pour l'Europe. Toutefois, il convient de rappeler que l'Europe a été fondée précisément pour relever de tels défis », a déclaré Tusk.
Lors de son discours au Parlement européen à Strasbourg, Tusk a présenté les priorités de la Pologne pour la présidence du Conseil de l'UE pendant les six prochains mois.
Tusk a souligné avec insistance que l'Europe devait assumer pleinement ses responsabilités et prendre en charge une part plus importante de sa propre sécurité, en résonance avec les récentes discussions concernant la nécessité de réduire sa dépendance envers les alliés extérieurs.
« Si certains estiment que le changement de présidents ou d'administrations aux États-Unis représente un saut dans l'inconnu… qu'ils se rappellent ceci : l'Europe n'a jamais craint de se lancer dans l'inconnu », a-t-il affirmé.
Il a également mis en avant la nécessité impérative de renforcer les capacités de défense de l'Europe, en incitant les dirigeants à adopter une approche résolument plus proactive.
« Si le président des États-Unis nous dit que l’Europe assume plus de responsabilités, par rapport à sa sécurité, nous devons considérer ceci comme un défi positif. J’aimerais vous dire que seuls des alliés peuvent poser des défis à d’autres alliés pour les faire grandir » a-t-il ajouté.
Tusk a exhorté les dirigeants européens à privilégier l'autonomie, en déclarant : « Ne demandez pas à l'Amérique ce qu'elle peut faire pour notre sécurité. Demandez-vous ce que nous pouvons faire pour notre propre sécurité. »
Il a également souligné l'impératif de protéger les démocraties européennes contre les ingérences extérieures, notamment les campagnes de désinformation.
« Nous devons adopter une position ferme à cet égard. Il est crucial de mettre en place des mécanismes qui rendront toute ingérence dans nos élections et nos démocraties, en particulier par les usines de désinformation russes, totalement impossibles », a-t-il insisté.
Il a enfin appelé à une rupture définitive de l'Europe avec sa dépendance vis-à-vis des approvisionnements énergétiques russes.
« Nous ne pouvons pas rendre l'Europe à nouveau dépendante des fournitures russes. Cette dépendance doit cesser définitivement car elle faisait partie des raisons du conflit, et soyons clairs à ce sujet », a déclaré Tusk, avertissant des conséquences plus larges de l'augmentation des coûts de l'énergie.
« Ce serait un impact politique extrêmement néfaste, voire catastrophique, si les prix de l'énergie continuaient d'augmenter », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la question d'une armée européenne, Tusk a insisté sur la nécessité de faire preuve de prudence, soulignant les divergences potentielles parmi les États membres.
« Il serait peut-être prématuré de discuter de la création d'une nouvelle armée européenne à ce stade. Si l'Europe disposait aujourd'hui d'une armée, le principal débat porterait sur son commandant suprême et sur la destination des troupes », a-t-il précisé, citant l'exemple de Budapest prenant une décision différente de celle de Varsovie.
Tusk a conclu son discours en soulignant le potentiel de l'UE pour le leadership mondial. « L'avenir est entre nos mains, pas entre celles des Chinois ou des Américains », a-t-il affirmé.
Sous le slogan « N'ayez pas peur ! », la Pologne prévoit d'inciter les États membres de l'UE à augmenter leurs dépenses militaires et à renforcer l'industrie de défense européenne.
En tant que nation frontalière de la Biélorussie et profondément affectée par la guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine, elle cherche également à aborder les défis liés à la migration et à la sécurité des frontières.
Varsovie vise à introduire des mesures pour limiter la migration irrégulière, améliorer les processus de rapatriement, lutter contre la désinformation et réduire la dépendance énergétique.
La présidence de l'UE tourne tous les six mois entre les États membres, la Pologne devant remettre cette fonction au Danemark le 1er juillet 2025.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir