Les BRICS… une puissance mondiale en devenir ?
-‘’Avec l'adhésion de (...) nouveaux membres aux BRICS en 2024, la donne pourrait changer la structure géoéconomique à travers l’adoption d’une vision alternative mondiale", explique l'économiste Ridha Chkoundali à Anadolu.
Tunisia
AA / Tunis / Hajer Cherni
Alors que la scène internationale ne cesse d’évoluer, un nouveau chapitre s’ouvre pour les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
Ce groupe qui compte s’élargir dans quelques mois, accueillera à compter du 1er janvier 2024, six nouveaux membres, à savoir l'Iran, l'Argentine, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Par ailleurs, la porte reste grande ouverte aux pays souhaitant rejoindre le bloc.
Tout commence en 2001, lorsque l’économiste de la banque d'investissement Goldman Sachs, Jim O'Neill, a créé l'acronyme "BRIC" pour Brésil, Russie, Inde et Chine, prédisant que ces pays pourraient devenir les premières économies mondiales d'ici 2050 en raison de leur croissance économique rapide. Et ce n’est qu’en 2006 que ces puissances ont décidé de s’unir pour former ce groupe. Quatre ans après, l’Afrique du Sud les rejoint.
Les 22-24 août 2023, les BRICS ont tenu leur 15e sommet en Afrique du Sud, un sommet qui a été l’occasion de franchir une nouvelle étape en annonçant l'adhésion de six nouveaux membres et ''l'élaboration d'une feuille de route économique, commerciale et financière''.
Que vont gagner ces pays à travers cette nouvelle adhésion ? Vont-ils vraiment rééquilibrer le rapport de force mondial ? Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, répond aux questions d'Anadolu.
- "Vision alternative mondiale"
‘’Avec l'adhésion de ces nouveaux membres aux BRICS en 2024, la donne pourrait changer la structure géoéconomique à travers l’adoption d’une vision alternative mondiale. Cette expansion représente un pas en avant pour le développement et l'influence du groupe et la transformation du monde", explique Ridha Chkoundali.
"Le but étant de réformer les institutions financières internationales tels que le FMI (Fonds monétaire international, NDLR) et la Banque mondiale, afin de permettre aux économies émergentes de mieux se positionner, les BRICS pourraient étendre leur présence et renforcer leur coopération, particulièrement, après l’adhésion de l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Iran, riches en ressources pétrolières et gazières", ajoute-t-il.
Et de noter : "Ces pays émergents veulent profiter à coup sûr des investissements du Moyen-Orient, des pays d’Amérique latine et de l’Asie et consolider leur présence sur le continent africain. Cet élargissement offrira aux BRICS le potentiel de se transformer en une communauté basée sur l'énergie et sera, également, aux portes de l'Afrique''.
Selon un rapport du Conseil des affaires des BRICS, les pays de la communauté représentent déjà 41 % de la population mondiale, 31 % de la production mondiale et 18 % du commerce mondial.
Notre intervenant a précisé que les chiffres réalisés par les BRICS démontrent l’impact de cette alliance économique et politique sur l’économie mondiale et son influence sur la scène internationale. Et d’expliquer que ce changement a été favorisé par la forte croissance économique qu’enregistrent la Chine et l’Inde.
Evoquant le sommet G20 tenu à New Dehli en Inde, Chkoundali a fait savoir que les pays émergents se sont rassemblés, pour la première fois et équitablement face au G7, dominé par les Etats-Unis.
Cet élargissement a suscité ''une certaine méfiance en Occident''. Et c’est Jim O’Neill qui le signale. Dans des déclarations accordées aux médias occidentaux, l’économiste britannique a critiqué la rivalité entre l’Inde et la Chine, qui, selon lui représente un problème. Du fait que ‘’les deux pays ne cessent de s’imposer économiquement à l’échelle mondiale et, avec les États-Unis, forment le trio de pays qui comptera vraiment et rien que par leur taille, ils pourraient entraîner le reste du monde dans leur sillage’’.
- Une monnaie commune ?
Interrogé à propos de la création d’une monnaie commune, Ridha Chkoundali a indiqué qu’il serait difficile de concrétiser ce pas à court terme. Selon lui, ce genre de projets nécessite des relations bilatérales fondées sur des bases solides.
Cette hypothèse a, d'ailleurs, été démentie par O'Neill, qui a affirmé au journal britannique Financial Times que "l'idée d'une monnaie commune était ridicule".
Plusieurs pays ont déposé des demandes officielles d'adhésion aux BRICS, parmi lesquels l'Algérie, le Bahreïn, le Koweït, le Maroc et la Palestine. Alors qu’en est-t-il pour la Tunisie ? Cette question a été posée à notre interlocuteur qui a souligné que ''la Tunisie, économiquement faible, ne peut pas y adhérer’’.
’’La Tunisie n’a pas les moyens. Pour le moment, il est difficile d'intégrer les BRICS car tout pays doit avoir un taux de croissance élevé pour renforcer la présence économique de cette alliance économique", explique-t-il.
De plus, "le pays a enregistré un déficit commercial de près de 10 milliards de dinars avec ces pays. Il faut aussi que la Tunisie réussisse à conclure des partenariats globaux avec la Chine et la Russie pour pouvoir rejoindre le groupe’’, a-t-il conclu.
Rappelons qu’en 2014, les BRICS ont créé la Nouvelle banque de développement (NBD) afin de prêter aux pays émergents de l'argent pour leur développement sans toutefois s'immiscer dans les affaires de ses membres. Le groupe qui œuvre à attirer l'intérêt des pays en développement du monde entier prête un intérêt aux questions relatives à la transition énergétique, au changement climatique et aux désendettements.
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